Didier Raoult : la sérénité du vainqueur

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Alain Tranchant, pour FranceSoir
Publié le 24 août 2021 - 10:25
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L'Avis Tranchant d'Alain
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Le professeur Raoult : "avoir raison trop tôt est un grand tort" ?
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CHRONIQUE - "Quand on commence à cacher les chiffres, ça veut dire que déjà on sait qu'on a perdu". Cette petite phrase, lâchée par le professeur Raoult dans sa vidéo du 17 août : "Vaccin et variant delta", prend toute sa signification à l'aune de l'interview qu'il a accordée lundi matin à Laurence Ferrari pour C News.

Voir aussi : "J'ai l'habitude d'être pris comme bouc émissaire " L'interview de Didier Raoult sur CNews

Alors qu'il venait de dire que "l'on n'a pas le droit d'être intelligent dans ce pays" et qu'il avait "l'habitude d'être pris comme bouc émissaire", la journaliste avance le nom de François Crémieux, le nouveau directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille. La réponse fuse : "C'est le grand copain de Hirsch. Et comme j'ai dit ce que je pensais de la gestion de Paris qui était absolument épouvantable, il m'en veut beaucoup. Il a viré mon collaborateur, Eric Chabrière, ils ont viré Fouché, il ne veut pas me prolonger dans ma fonction hospitalière". En Macronie, toute vérité n'est pas bonne à dire ...

Et, pour que les choses soient bien claires, le professeur précise le sens de l'envoi à Marseille de cet "Administratif" : "Il arrive pour faire le ménage, je fais partie des objets dont il voudrait faire le ménage". Et cela, "quoi qu'il en coûte", suivant le précepte de bonne gestion lancé il y a un an par M. Macron. Si Didier Raoult n'est pas "recruté comme praticien hospitalier", ce sont "plus de 2 millions d'euros par an" qui seront perdus par l'Assistance Publique, du fait de l'arrêt de son activité scientifique".

Voir aussi : Fouché, Raoult : le patron de l'AP-HM veut faire le ménage à Marseille

Le professeur va -t-il quitter la scène ? C'est une autre affaire, puisque "la fondation IHU est autonome". Rendez-vous est pris pour septembre et la réunion de son conseil d'administration. En tout cas, "si l'idée du nouveau directeur général, c'est de détruire les fondements de l'IHU, il faudra le faire avant avril" et la désignation d'un nouveau gouvernement, ajoute le directeur de l'IHU.

Interrogé sur l'évolution de la pandémie, sur la vaccination, mais à aucun moment sur le traitement de la maladie - ce qui est un peu dommage ! - le professeur Raoult a confirmé les positions qu'il défend dans ses vidéos hebdomadaires. 

En un temps où "personne au monde ne parlait de variants" (et d'éminents membres du conseil scientifique élyséen disaient même que ça n'existait pas !), l'IHU a publié sur ce sujet dès septembre 2020. On a assisté à "des épidémies successives chez ceux qui ont des frontières ouvertes". La vaccination n'a pas endigué l'augmentation des cas de variant delta : "Ce que je vois, ce ne sont pas les pays qui ont le plus vacciné qui en ont le moins". Et "pour établir que la maladie est moins grave chez les vaccinés, il faudra des données suffisantes".

Parce que "ces variants échappent en grande partie aux vaccins", "on n'est pas dans une situation très optimiste pour endiguer l'épidémie". Cela étant, s'"il n'y a pas de contrôle de l'épidémie grâce à cette vaccination-là", "il ne faut pas insulter l'avenir : il y aura peut-être une autre vaccination qui permettra un contrôle épidémique". Les vaccins actuels ne sont pas "la panacée" pour une simple raison : "si vous avez une cible unique et étroite, la capacité du virus à échapper à votre défense est plus importante que si vous avez plusieurs cibles".

Le professeur Raoult confirme que "le variant indien est plutôt moins grave que le variant anglais, qui était déjà moins grave que le Marseille 4".

Et quand Laurence Ferrari lui demande son opinion sur l'état de notre société, la fracture créée par le pass sanitaire, la suspicion sur des décisions officielles, Didier Raoult déplore que "la dramatisation immédiate, gigantesque de cette crise" ait conduit à la remise en cause, "brutalement", de certaines approches. Alors qu'il existe une "obligation de soin", "on a dit aux médecins : ne soignez pas les malades ! avec l'accord du Conseil de l'Ordre, c'est inouï, ça ! Maintenant, on dit : ne soignez pas les gens qui n'ont pas de pass sanitaire !"

"Tout cela, juge-t-il, ce sont des décisions à l'emporte-pièce qui sont trop violentes". Sa conclusion est aussi sévère que juste : "Dans cette ébullition, on passe par-dessus des siècles de comportement avec la médecine qui sont d'une nature incroyable".  

Pour reprendre les mots du professeur Raoult, "tout cela" est dit avec le plus grand calme, avec la sérénité de celui qui sait que, quoi qu'il advienne désormais de sa carrière, de toute manière il sortira vainqueur du mauvais procès qui lui est fait.

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