Incendie à Paris : le suivi psychiatrique de la suspecte arrêtée au coeur des interrogations
Au lendemain de l'incendie d'un immeuble qui a fait dix morts à Paris et 96 blessés, le profil psychiatrique de la principale suspecte, une habitante des lieux encore récemment internée, est au centre des interrogations, alors que la sécurisation de l'immeuble vient d'être achevée pour permettre les investigations.
"Une personne est toujours dans un état d'urgence absolue", a déclaré mercredi le procureur de Paris Rémy Heitz lors d'une conférence de presse, ajoutant que 6 des 10 morts avaient pour l'heure été identifiés.
L'unique suspecte, interpellée ivre peu après le début de l'un des plus incendies les plus meurtriers dans la capitale depuis près de 14 ans, avait été brièvement entendue mardi avant que sa garde à vue ne soit levée en raison de son état de santé mental, a-t-il indiqué.
Cette quadragénaire, qui a nié avoir commis les faits, a été conduite dans la foulée à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police en fin de journée. Son état sera analysé dans les prochains jours et elle pourrait faire l'objet d'une hospitalisation d'office, a expliqué le procureur.
Cette femme venait de sortir, le 30 janvier, d'un séjour de près de deux semaines à l'hôpital psychiatrique de Saint-Anne à Paris. Cette hospitalisation, la treizième en dix ans, avait pris fin "sur décision médicale", a-t-il souligné.
Le magistrat a indiqué qu'un voisin avait appelé la police juste après minuit lundi pour se plaindre du bruit causé par cette femme. Cet homme, par ailleurs pompier, l'avait ensuite recroisée dans le hall après le départ des forces de l'ordre. C'est alors qu'elle lui avait dit: "Regarde-moi droit dans les yeux. Toi qui aimes les flammes, ça va te faire tout drôle quand ça va exploser", a rapporté le voisin aux enquêteurs.
A 00h36, une habitante de l'immeuble alertait les pompiers d'un départ de feu dans l'immeuble. Dans le même temps, la suspecte était "arrêtée en état d'alcoolémie alors qu'elle tentait de mettre le feu à une voiture" dans une rue voisine, d'après une source policière.
Ses antécédents judiciaires font apparaître trois procédures où elle a été mise en cause, sans jamais être condamnée.
Deux d'entre elles furent classées sans suite en 2016, en raison d'un "état mental déficient", l'une pour un "vol avec mise à feu de vêtement" et l'autre pour des violences, a déclaré M. Heitz
Par ailleurs, en 2017, une autre procédure pour "violences conjugales" avait été classée sans suite faute d'infraction suffisamment caractérisée.
- Sécuriser l'immeuble -
Dans le XVIe arrondissement de Paris, où l'incendie a ravagé l'immeuble entier, les opérations de police et d'urgence se sont poursuivies mercredi. "Il faut continuer les fouilles au 7e et 8e étage, s'assurer que le bilan ne puisse plus évoluer", a détaillé mercredi matin le capitaine Guillaume Fresse, porte-parole des pompiers de Paris.
"On n'est pas à l'abri d'une reprise de feu", a-t-il ajouté, précisant que des opérations de déblayage étaient en cours pour retirer "tout ce qui a été rongé par les flammes, des éléments qui ont brûlé, et qui sont encore chauds".
La mairie de Paris a annoncé que des architectes de sécurité avaient "expertisé l'immeuble" et conclu qu'il existait "un danger grave et imminent pour les occupants".
"L'immeuble n'a pu être sécurisé que ce soir", a annoncé le procureur, ouvrant la voie aux investigations sur place. Elles seront confiées à des juges d'instruction la semaine prochaine qui devront notamment déterminer comment le feu a pu prendre.
Le cordon de sécurité, installé à une trentaine de mètres du 17 bis, ne laissait passer mercredi matin que les riverains et les parents qui amenaient leurs enfants à l’école Notre-Dame des Oiseaux.
Claudine habite au 19, juste à côté : "On se dit qu’on a eu de la chance", explique-t-elle. Elle décrit une nuit "vraiment horrible": "Je suis allée chez une voisine. De chez elle, on voyait les flammes on entendait les cris..."
"Pendant l’incendie, ils nous ont parqués dans le hall. Hier, on avait pas d’électricité, pas d’eau. Donc on est allé dormir chez des voisins, et là je rentre", explique-t-elle.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.