Le conflit russo-ukrainien : un plan globaliste bien huilé ? Partie I

Auteur(s)
Thierry Laurent Pellet pour France-Soir
Publié le 10 avril 2024 - 17:30
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France-Soir
Le conflit russo-ukrainien : un plan globaliste bien huilé ?
France-Soir

Le conflit russo-ukrainien : est-il une pièce de théâtre d'un plan globaliste bien huilé ? 
 

L'auteur de cette tribune en deux parties, Thierry Laurent Pellet, est un serial entrepreneur reconverti à la géopolitique ayant vécu une décade aux États-Unis et une en Ukraine. Auteur de “Ukraine, Entrepreneur Espion”, il présente sa vision des faits tels qu’il les a vécus, et qui ne correspondent pas toujours à celle que bien des médias tentent de vous montrer. Cette crise géopolitique majeure requiert des connaissances approfondies quant à l’histoire de l’Europe, mais aussi une compréhension plus holistique du monde, des mécanismes économiques intrinsèques et des forces en présence. Homme des réseaux internationaux, son expertise et son intégrité sont reconnus dans de nombreux cercles dont celui des militaires. À suivre sur twitter/X @GlobalGeopol.

 

L'Ukraine, un peu d'histoire

L’Ukraine est un pays qui n’a eu comme seule réelle existence la période entre 1654 et 1720. Sa balkanisation est en marche et paraît désormais inévitable. Dans l’intérêt de tous, il ne sera jamais nucléaire.

Étymologiquement, dans la langue russe, Ukraina, vient de la particule U (à la bordure) et Kraina (territoire). C’est un pays puzzle géopolitiquement assemblé de toutes pièces à partir du démantèlement de l’empire Austro-Hongrois après la WWI (Transcarpathie, Galicie, Volhynie), Roumain (Tchernovtsy) et d’une partie du territoire Russe (le Sud-ouest de la Russie comprenant Odessa… Donbass, Crimée) par les Bolcheviks sans trop demander leur avis aux populations concernées. C’est bien là le nœud du problème. Associé à cela, un lourd passé nationaliste ayant participé aux heures les plus noires de l’histoire, à l'image des héros symboles de la révolution de Maïdan, que sont Stepan Bandera et Roman Choukhevytch.  Deux personnages, considérées comme des monstres, s’étant distinguées pendant la WWII en contribuant entre-autres aux massacres de Babi Yar et à l’alimentation du camp d’extermination de Treblinka. Leurs noms ont fleuri dans bien des villes ukrainiennes sous forme de rues, avenues, places et boulevards. Quelle curieuse démocratie, n'est-ce pas ?

La diversité religieuse a aussi son importance dans le développement de la crise actuelle.  En effet, elle offre d’étranges perspectives en termes d’association, de circonstances, de forces n’ayant rien à faire ensemble, qui finiront par se retourner les unes contre les autres dans un chaos indescriptible. Sans omettre le facteur ethnique Russophone dominant dans presque la moitié de la population.

Aborder la crise actuelle sous les seuls angles de Mac Kinder, de Brzeziński, ou de bloc est-ouest présentent une lecture incomplète et déviante des faits. Cela permet d’occulter la prise en considération des intérêts de forces transversales établies depuis lors. Leurs principaux bénéficiaires restent partiellement les mêmes et dont le dessin final est bien loin du conflit tel que l’on peut le percevoir. Que de mystère.

À la chute du mur de Berlin, les instances Russes étaient loin de se douter de ce qui allait se passer aujourd’hui, car les liaisons socio-culturelle et historique entre la Russie et sa petite sœur Ukraine sont étroites, si étroites qu’elles sont intrinsèquement liées jusqu’au cœur des cellules familiales constituant ce même peuple (en excluant l’ouest dont les caractéristiques n’ont rien à voir avec les peuples slaves). Ceci dit, certaines précautions avaient bien été prises par la Russie, notamment la récupération des vecteurs nucléaires, (après l’accident de Tchernobyl, la fiabilité des Ukrainiens n’étant pas leur qualité première), et bien sûr la garantie d’accès aux mers chaudes par la Crimée dont la population est Russe.

La séparation entre Russie et Ukraine, ne s’est pas passé sans période chaotique. La prise de pouvoir post KGB et Politburo dans les années 90’ a été marquée par une ambiance far West où des règlements de compte en tous genres s'opéraient tous les jours, avec de nombreuses voitures partant en fumée. C’est ainsi que les mafieux les plus violents ont pu s’imposer et prendre le pouvoir politique pour protéger leur “dirty business” (affaires sales). D’ailleurs, la Rada était le théâtre de ce qui devait se passer en “coulisse”. Régulièrement en direct à la TV, on pouvait voir des députés s’invectiver ou se taper dessus comme des chiffonniers. À croire que la MMA (arts martiaux mixtes) a dû être inventée là-bas !

Dans les années 2000, le paysage politique Ukrainien est plutôt hétéroclite et loin d’être “Ukrainien centré”. La première ministre Yulia Timochenko était d’origine arménienne et ne parlait pas un mot d’ukrainien. D’ailleurs la question se pose : qui parle ukrainien à Kiev ? Personne ! La seule langue qui semble se parler couramment en ces lieux, c’est celle de “la corruption, endémique” et à tous les étages de la société, à en faire “pâlir” de jalousie certains régimes Africains. En outre, la société ukrainienne est composée d'ethnies venant de bien des anciennes républiques soviétiques, et ceci dû au fonctionnement même de l’URSS. On y trouve beaucoup de Géorgiens (ils constituent une des mafias les plus violentes du territoire), des Kazakhs d’origine Russe. Mais dans l’ensemble, la population vit en bonne entente, sans véritable tension apparente, avec tout de même un ressentiment alimenté par l’exaspération de ceux qui se remplissent les poches de manière éhontée. Rien n’a pas changé depuis, si ce n’est les proportions, devenues indécentes. Yulia Timochenko, égérie du Maïdan, en est un exemple flagrant, ayant détourné 2,4 $ milliard par prévarication en tant que première ministre, en passant par sa propre société gazière. À côté, les millions de Jérôme Cahuzac le font passer pour un nain de quatrième division.

 

Des habitants de la province ukrainienne ou un peuple ukrainien ?

Le paysage ainsi décrit permet de comprendre qu’il est préférable d’appréhender ces peuples comme habitants de la province ukrainienne plutôt que de peuple ukrainien, dont les intérêts à vivre ensemble ont été forcés par l’histoire et les conflits la constituant. Cependant, deux blocs majeurs s’affrontent en son sein avec d’un côté les russophones majoritaires et d’un autre les Européistes de tout bord.  Ces derniers ont une forte tendance nationaliste (Turchinov, Avakov, Yatsenyuk…) depuis la fin des années 2000, et semblent plus intéressés par leurs intérêts, profits personnels court terme, plutôt que par les efforts à fournir dans l’intérêt général de la population.

La composante nationaliste-banderiste grandissante et embarrassante, a pris naissance dans les groupes hooligan lié au football. Sans empreinte politique visible pendant cette période, elle a cependant dangereusement pris racine durant WWII (Seconde Guerre mondiale)en les personnes de Tiagnibok, Parubiy, Yarosh, étoiles montantes du néo-nazisme. Ainsi ceux qui s’essaient à vendre l’existence de l’unicité de la nation ukrainienne sont soit des ignorants qui servent le message qu’on leur a préparé, soit des manipulateurs dont les intentions sont cachées. Ces dernières ayant différentes sources, de la corruption intellectuelle ou financière au carriérisme “otanesque” sollicitée par ces fameuses organisations transversales dont les intentions sont décrites un peu plus loin.

Les prétextes de l’arrestation de Timoshenko, justifiée d’un point de vue juridique, ainsi que la corruption (dont Yanukovich se faisait le champion par ses actions de raids sur les petits business) pour justifier du “clash sanglant” de Maïdan ont vraiment bon dos. En effet, d’un côté comme de l’autre, ce qui s’apparente à des criminels en bande organisée de la Rada se valaient tous de ce point de vue. Cependant, ceci n’a que peu d’importance, si l’on ne prend pas en compte les intérêts de forces externes qui ont vu en l’Ukraine une formidable opportunité de déstabiliser la Russie. Tant d’un point de vue politique, que pour favoriser son démantèlement avec comme objectif la mise sous tutelle des grands groupes internationaux permettant ainsi de faire main basse sur les richesses substantielles de son sous-sol. Il est nécessaire de spécifier que Jusque dans les années 90, la CIA, comme les Secrétaires d’État successifs a l'image de (Kissinger), ont toujours tracé une ligne rouge, voire des lignes rouges, concernant l’Ukraine. Et ce n’est qu'Obama qui décida de franchir cette interdiction tacite. La même interdiction définie par les USA quant à l’intrusion de forces étrangères dans son périmètre le plus direct (Mexique), où aux reliquats de la guerre froide avec la crise de Cuba de 1962.

Pendant cette période transitionnelle, d’après guerre froide, la Russie a proposé à l’Allemagne plusieurs fois l’intégration eurasiatique. La constitution de ce bloc économique extrêmement puissant extrêmement redoutée par les anglo-saxons. Merkel l'a systématiquement refusé, les USA la tenant probablement “en laisse” eu égard à son passé proche de la Stasi. Ainsi le bloc géopolitique de l’Union européen entrait en concurrence avec la future Union Économique Eurasiatique (dont l’ancêtre était appelé CEI ou communauté des états indépendants) constituée par les anciennes républiques soviétiques sous l’influx de la Russie. Les deux blocs avaient des intérêts communs (l’accès aux ressources énergétiques) les États-Unis devenant l’arbitre de cette confrontation à sa convenance. 

Le décor général de la crise actuelle ainsi planté, on peut donc bien appréhender le rôle pivot que l’Ukraine jouait entre ces deux entités majeures. Bien sûr identifier l’intérêt soudain que l'Union européenne a pu montrer quant à son ralliement, et à son intérêt économique, avec la bénédiction ou l’influence des USA.

L’affaire paraît simple, mais les apparences sont trompeuses. Ce plan devait cacher un cadeau empoisonné qui ne se révélerait que bien plus tard : le “Fuck the EU” (“j’emmerde l’UE) prononcé par Victoria Nuland pendant le clash de Maïdan en sera donc le symbole. La préparation du coup de Maïdan commence avec le prétexte de l’emprisonnement de Timoshenko avec la reconnaissance des lieux durant l’Euro 2012 par des membres du MI6 qui protègent les intérêts financiers britanniques visibles dans toute l’Ukraine.  À noter aussi que le parti politique de Timoshenko était très proche du CDU de Merkel dès 2012. Bien sûr, pour agrémenter le bal des vampires, l’ombre de Soros plane, et qui ne manque pas de marquer son empreinte, grâce à toute une kyrielle d’ONG qui fleurissent à Kiev en provenance de l’Europe entière. Français et polonais travaillent main dans la main, très proche d'une nébuleuse relation entre Hollande et Macron. Soros et ses ONG dépensent sans compter, il investit un milliard en payant les manifestants (200$/mois), le matériel et la formation paramilitaire de groupes néonazis (qui ont servi en quelque sorte de boîte à outil du coup d'État).

Tous les ingrédients sont là : un véritable siège militaire de la place Maïdan, en bloquant les artères principales de la ville, mur de sac de sable gigantesque, palettes, barbelés disposés stratégiquement pour canaliser les Berkuts (CRS Ukrainiens) dans une nasse en descendant de Malaya Zhitomirskaya. Leur caserne est dans la même rue, à 80 mètres, de mon appartement. Le thé chargé au captagon (amphétamine utilisée par ISIS) est distribué gratuitement aux militants néonazis Azov et Praviy Sektor. “Ces derniers ont été entraînés dans les camps de la CIA en Arizona” me dit une proche de Trump en me décrivant un meeting de transfert entre McCain et son équipe.

La Russie n’a pas vu venir ce désastre, son ambassadeur à Kiev n’ayant pas fait son travail, il fût limogé pour cela. Les propositions tripartites faîtes à Kiev sont restées lettre muette de la part de l’UE, par une combinaison d’arrogance et de sous-estimation du problème, alors qu'elles auraient été la solution la plus viable pour l’Ukraine.  Il faut rappeler que la Russie a financièrement soutenu cet état pendant 27 ans, la somme de 140 milliards de dollars est évoquée. On peut donc imaginer l’agacement des Russes voyant les Ukrainiens cracher dans la soupe alors que leur besoin énergétique leur est directement relié. Pourquoi donc Kiev, avec deux néonazis et un boxeur benêt (Tiagnibok, Yatsenyuk et Klitschko), signe l’agrément d’association qui n’apporte strictement rien à l’Ukraine le 19 février pendant les Jeux Olympiques de Sotchi ? 

La Russie proposait un “sacré deal” : réduction de 60% sur le gaz si nécessaire et 14,6 milliards en achat de bons du trésor ukrainien sur les marchés financiers (fraude impossible). L’Union européenne proposait du cash qui atterrirait directement dans les banques gérées par les oligarques (dont le fameux Igor Kolomoisky ayant acheté les parts de Sergey Tigipko pour contrôler complètement PrivatBank). Ils ne leur restaient donc plus qu’à se servir et redistribuer une partie aux “généreux donateurs” dans un schéma quasi parfait de détournement de fonds publics européens. C’est ainsi que Kolomoisky, cité dans les Panama Papers, a mis la main sur 5,6 $ milliards pour s’acheter, entre autres, un chalet absolument somptueux à Courchevel, sa fille y résidant tout l’hiver. C’est ce qui s’était passé lorsque le FMI avait envoyé 15,6 $ milliards début des années 2000… “Ils avaient fait pshiiit” aurait dit Chirac, sans aucune trace, comme les 16 $ milliards envoyés par l’EU dernièrement. “Perdus” mais probablement pas pour tous. Certains membres du gouvernement ukrainien achètent de l’immobilier partout dans le monde en ce moment.

Ce qui reste surprenant et incompréhensible, c’est que malgré la signature de l’agrément du 19 février, les manifestants se déchaînent sur Maïdan le lendemain, et la tuerie commence. “Manifestants et Berkuts sont tués par les mêmes balles” dit Olga Bogomolets, la médecin basée dans l’hôtel Ukraina. De son côté, Igor Smeshko, ancien des services secrets ukrainiens (SBU) déclarera après coup : “Si on veut arrêter ceux qui ont organisé cette boucherie, il suffit d’aller à la Rada”. Ses deux fils étaient sur le square. C’est ainsi que le 21 février, on voit le futur président de la Rada, Andriy Parubiy, parler aux snipers en cours d’exfiltration à la sortie de l’hôtel Evropa (film : Ukraine is on fire), snipers venant de Géorgie et recrutés par l’ancien président Saakachvili protégé de ce cher Glucksmann (dont le père de la compagne Salamé est un grand ami de Soros). La boucle est bouclée. Le scénario à la Sarajevo s’est déroulé à merveille, des centaines de morts sur la place, des centaines de Berkuts représentant de l’état légal, brûlé vifs et tués par balle, vive la “démocratie ukrainienne”, “slava ukraini” et les grands-parents (collabo nazi pendant la WWII) de Chrystia Freeland sont très fiers du travail accompli : Les Ukrainiens vont se mettre à haïr leur propre famille Russe. 

Par contre, accepter cette tuerie, les massacres et tortures qui s'ensuivirent dans toute l’Ukraine, particulièrement odieux à Odessa, Kharkov ou Marioupol, ouvre une boîte de Pandore extrêmement dangereuse : celle d'accepter le même type de comportement en Europe. Si les gouvernements européens acceptent de tels massacres sans que personne soit incriminé, pourquoi ne pourrions-nous pas faire la même chose ? Pourquoi y aurait-il deux poids deux mesures ? Les ukrainiens seraient-ils exemptés de droits et de devoirs constitutionnels parce que cela satisfait certaines stratégies géopolitiques loin de nos véritables intérêts économiques ? Ceux qui ont organisé cette folie pensaient-ils que la Russie allait laisser faire sans réaction ? Pensaient-ils que les russophones allaient accepter une prise de pouvoir sans dire un mot ? De toute façon, tout cela s’apparente à un plan programmé, les déclarations de Merkel et Hollande au début du conflit sont là pour confirmer.

Après l’agression brutale, le 20 février 2014, dans la ville de Korsun (ville au sud-est de Kiev) par les milices de Praviy Sektor, de six bus de familles criméennes en vacances s’enfuyant de Kiev, la gouverneure N. Poklonskaya appelle Vladimir Poutine pour déclencher la sécession de la péninsule. Ce fait pourtant majeur est passé sous silence par la presse occidentale, cela prouve que le plan exécuté n’est pas spontané, mais est plutôt programmé de manière méthodique dans toute l’Ukraine. Le massacre du 2 mai 2014 à Odessa en est aussi l’évidence. La Crimée vote par référendum, et sa sécurité est assurée par l’armée Russe, puisqu’elle a toujours été sur place, et une grande partie de la marine ukrainienne se rallie à la flotte Russe, salaire assuré oblige.

La seconde partie sera publiée demain et portera sur la bascule fasciste post Maïdan.

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