Michel-Edouard Leclerc soupçonné par Bercy de pratiques agressives sur ses fournisseurs

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DD.
Publié le 31 janvier 2018 - 17:09
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Une douzaine de personnes ont été séquestrées par au moins quatre malfaiteurs cagoulés et armés vend
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© REMY GABALDA / AFP/Archives
Leclerc imposerait à ses fournisseurs des rabais de 5% profitant de sa position dominante.
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Selon un document dévoilé par RMC, Bercy soupçonne Michel-Edouard Leclerc et son groupe d'exiger de ses fournisseurs des rabais bien supérieurs aux engagements des distributeurs, qui ont signé une charte promettant une meilleure rémunération des producteurs agricoles.

Michel Edouard Leclerc a-t-il manqué à sa parole de favoriser dans les négociations commerciales les producteurs agricoles français? Ce mercredi 31 en effet, le gouvernement prépare son projet de loi pour mieux encadrer les promotions dans les grandes surfaces. Pas moins de 18 organisations (dont Leclerc) avaient signé en novembre 2017 la charte des EGA (portant sur le paiement de "prix justes" aux agriculteurs). Or, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) estime que le groupe de grande distribution use de pratiques ne respectant pas cet engagement. C'est en tout cas ce qu'il signale dans un document que s'est procuré RMC, datant du 21 novembre 2017.

Dans le viseur du service de Bercy: des baisses exigées par Leclerc à ses fournisseurs allant jusqu'à 5% contre "seulement" 1% à 2% il y a un an.

Autre pratique décriée par le document, le groupe de grande distribution confie les négociations avec ses fournisseurs à sa centrale d'achat, Eurelec, qui est, elle, immatriculée en Belgique alors que le siège social de Leclerc se trouve à Ivry-sur-Seine, aux portes de Paris. Or, cette domiciliation de la centrale d'achat, qui ne négocie qu'avec les plus gros fournisseurs de l'agroalimentaire, permettrait de contourner la législation française et la loi de modernisation de l'économie (dite "LME") qui normalement empêche depuis 2008 la guerre des prix. Sans grand succès.

Les suspicions autour de Michel Edouard Leclerc –qui a évoqué ce mercredi sur BFMTV er RMC un "jeu de poker menteur" assurant que les baisses demandées ne concernaient pas les produits (et donc les agriculteurs) français– relance une fois de plus l'idée d'un marché déséquilibré entre une grande distribution, puissante et répartie entre quelques groupes, et une multitudes de fournisseurs pesant difficilement dans les négociations commerciales.

Lire aussi: Lactalis: après Leclerc, d'autres enseignes reconnaissent des failles

"L'un des schémas les plus classiques, qui ne concerne pas seulement Leclerc d'ailleurs, c'est celui d'un fournisseur faisant face à des demandes de quantités croissantes de la part de la grande distribution. Il doit alors investir, et s'endetter, pour améliorer son appareil de production. Il devient alors un fournisseur captif de son client et se développe alors un rapport de dépendance" explique à France-Soir un connaisseur des négociations dans la grande distribution. Les fournisseurs imposent ensuite ces conditions commerciales difficiles, en bout de chaînes, aux vrais producteurs: les agriculteurs.

Lors de ses vœux au monde agricole la semaine dernière dans le Puy-de-Dôme, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé qu'il fera appliquer la charte d'engagement volontaire coûte que coûte. 

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