L'essai randomisé la nouvelle arme médiatique de Big Pharma, contre l’éthique dans la Covid-19

Auteur(s)
Valère Lounnas pour FranceSoir
Publié le 09 juin 2020 - 22:08
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Serment d'Hippocrate FranceSoir
Crédits
Artem Merzlenko
L'essai randomisé la nouvelle arme médiatique de Big Pharma, contre l’éthique dans la Covid-19
Artem Merzlenko

A l'heure où Le Lancet a battu le record mondial de la fake news dans le cadre d'un conflit d'intérêt extraordinaire par rapport à l'usage de l'hydroxychloroquine tout devient surréaliste et il est impossible d'aborder un tel sujet sans risquer l'hilarité générale à défaut de déclencher l'ire de nos concitoyens. Pour le grand public la cause est entendue et il est à présent difficile de captiver le lecteur avec un sujet sur les conflits d'intérêts dans l'industrie pharmaceutique tellement ils sont devenus une pathologie banale de notre société.

La saga de l'hydroxychloroquine dans le monde 'impitoyable' de Big Pharma serait pittoresque si la situation n'avait été aussi dramatique.

L'essai randomisé l'arme médiatique contre l'éthique médicale

Les journalistes opérant sur les plateaux de télévision sont influencés par leurs intervenants  invités sur la base de critères inconnus des téléspectateurs. Il en résulte comme nous tentons de l'expliquer dans cet article que le concept d'essais cliniques dits contrôlé et randomisé (anglicisme du mot aléatoire) est devenu l'arme médiatique de Big Pharma à l'insu même des journalistes qui essayent d'adopter une attitude guidée par la raison. Cette réduction simpliste entre science médicale et essais cliniques randomisés a introduit un biais de raisonnement qui a permis ipso facto à une partie des médias audiovisuels et de la presse de transformer une controverse, qui paraît inappropriée par rapport au besoin d'action médicale urgente, en dénigrement du combat mené par le Pr Raoult à l'IHU - Méditerranée Infection de Marseille.

Force est de constater qu'un excès d'éthique scientifique mal maîtrisée finit par nuire à l'éthique médicale.

Pourtant si il y a quelqu'un qui connaît les maladies infectieuses et la manière de les traiter c'est bien le professeur Raoult, légitimé par un parcours professionnel scientifique et une réputation internationale exemplaire. Cependant, il est contraint de rappeler lui-même cela ce qui est un comble dans un monde à l'envers qui semble marcher sur la tête et où une le jugement de la personnalité prime sur le fond d'une vie dédiée non seulement à la recherche médicale, mais aussi à soigner les gens !

L'essai contrôlé randomisé outil rigoureux indispensable de l'évaluation des nouveaux traitements en oncologie est devenu de façon totalement inappropriée un argument d'exclusion de  l'hydroxychloroquine et du Pr Raoult en contradiction totale  de l'éthique médicale et en opposition à l'intelligence humaine si l'on considère qu'un nombre considérable de pays s'en servent de façon quasi prophylactique, du moins dès les tous premiers symptômes en affichant considérablement moins de décès qu'en France, comme la Grèce ou le Maroc entre autres. Une revue indienne a par ailleurs publié le 29 mai une étude conduite sur 751 membres du personnel soignant (médecins et personnel infirmier) démontrant de façon statistiquement très significative que le risque de contracter la maladie au proche contact des patients hospitalisés en réanimation était 25 fois inférieur en prenant régulièrement de l'hydroxychloroquine à raison d'une dose raisonnable de 400 mg par semaine, l'effet de protection se faisant sentir à partir de la 5ème semaine.

Quant à lui, le Pr Raoult exprime qu'il n'aurait pas été éthique en tant que médecin de faire un essai randomisé et d'attendre des dizaines de décès éventuels dans un bras placebo pour conclure à l'efficacité de son traitement. Les essais randomisés sont acceptés dans le domaine médical mais ils ne sont en principe pas possible contre un simple placebo dans le bras de référence selon le principe que l'on doit garantir à tout patient une prise en charge thérapeutique correspondant au meilleur traitement standard du moment, cela afin d'éviter qu'il ne soit laissé sans soin.

C'est un des grands principes de la protection des patients participant à une recherche biomédicale protégés par des lois (loi Huriet-Sérusclat de 1988 complétée par la loi Jardé n° 2012-300 du 5 mars 2012 relative aux recherches impliquant la personne humaine).

Dans le cas du COVID-19 il n'y a justement aucun traitement standard de référence, hormis celui que peut préconiser un médecin en son âme et conscience en suivant ce que lui dicte le serment d’Hippocrate et ses connaissances médicales dans le seul intérêt du patient et de sa guérison ou à défaut de son bien-être. Comme il l'a expliqué plusieurs fois lui-même le Pr Raoult ne pouvait décemment dire à un groupe de patient : "désolé mais je ne vous soigne pas", en attendant de vérifier que le traitement qu'il pense le plus approprié marche. Le traitement employé par le Pr Raoult n'est donc que la mise en œuvre la plus raisonnable qui soit du serment d'Hippocrate. 

Son traitement n'est pas le résultat d'un fantasme, mais fondé sur sa très grande expérience du traitement des maladies respiratoires virales en France et ailleurs dans le monde. De plus il n'a cessé de répéter que ce traitement n'était efficace qu'au début des symptômes.

Big Pharma a donc presque réussi à inverser les rôles en tentant de dicter avec l'aide des média interposés la conduite d'un professeur de médecine envers ses patients. En fait c'était surtout à elle qu'il incombe de démontrer la supériorité des nouvelles molécules coûteuses qu'elles proposent par rapport à l'hydroxychloroquine + azithromycine. Force est de constater qu'un excès d'éthique scientifique mal maîtrisé et mal compris de la presse a probablement nuit à la santé publique en France car de nombreux médecins auraient souhaité prescrire le traitement préconisé par le Pr Raoult à des malades dont une partie non négligeable n'auraient peut-être pas évolué vers une hospitalisation avec 18% de chance de pas s'en sortir vivant (seulement 12% dans les Bouches du Rhône).

 

A suivre demain : l'essai randomisé un outil indispensable pourtant au coeur de conflits d'intérêts ordinaires.

 

 

Valère Lounnas est un ancien chercheur scientifique au laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) d'Heidelberg. Sa spécialité était l'étude théorique des protéines et de leur fonction. Il a travaillé ensuite dans l'industrie pharmaceutique  à la conception de médicaments assistée par ordinateur (CMAO) avant de devenir rédacteur médical.

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