Procès Méric : Samuel Dufour, le "Führer"

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La rédaction de France-Soir
Publié le 06 septembre 2018 - 13:54
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Samuel Dufour (C), un des trois skinheads impliqués dans la mort de Clément Méric, arrive au tribunal, le 4 septembre 2018 à Paris
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© Thomas SAMSON / AFP
Samuel Dufour était surnommé le "Führer" par ses anciens camarades.
© Thomas SAMSON / AFP
Au procès Méric, si Esteban Morillo fait profil bas, la position de Samuel Dufour, l'autre principal accusé, est plus ambiguë. L'homme, dont le portrait dressé à la barre montre un engagement "dur" dans l'ultradroite, peine à se défendre efficacement, mal aidé au passage par ses parents qui sont intervenus.

Il est l'autre principal accusé du procès (ils sont trois en tout) avec Esteban Morillo, celui qui a porté le coup mortel à Clément Méric. Mais contrairement à son coaccusé, Samuel Dufour ne fait pas profil bas face aux juges.

Alors qu'Esteban Morillo essaie d'apparaître comme quelqu'un qui a changé (cheveux plus longs, tatouages modifiés…), Samuel Dufour, arrivé en retard à l'audience le premier jour du procès, peine à répondre aux questions. Et voit le flot d'interrogations des juges ou des avocats dresser le portrait de lui d'un militant d'extrême droite fasciné par le troisième Reich.

D'après un article de L'Obs relatant l'audience du mercredi 5, le jeune homme était surnommé "le Führer" par ses camarades lors de son cursus en apprentissage dans la boulangerie. Son crâne rasé, ses tatouages (qu'il a conservé, faute de moyens selon ses défenseurs), lui donnent cette image "dure" de même que l'agression relatée d'un autre apprenti d'origine maghrébine sur qui il aurait jeté des lardons. Samuel Dufour sera finalement renvoyé du Centre de formations des apprentis. Son père viendra menacer le directeur.

Voir aussi: Au procès Méric, sept secondes de "coups mortels" et des hypothèses

Car chez les Dufous, l'extrême droite est une affaire de famille. Et la comparution de Jean-Michel Dufour n'a sûrement pas aidé l'accusé à casser son image. "Il est parfait mon fils". Quand à la mère, elle expliquera à la barre que son enfant est "courageux" pour avoir supporté six mois à l'isolement en prison. Dans la bouche des deux parents, aucun mot pour remettre en cause l'action de leur fils, aux tatouages explicites et se baladant avec un Opinel dans la poche et qui, dans un SMS envoyé à un proche, a laissé entendre qu'il s'était battu avec les militants antifascistes en utilisant un poing américain. Samuel Dufour enverra le soir du drame un autre message à Esteban Morillo, qui se trouvait à ce moment là aux côtés de Serge Ayoub, skinhead histoirique et figure de l'ultradroite violente, lui demandant s'il "doi(t) nettoyer le bombeur (le manteau, NDLR) il est plein de sang mais c'est le mien". Si Samuel Dufour n'est pas celui qui a porté le coup mortel à Clément Méric, il encourt théoriquement 20 ans de prison.

Lire aussi:

Au procès Méric, le skinhead et "l'injustice"

Mort de Clément Méric: après un faux départ, début du procès de trois skinheads

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