"Joker" : Joaquin Phoenix, c'est fou (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 07 octobre 2019 - 10:37
Mis à jour le 08 octobre 2019 - 14:24
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Joaquin Phoenix Film Joker
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Joaquin Phoenix est un Joker émouvant, inquiétant, violent, impressionnant.
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CRITIQUE – Lion d'or du meilleur film à la dernière Mostra de Venise, "Joker", qui sort mercredi, raconte l'histoire du futur principal ennemi de Batman, avant qu'il ne devienne méchant. Et révèle l'origine de son nom.

SORTIE CINÉ – On connaît enfin l'origine du Mal. Le film Joker, qui sort dans les salles françaises ce mercredi 9 octobre, raconte comment et pourquoi ce personnage légendaire est devenu le principal ennemi de Batman.

Dans la série des films adaptés des aventures du super-héros des DC Comics, le super-vilain Joker a été interprété notamment par Jack Nicholson (dans le Batman de Tim Burton en 1989, face à Michael Keaton en Batman) et Heath Ledger (dans The Dark Knight de Christopher Nolan en 2008, face à Christian Bale). Aujourd'hui c'est Joaquin Phoenix qui donne ses traits au super-méchant. Avant qu'il ne devienne méchant.

On est au début des années 80. Gotham City (qui ressemble à New York City) est une ville où pullulent les rats à cause de la grève du ramassage des ordures, où les politiciens véreux font la loi, où le fossé entre les riches et les pauvres se creuse chaque jour, où la colère monte dans les quartiers populaires.

Dans cette jungle urbaine, Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) essaye de se faire une place. Il vit dans un petit appartement avec sa mère, maladive et psychologiquement fragile, et souffre d'un handicap mental: il a parfois des crises de rire incontrôlées. Il est suivi par une psychologue des services sociaux de la ville et prend sept médicaments par jour.

Pour gagner sa vie, il joue les clowns pour une agence de comédiens qui l'envoie faire de la pub dans la rue pour des magasins ou faire rire les enfants malades dans les hôpitaux. Déprimé, il se force à rire mais consigne des gags et des histoires drôles dans un cahier car il rêve de devenir comique professionnel dans des spectacles de stand-up. Son idole est l'humoriste et présentateur de la télé Murray Franklin (Robert De Niro).

Ce paria de la société est souvent moqué, ridiculisé, voire agressé et brutalisé, dans son costume de clown, par des enfants dans la rue. Il résiste, se fait une raison, prend son mal en patience, tout en s'isolant de son entourage et du monde extérieur. Mais quand trois imbéciles en costard-cravate le malmènent dans une rame de métro déserte, il commet l'irréparable…

"J’adore la complexité du Joker et je pensais que ça valait la peine d’explorer ses origines", déclare le réalisateur Todd Phillips, remarqué ces dernières années par la comédie déjantée Very Bad Trip et ses deux suites. "Personne ne l’avait fait auparavant et même dans la légende (de DC Comics), il n’y a pas de naissance officielle du personnage. Scott Silver (le co-scénariste) et moi avons donc écrit une version du personnage complexe, montrant comment il évolue et finit par dégénérer. C’est ça qui m’intéressait, pas de raconter une histoire du Joker, mais une histoire sur la naissance du Joker".

Le film, qui a reçu la récompense suprême à la dernière Mostra de Venise (le Lion d'or), entre dans la série des Batman et a été réalisé par l'un des grands studios d'Hollywood, la Warner, mais n'est pas un film de super-héros avec effets spéciaux et scènes spectaculaires. C'est un film sombre et fort, plus violent que les Batman habituels, qui montre la folie monter chez un personnage isolé, mis à l'écart par la société, humilié, brisé, et qui finit par se rebiffer. Et le ton vire à la critique sociale et politique quand une partie de la population de Gotham City se révolte elle aussi, manifestant en portant des masques de clown comme d'autres arborent des gilets jaunes, protestant contre la misère et la pauvreté, soutenant le sentiment diffus qu'il faut "tuer les riches", faisant du Joker hors-la-loi son héros.

Dans le rôle principal, présent pratiquement dans toutes les scènes, Joaquin Phoenix est évidemment impressionnant, avec sa vingtaine de kilos en moins pour le rôle ("Je voulais qu’il ait l’air d’avoir faim et en mauvaise santé, comme un loup efflanqué", précise le réalisateur) et ses airs tranquillement effrayants quand le désordre s'installe dans sa tête.

L'acteur, vu dans des rôles très différents ces dernières années dans des films comme Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, L'Homme irrationnel de Woody Allen ou Les Frères Sisters de Jacques Audiard, sera probablement dans la course à l'Oscar du meilleur acteur au début de l'année prochaine, lui qui a été trois fois nommé mais jamais vainqueur --comme le Joker, quoi.

Lire les critiques:

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> L'Homme irrationnel: Woody Allen philosophe, Joaquin Phoenix intrigue

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