Des dizaines de milliers de personnes défilent contre la loi Travail

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 31 mars 2016 - 17:31
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Cortège contre la loi travail manifestation Paris
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Des dizaines de milliers de salariés et étudiants ont commencé à battre le pavé ce jeudi pour réclamer le retrait de la loi travail, jugée trop libérale.
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Des dizaines de milliers de salariés et étudiants ont commencé à battre le pavé ce jeudi pour réclamer le retrait de la loi travail, jugée trop libérale, lors d'une nouvelle mobilisation s'annonçant suivie, émaillée d'incidents à la mi-journée, avec aussi des blocages de lycées et universités.

"Touche pas à mon code": en fin de matinée, les premiers défilés rassemblaient déjà de nombreux manifestants: selon la police, ils étaient 20.000 à Toulouse, 5.500 à Saint-Nazaire, 6.000 à Rouen, 7.000 à Grenoble, 5.000 à Clermont-Ferrand... De premiers incidents ont éclaté en marge de certains cortèges, à Rennes et Nantes notamment, opposant des jeunes aux forces de l'ordre.

A Paris, une dizaine d'interpellations ont eu lieu alors que d'un millier de lycéens se dirigeaient vers la place d'Italie, selon la préfecture de police, pour rejoindre le rassemblement, dans une ambiance tendue, certains lançant des projectiles sur les forces de l'ordre.

Le cortège parisien doit s'ébranler à 13h30 pour se diriger vers la Nation, avec Philippe Martinez (CGT), Bernadette Groison (FSU), Jean-Claude Mailly (FO) et William Martinet (Unef) à sa tête. Des députés écologistes ont prévu de participer à la journée d'action, dont l'ancienne ministre Cécile Duflot et Noël Mamère. Des militants de la CFDT et de la CFE-CGC défileront aussi pour réclamer le retrait "pur et simple" du projet, à contre-courant de leurs centrales respectives.

"Les premières manifestations sont beaucoup plus importantes que le 9 mars: le gouvernement doit ouvrir les yeux!", a lancé dans un tweet Jean-Claude Mailly. "Il y a une très forte mobilisation, il faut que le gouvernement prenne en compte ce qui se passe", a renchéri le leader de la CGT, Philippe Martinez, avant le début du défilé parisien.

Lors de la précédente mobilisation similaire, le 9 mars, plus de 200.000 personnes avaient défilé (450.000 selon les organisateurs). D'ores et déjà, de nouvelles mobilisations sont envisagées pour réclamer le retrait de cette loi, les 5 et 9 avril.

Parmi les nombreux slogans, on pouvait lire: "Touche pas à mon code", "On vaut mieux que ça", "Un grand bond en avant vers le 19e siècle" ou encore "1916: chair à canon, 2016: chair à patrons". "On est mobilisés pour notre futur, pour celui de nos parents et pour les futures générations", a témoigné une étudiante postée devant un lycée bloqué à Besançon, comme à Nancy, Toulouse, Brest, Caen ou Paris.

Outre les 200 défilés, manifestations et rassemblements prévus partout en France, des salariés étaient grève à la Tour Eiffel, chez EDF, Air France, dans le contrôle aérien, la fonction publique, le commerce, la presse, les casinos...

Les transports publics étaient perturbés, avec un train sur deux en province, en Ile-de-France sur les lignes A et B du RER, mais aussi trois rames sur quatre dans le métro parisien.

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a répété qu'elle "entendait les inquiétudes des jeunes" tout en défendant une "loi nécessaire et juste", sur BFMTV/RMC.

"De toute évidence, ce texte ne permettra pas les créations nécessaires d'emplois, généralisera la précarité et aggravera les inégalités professionnelles notamment envers les femmes et les jeunes", estiment les syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL, UNL) à l'initiative de la mobilisation.

Pour eux, même réécrit, le projet de loi travail "reste toxique pour les salarié-es". Il est contesté dans sa "philosophie" même: "la gauche au pouvoir ne peut pas porter une réforme du droit du travail qui revient sur la réduction du temps de travail, facilite les licenciements, et considère que le droit du travail est un frein à l'emploi", a commenté sur France Inter le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Benjamin Lucas.

Les oppositions "sont à prendre très au sérieux" car elles "témoignent d'un vrai malaise social", a estimé Karine Berger, députée PS et membre du Bureau national.

Vraisemblablement la dernière du quinquennat, cette réforme est également l'une des plus décriées, comme l'a été la loi Macron, ou la révision constitutionnelle, que François Hollande a dû abandonner. Mais le gouvernement insiste: pas question de retirer cette réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", selon Manuel Valls.

Face à la grogne, jusque dans les rangs de la majorité, le gouvernement est revenu à la mi-mars sur certaines dispositions (plafonnement des indemnités prud'homales, décisions unilatérales de l'employeur).

Si un consensus se dessine entre plusieurs syndicats pour la réécriture de certains articles (licenciement économique, compte personnel d'activité, rôle de la branche), le patronat réclame un "retour à la première version".

 

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