De la banlieue à l'Arctique, le pari de jeunes apprentis scientifiques

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 20 juin 2016 - 15:44
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Une vue de l'Arctique ne Norvège.
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©Olivier Morin/AFP
Les jeunes scientifiques devroint marcher huit heures par jour pendant trois semaines à travers l'Arctique.
©Olivier Morin/AFP
Quatre jeunes de banlieue prendront la route de l'Arctique pour un mois cet été, escorté par un ancien du CNRS. L'objectif est scientifique mais aussi d'ouvrir le monde des sciences aux adolescents issus de ces quartiers défavorisés.

Pas de pause estivale pour Elisa, Nina, Youssef et Arthur. A peine terminés leurs cours, ces quatre jeunes de banlieue vont mettre le cap sur l'Arctique pour cinq semaines de mission scientifique en autonomie totale.

A l'origine de ce "coup de folie", l'Association science ouverte qui œuvre dans les quartiers sensibles pour "ouvrir les jeunes aux sciences et les sciences aux jeunes". Et leur futur guide Jacques Moreau, directeur de recherche au CNRS à la retraite est un "pur produit de la Seine-Saint-Denis".

Du 19 juillet au 19 août, les quatre apprentis scientifiques vont arpenter les terres d'Inglefield dans l'Arctique, à 1300 km du pôle Nord, pour observer, prélever, répertorier la faune et la flore sous la direction de spécialistes. "L'expédition a un côté aventurier mais, avant tout, c'est un programme scientifique", tient à souligner Jacques Moreau.

Après cinq étapes en avion et une journée de barque, les explorateurs atteindront le village Inuit de Siorapalik. "Le plus septentrional, le dernier de la planète", selon Jacques Moreau qui, depuis vingt ans, sillonne -le plus souvent en solitaire- ces contrées encore très peu explorées. Viendront ensuite sept à huit heures de marche par jour pendant trois semaines, une vingtaine de kilos sur le dos, avec pour seule compagnie, les ours, les renards ou les bœufs musqués.

"La grosse difficulté pour les jeunes, ça va être de gérer l'isolement", explique à l'AFP Jacques Moreau. "Pendant trois semaines, on ne rencontrera personne". "Il peut y avoir par moment de petites déprimes, il faut qu'ils se soutiennent".

Chaque membre de l'expédition aura un rôle bien défini. Nina et Elisa, 18 ans, en terminale à Saint-Denis, vont étudier la biodiversité des oiseaux. Tout juste majeur, Youssef, en première à Aubervilliers, réalisera un herbier et devra effectuer les relevés quotidiens des conditions météorologiques.

Arthur, 19 ans, un pilier de l'association déjà en deuxième année à Polytechnique, sera chargé de comparer les données satellites et celles de terrain pour le compte d'un géographe de l'Université de Toulouse. Et tous devront traquer et capturer des araignées pour l'Université de Rennes et des bivalves, un mollusque indicateur de variations environnementales, pour le Muséum d'histoire naturelle. L'expédition coûtera 58.000 euros et sera financée par des subventions et du crowdfunding. "C'est difficile de se projeter", avoue Arthur. "C'est l'aventure et c'est ça qui est génial".

Les quatre explorateurs ne semblent vraiment pas inquiets. Le jour permanent? "on sera tellement épuisés qu'on va dormir", avance Elisa. Pas de douche pendant 3 semaines ? "je commence à m'entraîner, avec les révisions du bac, je n'ai plus le temps de me laver", s'amuse Nina. Pas de téléphone portable? "on va faire un truc tellement taré qu'on n'y pense pas", s'exclame Arthur.

Et ce n'est pas tout: pas de parfum pour ne pas attirer les ours, pas de musique pour ne pas faire fuir les animaux à observer, obligation de boire l'huile des sardines en boîte pour les matières grasses ... mais cela les amuse follement!

Comme affaire personnelle, "vraiment pas grand chose": une tenue de jour, une tenue de nuit "même s'il n'y a pas de nuit", un livre qu'ils se passeront, du "thé" et un "doudou" - un objet personnel - pour "les jours de déprime".

Jacques Moreau, par contre, avoue sentir la pression monter. Il s'est investi dans ce projet car il connaît les problèmes des "ghettos de Seine-Saint-Denis" pour y avoir grandi. "Les jeunes y sont isolés, n'ont pas de contact avec le monde scientifique", explique le chercheur qui a eu au départ un cursus scolaire difficile et la chance d'être aidé par des enseignants.

D'autres jeunes, déjà investis dans la préparation du projet, animeront le Q.G. de l'expédition installé à Drancy. Les explorateurs appelleront tous les deux jours via un téléphone satellitaire. Et pour que "le goût des sciences" se répande plus largement, leurs aventures pourront être suivies sur la page Facebook et le compte Twitter de SO-Arctique.

 

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