Albert Bourla, un vétérinaire auprès de Von der Leyen

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France-Soir
Publié le 30 mars 2024 - 09:51
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Albert Bourla
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Albert Bourla, de la gloire à la galère après les 400 doses
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PORTRAIT CRACHE - De l’anonymat à la coqueluche des médias, l’ascension d’Albert Bourla pour devenir, en quelques mois, le “porte-étendard” de la lutte contre la COVID-19, est fulgurante. Mais derrière cette ascension se dessine un portrait plus que nuancé, voire celui d'un opportuniste dont les méthodes flirtent parfois avec les limites de l'éthique et de la morale, borderline comme on dit chez les anglo-saxons. Alors que la pandémie s'éloigne, il ne reste à ce PDG que des procès en perspective, des revenus en déclin, et une Von der Leyen dont le fard à paupières fond comme ses chances d’être renouvelée grand vizir.

Bon élève et passionné par les animaux, il en faut dans les labos, Albert Bourla, né Alvertos et issu d’une famille juive en Grèce, obtient un diplôme de vétérinaire puis un doctorat à l’université Aristote de Thessalonique en 1985. Il ne rejoint le groupe Pfizer qu’en 1993, comme docteur vétérinaire et directeur technique de la division animale, située à Athènes. Son ascension est fulgurante. Il est d’abord chargé de l’Europe et de l’Afrique, puis de l’Asie et de l’Océanie. Il tient quelques rôles exécutifs dans plusieurs divisions du groupe pharmaceutique et devient membre de plusieurs conseils. Après un tour dans cinq pays et une huitaine de villes, il se rend à New York pour rejoindre le siège social de Pfizer.

Les dessous d’une tromperie finement orchestrée

Il y dirigera l’activité “Innovation Santé” un département qui enregistrera en 2017 un revenu de 31,4 milliards de dollars avec un bénéfice avant impôt de 18,3 milliards de dollars. A 56 ans, Albert Bourla, jusque-là peu connu du grand public, est élu à l’unanimité pour remplacer Ian Read, et devient président exécutif du comité de direction du groupe pharma. On est en 2019 et le groupe vient de perdre les brevets de l’un de ses “blockbusters” (médicament qui génère le plus de bénéfices, NDLR), à savoir le Viagra. Pfizer déplore une perte estimée à 23 milliards de dollars en raison de cette mise en public des brevets. 

L’enjeu pour Albert Bourla est double. A commencer par faire mieux, ou du moins, aussi bien que son prédécesseur, à l’origine d’une cinquantaine d’autorisations de mise sur le marché de médicaments et derrière une augmentation de 70% du dividende de ses actionnaires. Trouver, ensuite, le nouveau blockbuster de Pfizer. 

L’attente est brève et l’opportunité se présente avec l’avènement de l’épidémie de Covid. Le coronavirus, apparu en novembre 2019 à Wuhan en Chine, se propage alors dans le monde. Fermeture des frontières, confinements et obligation du port du masque n’y peuvent rien. L’immunisation contre le SARS-CoV--2, dont le génome séquencé est publié, est désormais évoquée comme la seule porte de sortie. La course aux vaccins est lancée.

Pfizer opte pour la plate-forme ARNm et mise alors sur son association avec la biotech allemande, BioNTech. Le 9 avril 2020, les deux partenaires signent un accord de collaboration concernant le codéveloppement d’un vaccin contre le coronavirus, “le premier de sa ­catégorie, s’appuyant sur la ­technologie ARNm”. 

“Il faut qu’il sorte en octobre”, dit-il à ses collaborateurs. “Et il ne nous faudra pas des dizaines de millions, mais des centaines de millions de doses d’ici l’année prochaine”. “C’était impossible”, se plaît-il à dire. “Mais il fallait le faire !”.

Le projet Lightspeed est lancé et début novembre, les résultats de l’essai du vaccin apparaissent. Les données sont transmises aux autorités de régulation de plusieurs pays à travers le monde. Le Royaume-Uni, les États-Unis, Israël, l’UE et l’OMS homologuent l’un après l’autre le vaccin. “Les semaines et mois qui suivirent [fin 2020, début 2021], notre vaccin contre la Covid-19 fut homologué et distribué dans plus de cent pays”, écrit Albert Bourla.

Voici donc celui qui a “réussi l’impossible”, à savoir proposer un “vaccin" neuf mois après le début de la pandémie, titre la presse. En bon opportuniste, le PDG de Pfizer vend pour 5,6 millions de dollars d’action, le jour même de l’annonce de la “fiabilité” à 94% du vaccin. Une opération jugée “peu morale” qui suscite indignation et polémique.

En attendant, sa position chez Pfizer lui confère une visibilité que peu de personnes peuvent se targuer d’avoir, comme un certain Klaus Schwab, dont le Forum de Davos compte Albert Bourla parmi ses habitués. Il souffle le chaud et le froid sur les prévisions épidémiologiques, remporte les prix du meilleur PDG, accentue le lobbying et pour écouler le stock de seringues, s’adresse désormais aux “milliards de personnes, aux millions d'entreprises et aux centaines de gouvernements du monde entier qui fondent leurs espoirs sur un vaccin sûr et efficace”. 

Crédits : ARA

Une épopée effritée

“Au début de la crise, nous avions fixé notre objectif annuel à 200 millions de doses. Ce chiffre passa rapidement à 500 millions. Puis je demandai : ‘Pourquoi pas un milliard ?’ Une fois cet objectif atteint, pourquoi pas davantage ? Début 2021, nous nous sommes engagés publiquement à fabriquer 2,5 milliards de doses avant la fin de l’année”, raconte-t-il dans son livre. L’objectif est clair : cette homologation effrénée dans plus de cent pays mène tout naturellement au contrôle du marché mondial, voire au monopole. Et Pfizer y parvient. Le chiffre d'affaires de l'entreprise américaine a bondi de 95 % en 2021, à 81,3 milliards de dollars, et son bénéfice net a plus que doublé, à 22 milliards de dollars. Quant aux parts de marchés, Pfizer fait même six fois plus que Moderna et BioNTech, notamment aux États-Unis et dans l’Union européenne (UE). 

Pourtant, on en sait peu sur les contrats signés entre Pfizer et plusieurs entités, dont la Commission européenne (CE). L’accord entre Ursula Von der Leyen et Albert Bourla, dont la relation est aussi intrigante que problématique, fait d’ailleurs l’objet d’une vive polémique, après la publication, par le New York Times en avril 2021, d’un article révélant que les négociations sur un contrat d’achat de 1.8 milliard de doses, s’étaient déroulées, entre autres, par SMS. La nouvelle fait l’effet d’un tremblement de terre et la médiatrice de l'UE, Emily O'Reilly, lance une enquête. Celle-ci révèle que la Commission n’a jamais demandé aux membres du cabinet de la présidente de rechercher ses textos, que VDL “ne retrouve plus”. Pour la Commission, ces SMS sont “par nature des documents d’une courte durée de vie, qui ne contiennent en principe pas d’informations importantes relatives aux politiques, activités et décisions de la Commission”. Un avis qui n’est pas partagé par la médiatrice.

Albert Bourla, lui, a refusé à deux reprises de se présenter devant la Commission spéciale du Parlement européen sur le Covid-19. Que craint-il ? Un manquement à l’éthique, un vice de procédure ou ... un conflit d’intérêt ? De toute manière, son refus est très mal accueilli, notamment après la révélation selon laquelle Pfizer a obtenu une hausse de 25% des prix sur la commande du mois de mai 2021. Deux ans plus tard, la CE mènera en catimini des discussions avec Pfizer pour négocier une baisse du volume initial de cette commande, en contrepartie d’une autre hausse du prix unitaire de la dose, dont l’efficacité est revue à la baisse.

A sa place, c’est une certaine Janine Small qui est auditionnée par le Parlement Européen. A la question de savoir si “le vaccin Covid de Pfizer a été testé sur l’arrêt de la transmission du virus avant d’être mis sur le marché”. La chargée des marchés internationaux a immédiatement répondu “non”. 

Démantèlement d’un mensonge, autopsie d’un hold-up

Mais le PDG de Pfizer en veut toujours plus. Il prône alors la vaccination des enfants, affirmant qu’elle leur est à la fois “sûre et efficace”. Pourtant, de nombreux adolescents décèdent après avoir été vaccinés et des études établissent déjà un lien entre les injections et les impacts négatifs sur la santé. Rien qu’aux États-Unis, entre le 14 décembre 2020 et le 11 novembre 2022, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies dénombre 9 décès chez les enfants âgés de 6 mois à 5 ans, signalés à son système de notification des événements indésirables liés aux vaccins (VAERS), suite à une vaccination contre le Covid-19. 31 décès sont signalés chez les enfants de 5 à 12 ans et 133 décès parmi des adolescents de 12 à 18 ans. La Suède annonce peu après qu'elle ne recommande plus la vaccination pour les enfants âgés de 12 à 17 ans. 

La manne du vaccin anti-COVID, entachée par une plainte de Moderna pour violation de brevets sur l’ARNm, commence à se dégonfler lorsqu’une vidéo aussi incroyable qu’inquiétante est publiée par le média Project Veritas. Le directeur de la recherche et du développement de Pfizer, Jordon Trishton Walker, filmé à son insu, affirme que son employeur étudierait la possibilité de faire muter le coronavirus, afin de pouvoir lui créer des vaccins et continuer à traire la vache à lait. Le labo dirigé par Bourla se défend en affirmant “ne pas avoir mené de recherche sur le gain de fonction ou sur l’évolution dirigée” du virus, expliquant ses expériences sur le Sars-Cov-2, que des spécialistes qualifient bel et bien d’un “gain de fonction”.

Que lèguera-t-il, celui qui a “réussi l’impossible” ? Inondations de vaccins aux effets secondaires souvent mortels, des procès à la pelle et l’espoir têtu de générer des revenus liés au COVID. Le labo a vu son chiffre d’affaires chuter de 42% et son action de 43% en 2023. Aux États-Unis, au Royaume-Uni comme en Allemagne, en France comme en Norvège, Pfizer est, comme BioNTech, sur le banc des accusés pour son vaccin, ses effets secondaires et surtout, les fausses allégations quant à son efficacité.  
Comment finira donc celui qui aura réussi à séduire la présidente de la commission européenne, quand l’heure des comptes aura sonné.

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