Chapecoense : le combat d'une veuve, entre deuil et reconversion

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Par AFP
Publié le 26 avril 2017 - 10:36
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Un fan rend hommage à l'équipe de foot brésilienne de Chapecoense, à Chapeco, le 2 décembre 2016
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© DOUGLAS MAGNO / AFP/Archives
Un fan rend hommage à l'équipe de foot brésilienne de Chapecoense, à Chapeco, le 2 décembre 2016
© DOUGLAS MAGNO / AFP/Archives

Dévastée par la mort du père de ses deux enfants lors du crash de Chapecoense, Sirli Freitas a fait sienne la reconstruction d'un club décimé par la tragédie en reprenant le flambeau de son mari comme attaché de presse de l'équipe brésilienne.

Les dirigeants lui ont proposé le poste début décembre, à peine une semaine après l'accident, alors qu'elle s'était rendue au siège du club pour récupérer des effets personnels de son époux.

Cleberson Silva est mort à 39 ans le 29 novembre, quand l'avion s'est écrasé contre une montagne près de Medellin, en Colombie, tuant 71 personnes.

"C'était horrible de donner la nouvelle à toute la famille, j'ai passé tout mon temps connectée, à la recherche d'informations", se souvient Sirli, 33 ans, qui élève seule ses enfants de 8 et 3 ans.

"C'est si douloureux que j'ai encore du mal à croire que c'est vraiment arrivé", admet cette jeune femme aux cheveux châtains dont le sourire timide parvient difficilement à cacher l'immense tristesse.

- Voyages douloureux -

Malgré l'incrédulité, Sirli est bien obligée de regarder la réalité en face. Avant l'accident, elle était reporter et photographe au quotidien Diario Catarinense.

Depuis, la voilà propulsée au centre d'une tragédie qui a ému le monde entier, faisant affluer ces derniers mois des dizaines de journalistes dans la tranquille Chapeco, petite ville de 210.000 habitants nichée au coeur de la campagne du sud du Brésil.

Et c'est à présent son rôle de répondre aux multiples demandes de la presse nationale et internationale, comme son mari avant elle, quand Chapecoense était juste une modeste équipe qui avait fait sensation en se hissant en finale de la Copa Sudamericana, équivalent sud-américain de l'Europa league.

"Je me retrouve dans la position qui était la sienne auparavant et il me manque énormément. Je me demande comment il se comporterait s'il était à ma place et ça m'aide à affronter les moments difficiles", raconte l'attachée de presse.

Parmi ces moments douloureux, son premier voyage international pour le compte du club, le 3 mars, pour encadrer l'équipe des moins de 23 ans lors d'un match amical au Pérou.

"J'ai beaucoup souffert pendant tout le vol, je n'arrêtais pas de penser à ce qui s'était passé en Colombie", se souvient-elle.

- Reconstruction controversée -

Une fois ce premier cap franchi, les prochains voyages sont devenus moins douloureux.

Si elle ne se déplacera pas pour le match de jeudi à Montevideo, contre les uruguayens du Nacional, pour la quatrième journée de la Copa Libertadores, elle s'apprête à vivre un moment chargé en émotion dans deux semaines, avec un vol qui risque fort de rouvrir des blessures loin d'être cicatrisées.

Destination Medellin, le même trajet qui a été fatal à Cleberson et à 19 joueurs de l'équipe cinq mois plus tôt.

Chapecoense y affrontera le 10 mai l'Atlético Nacional, pour le match retour de la Recopa, après la victoire 2-1 le 4 avril, lors d'une rencontre chargée d'émotion.

L'effectif a été profondément renouvelé, avec pas moins de 22 recrues. La nouvelle équipe tourne plutôt bien: dimanche, elle jouera la finale du championnat régional, avec l'opportunité de remporter son premier titre depuis la tragédie.

Mais les méthodes des dirigeants pour reconstruire Chapecoense sont loin de faire l'unanimité parmi les familles des victimes. Selon la presse locale, cinq d'entre elles ont attaqué le club en justice pour réclamer de meilleures indemnisations.

De nombreuses critiques ont aussi fusé au sujet du climat de deuil omniprésent lors de la réception de l'Atlético Nacional au début du mois.

Mais Sirli préfère regarder de l'avant. "J'ai deux enfants à élever et je dois leur donner l'image d'une mère forte. C'est pour eux que je me bats au quotidien", témoigne-t-elle.

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