"Gilets jaunes" : l'ONU réclame une "enquête" après les violences, Paris réplique

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Par AFP - Paris
Publié le 06 mars 2019 - 23:30
Mis à jour le 07 mars 2019 - 07:53
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Un policier équipé d'un LBD à Bordeaux, le 2 mars 2019
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
Un policier équipé d'un LBD à Bordeaux, le 2 mars 2019
© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives

La Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a réclamé mercredi à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières qui émaillent la crise des "gilets jaunes", s'attirant une sèche réplique de Paris qui dit ne pas l'avoir "attendue".

"Il faudra expliquer à Madame le Haut-Commissaire l'ensemble des faits d'extrême violence" notamment contre "les forces de l'ordre" ou les "biens publics", a répliqué sur BFMTV le Premier ministre français Édouard Philippe, rappelant qu'"en France, on a un État de droit".

"On n'a pas attendu le Haut-Commissaire pour faire la lumière sur l'ensemble des faits dès lors qu'il y a des plaintes", a-t-il ajouté.

Au total, "111 enquêtes (ont été) ouvertes" par l'Inspection générale de la police (IGPN) pour "9.228 cas d'utilisation du LBD", selon un bilan provisoire daté du 30 janvier et cité par la représentante du ministère français de l'Intérieur, lors d'une audience au Conseil d'Etat.

La polémique a enflé, début janvier, après la grave blessure à l'oeil à Paris d'une figure du mouvement des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues, à l'acte 11 de leur mobilisation. Les médecins lui ont diagnostiqué la perte de l'usage de l’œil droit, selon un certificat médical transmis à l'AFP.

Selon le collectif militant "Désarmons-les", 20 personnes ont été gravement blessées à l'œil depuis le début du mouvement, mi novembre. La présidente du groupe CRCE (majorité communiste) au Sénat, Eliane Assassi, a avancé mercredi le chiffre de "17 éborgnés".

Plusieurs actions ont été intentées par des syndicats et des associations pour obtenir la suspension de l'utilisation du lanceur de balles de défense (LBD). En vain.

Le Conseil d’État a rejeté ainsi le 1er février les demandes du syndicat CGT et de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), estimant que le risque de violences lors des manifestations de "gilets jaunes" rendait "nécessaire de permettre aux forces de l'ordre de recourir à ces armes".

La LDH a de nouveau saisi le Conseil d’État et déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a lui aussi réclamé dès janvier la suspension de l'usage des lanceurs de balles de défense en raison de leur "dangerosité".

Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève mercredi, la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili, a encouragé "le gouvernement (français) à poursuivre le dialogue et (demandé) urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force".

- Etonnement du gouvernement -

Mme Bachelet a estimé que les "gilets jaunes" manifestaient contre "ce qu'ils considèrent comme (leur) exclusion des droits économiques et de (leur) participation aux affaires publiques".

Elle a rappelé que "les inégalités touchent tous les pays" et que "même dans des États prospères, des gens se sentent exclus des bénéfices du développement et privés de droits économiques et sociaux".

Elle n'a toutefois cité que la France comme pays prospère, mais a dénoncé les répressions violentes des manifestations qui se sont produites récemment au Soudan, au Zimbabwe et en Haïti.

"Il faut, je le dis, s'étonner tout de même de se retrouver, cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti, où il y a eu des morts", a déclaré Benjamin Griveaux lors du compte-rendu du conseil des ministres.

Avant la Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, le Conseil de l'Europe avait appelé le 26 février à "suspendre l'usage du LBD dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre", afin de "mieux respecter les droits de l'Homme".

A Paris, le Sénat débat jeudi d'une proposition de loi destiné à interdire l'utilisation des lanceurs de balles de défense par les forces de l'ordre.

Le texte, qui émane du groupe CRCE en pleine crise des "gilets jaunes", n'a quasiment aucune chance d'être adopté.

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