Venezuela : après les pénuries alimentaires, la crainte de manquer d'essence

Auteur:
 
Par Esteban ROJAS - Caracas (AFP)
Publié le 30 janvier 2019 - 00:20
Image
Des automobilistes font la queue à une station-services, le 29 janvier 2019 à Caracas, au Venezuela
Crédits
© Luis ROBAYO / AFP
Des automobilistes font la queue à une station-services, le 29 janvier 2019 à Caracas, au Venezuela
© Luis ROBAYO / AFP

Après les pénuries de nourriture et de médicaments, le manque d'essence, les Vénézuéliens s'inquiétent face aux nouvelles sanctions annoncées par les Etats-Unis contre la compagnie pétrolière publique PDVSA pour accentuer la pression sur le président Nicolas Maduro.

Qu'ils soutiennent ou non les sanctions décidées par Washington, les Vénézuéliens sont d'accord sur un point : avec une économie à la dérive, soumise à une hyperinflation de 10.000.000% et de nombreuses pénuries, la situation va encore empirer.

"Ça va être très bizarre. (...) Nous sommes habitués au fait que l'essence ne coûte rien et soit toujours disponible", explique à l'AFP Irene Mendez, qui vient de faire le plein pour sa camionnette.

Cette comptable de 40 ans soutient l'opposant et président autoproclamé Juan Guaido, chef du Parlement. Pour elle, tout "sacrifice" permettant un changement politique "vaut la peine".

L'essence est pratiquement gratuite au Venezuela, qui possède les plus grandes réserves pétrolières au monde. Une augmentation du prix annoncée par le président Maduro en août n'est jamais entrée en vigueur.

Avec un dollar il est possible d'acheter plus de 300 millions de litres d'essence... mais seulement un kilo d'oignons.

La production de pétrole brut de PDVSA a chuté à 1,3 million de barils par jour, le plus bas niveau depuis trente ans. Et comme le pétrole du Venezuela est lourd, Caracas doit en raffiner une partie aux Etats-Unis et aussi importer de l'essence de ce pays.

Lundi, Washington a annoncé le gel de sept milliards de dollars d'actifs de PDVSA, à laquelle ils ont interdit de faire du commerce avec des entités américaines. Les raffineries de Citgo, la filiale de PDVSA aux Etats-Unis, pourront toutefois continuer à fonctionner, les transactions financières passant par un compte bloqué.

- "Echec et mat" -

Gonzalo Lovera, un chauffeur de 68 ans, déplore l'incertitude provoquée par ces sanctions qu'il juge "illogiques". Il plaide pour un dialogue entre le gouvernement et l'opposition, tout en regrettant l'autoproclamation de Guaido, car selon lui c'est le "peuple" qui paye les pots cassés des luttes politiques.

La rareté et le coût élevé des pièces de rechange ont paralysé 90% de la flotte des transports publics au Venezuela. Gonzalo craint que le manque d'essence n'aggrave la situation : "Le transport (va déjà très mal) et cela va empirer".

"Il y a déjà des endroits où il faut faire la queue jusqu'à 24 heures pour obtenir de l'essence", déplore Jorge Moncada, un autre chauffeur, pour qui les sanctions signifie un "échec et mat" pour l'économie.

Depuis 2012, les pénuries de carburant sont chroniques dans des villes comme San Cristobal et Maracaibo, à la frontière avec la Colombie, avec d'interminables files d'attente de véhicules devant les stations service. Elles sont plus cycliques à Caracas, où l'attente est plus courte.

Malgré les tensions récurrentes entre Caracas et Washington depuis la prise du pouvoir de Hugo Chavez (président de 1999 à son décès en 2013), les Etats-Unis demeurent le premier acheteur du pétrole vénézuélien.

Selon les experts, les nouvelles sanctions américaines devraient affecter durement l'économie. "S'il n'y a pas de changement politique rapide, nous aurons de graves problèmes de carburant", souligne Asdrubal Oliveros, directeur du cabinet Ecoanalitica.

Quelque 80% des liquidités issues des ventes de pétrole proviennent de la relation commerciale avec les Etats-Unis, rappelle-t-il, les exportations vers les pays alliés du gouvernement de Nicolas Maduro, tels que la Russie ou la Chine servant principalement au paiement de dettes.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Bezos
Jeff Bezos : le Lex Luthor de Seattle veut devenir le Dark Vador de l’univers
PORTRAIT CRACHE - S’il se fait plus discret que certains de ses compères milliardaires, Jeff Bezos n’en garde pas moins les mêmes manies, les mêmes penchants et surtou...
04 mai 2024 - 13:17
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.