Les grandes surfaces lancent la vente d'autotests, au grand dam des pharmaciens

Auteur:
 
Par Coline DACLIN - Paris (AFP)
Publié le 29 décembre 2021 - 22:13
Mis à jour le 30 décembre 2021 - 05:50
Image
Un employé assemble des kits d'autotests antigènes rapides pour détecter le Covid-19 au sein de la société Biosynex, à Illkirch-Graffenstaden, dans l'est de la France, le 29 décembre 2021
Crédits
© FREDERICK FLORIN / AFP
Un employé assemble des kits d'autotests antigènes rapides pour détecter le Covid-19 au sein de la société Biosynex, à Illkirch-Graffenstaden, dans l'est de la France, le 29 décemb
© FREDERICK FLORIN / AFP

Les autotests arrivent en rayons: au lendemain de la publication d'un décret autorisant leur vente par la grande distribution, ils sont déjà en tête de gondole dans certaines grandes surfaces comme au Carrefour d'Auteuil, dans le XVIème arrondissement de Paris.

Dans cet hypermarché de l'ouest parisien, difficile de les rater: les autotests Covid trônent à l'entrée du magasin aux côtés des masques et du gel hydroalcoolique, sous une affiche rouge "Bons plans".

"J'ai eu l'info ce matin que deux magasins allaient recevoir une livraison et qu'on pourrait aller en chercher", raconte à l'AFP la directrice de l'hypermarché Mathilde Dénouël. A 16 heures, quelque 200 boîtes étaient ainsi en rayons.

Depuis la publication mardi au Journal officiel d'un décret autorisant la vente d'autotests antigéniques en dehors des pharmacies jusqu'au 31 janvier, les enseignes se sont précipitées pour être les premières à en proposer. Chez E.Leclerc, deux magasins sur trois devaient ainsi être approvisionnés mercredi. Chez Intermarché et Netto, on en promet dès jeudi tandis que Lidl estime que les commandes devraient prendre dix jours à arriver.

Autour de la tête de gondole, les clients sont nombreux à s'arrêter. Certains hésitent. "On m'a dit que ce n'était pas assez fiable", lance Daniela, une petite dame de 60 ans, avant de reposer ses deux boîtes.

D'autres attendaient les autotests avec impatience comme Yves, qui a pris quatre boîtes: "j'ai appelé deux fois aujourd'hui pour être sûr d'en trouver". Ce gestionnaire de patrimoine de 62 ans n'est pas vacciné contre le Covid et dit se tester quotidiennement. "Ici c'est moins cher qu'en pharmacie", poursuit-il.

- Concurrence avec les pharmacies -

Carrefour propose la boîte de cinq tests à 9,75 euros, soit 1,95 euros le test, contre 4 à 5 euros en pharmacie. Comme la plupart de ses concurrents, l'enseigne assure vendre "à prix coûtant", sans faire de marge.

Pour le moment, le magasin limite le nombre de boîtes à cinq par client. "On veut qu'un maximum de personnes puissent en profiter, on avait fait la même chose au début avec les masques", explique Mathilde Dénouël.

Et comme au moment de l'arrivée des masques en grandes surfaces au printemps 2020, la question de l'approvisionnement fait polémique: plusieurs organisations de pharmaciens accusent la grande distribution d'avoir "pillé" les stocks de leurs fournisseurs et d'être à l'origine de ruptures en officines.

De son côté, Carrefour assure qu'une moitié de ses stocks provient de ses propres filières d'approvisionnement à l'étranger et l'autre moitié de grossistes ayant importé des autotests en France.

"Les rôles des pharmacies et des grandes surfaces sont complémentaires et seul doit compter l'intérêt des Français dans une période sanitaire difficile", défend la Fédération du commerce et de la distribution, l'une des principales voix du secteur.

Les pharmaciens dénoncent surtout la disparition de leur rôle de conseil avec cette vente en libre-service. Plusieurs syndicats ont signé un communiqué commun avec l'Ordre des pharmaciens qui qualifie le choix du gouvernement d'"incompréhensible et risqué pour la santé publique". "Les autotests ne doivent pas être confondus avec les tests de dépistage, car ils ne permettent pas le traçage et le criblage", rappellent-ils.

Le gouvernement a pour sa part justifié sa décision par l'explosion de la demande de tests pendant les fêtes et l'importante circulation du virus. "C'est une dérogation, mais en aucun cas cela ne doit contrevenir dans la durée à la question du monopole pharmaceutique pour les dispositifs médicaux", a assuré mercredi le ministre de la Santé Olivier Véran à l'Assemblée nationale.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.