Le discours courageux du professeur Peyromaure

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Alain Tranchant, pour France Soir
Publié le 15 mars 2021 - 12:05
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Peyromaure s'est mis à dos des matamores...
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En un temps où il est si commode pour trop de monde, notamment dans la sphère politique, de se couler tranquillement dans le conformisme ambiant, il faut saluer le courage des femmes et des hommes qui osent se lever, sortir du rang et dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Après son livre "Hôpital : ce qu'on ne vous a jamais dit ...", le chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin livre son analyse de la crise sanitaire dans "Le Figaro Magazine" du 12 mars. Si l'ouvrage "ne lui a pas fait que des amis au ministère de la Santé", il est certain que cette interview accordée à Charles Jaigu ne va pas contribuer à améliorer son image rue de Ségur.

D'emblée, alors qu'il est interrogé sur les prises de position du corps médical, le professeur Peyromaure se désolidarise des nombreux confrères qui "développent des points de vue très consensuels", et il déplore que "ceux qui ne sont pas dans la ligne" soient "automatiquement taxés de rassurisme". Il cite ainsi le professeur Raoult. S'il ne prononce pas le mot "complotisme", il est bien clair que c'est la même intolérance qui est à l'origine de l'anathème appliquée aux esprits indépendants. Au passage, rendons grâce à l'inventeur du complotisme ! Il a trouvé le moyen, sinon de faire taire, du moins de stigmatiser toutes celles et tous ceux qui entendent garder leur libre arbitre et exercer leur liberté de parole.

En dépit des prévisions catastrophiques qui ont été assénées au peuple français ("on dirait certains écologistes qui matin, midi et soir, vous annoncent la fin du monde", belle formule !), "le virus a un taux de létalité inférieur à 1 %" et "seulement 0,13 % de la population française en est décédée". Drôle de guerre, en effet, dans laquelle le confinement - qui "produit des dégâts économiques et sociaux dramatiques"- a été soutenu par "certaines catégories de Français" parce que "l'Etat les indemnise généreusement". Mais si le confinement est "fondé sur la peur et non sur le sang-froid", son impact sur l'épidémie n'est pas avéré et, surtout, "cela n'empêche pas le virus de revenir" avec les variants. Le médecin exprime sa préférence pour "la solution suédoise" qui, moyennant "un peu plus de mortalité, n'immobilise pas des pans entiers de l'économie". Ce qui n'empêche pas le lavage des mains, la nécessité de garder ses distances et le port d'un masque "dans les milieux confinés".

Interrogé sur "la vie qui n'a pas de prix", le professeur Peyromaure réplique : "Nos gouvernants ne veulent pas le dire, alors je le dis à leur place : la mort d'un petit nombre de malades est moins dramatique que la misère d'un grand nombre". Il s'élève contre "le principe de précaution érigé en valeur suprême" et affirme que la création d'"une réserve sanitaire d'urgence aurait pu éviter la fermeture absurde des musées, des cinémas, des restaurants, des stades ..."

Dans son diagnostic de la gestion de la pandémie, ce professeur observe que "jamais les réanimations en France n'ont été toutes saturées au même moment, y compris au pire de la crise", et que les ressources de l'hospitalisation privée "n'ont jamais été utilisées de manière optimale". Bien évidemment, lui aussi se demande pourquoi le pouvoir politique, qui a été aussi dispendieux avec les milliards d'euros tombés du ciel européen, n'a pas cherché à augmenter le nombre de lits d'hospitalisation, ni à constituer "une vaste réserve de personnels formés à l'oxygénothérapie", comme cela a été fait en Allemagne, en Russie ou aux Etats-Unis.

Enfin, le professeur Peyromaure livre deux analyses, qui ne manquent pas de pertinence, sur le milieu médical et sur le comportement des Français.

Sur le premier point, il ne fait pas de doute que le professeur d'urologie ne va pas se faire des amis, non plus, dans la profession. Selon lui, si son analyse n'est pas davantage exprimée par ses confrères, c'est que l'épidémie a placé en première ligne les épidémiologistes, réanimateurs, urgentistes et infectiologues, c'est-à-dire des "médecins, évidemment très utiles", mais qui au contraire des cardiologues, cancérologues ou chirurgiens, "ont la particularité d'exercer dans l'ombre et sans la reconnaissance du public". Il constate que "ces médecins de l'ombre se sentent pousser des ailes" et que "certains vont trop loin et croient parler au nom de tous leurs confrères". Et, comme ils n'exercent pas d'activité libérale, la prise en compte des impératifs de l'économie nationale est pour eux "une question secondaire".

Et quand il est questionné sur "la docilité des Français" -surprenante, et inquiétante, il faut bien le dire- le médecin estime que "c'est l'un des effets pervers de la Sécurité sociale, qui protège et déresponsabilise". Sa conclusion sur beaucoup de Français "froussards, donc facilement influencés par les discours alarmistes" est savoureuse : "Si on leur demandait de porter une combinaison étanche pour éviter de contracter le virus, ils seraient capables de le faire"...

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