Le Nobel de médecine 2023 attribué aux chercheurs qui ont permis les vaccins ARNm

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France-Soir
Publié le 02 octobre 2023 - 19:35
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Katalin Kariko et Drew Weissman
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JUAN PABLO RICO / AFP
La biochimiste hongroise Katalin Kariko et le médecin-scientifique américain Drew Weissman, prix Nobel de médecine 2023.
JUAN PABLO RICO / AFP

C'est la nouvelle de la journée : ce lundi 2 octobre, les chercheurs Katalin Kariko et Drew Weissman se sont vus récompensés du prix Nobel de médecine 2023 pour leurs travaux sur l'acheminement de l'ARN messager dans le corps humain. Un message du comité Nobel ?

"L'Assemblée Nobel du Karolinska Institutet a décidé aujourd'hui d'attribuer le prix Nobel de physiologie ou de médecine 2023 conjointement à Katalin Karikó et Drew Weissman, pour leurs découvertes concernant les modifications des bases nucléosidiques qui ont permis la mise au point de vaccins ARNm efficaces contre le COVID-19", annonce le comité Nobel dans son communiqué de presse du jour.

Ils ne sont pas les inventeurs de l'ARN messager (ARNm), mais ce sont eux qui ont permis son acceptation par le corps humain, ouvrant ainsi la porte à la création des vaccins anti-Covid.

En 1961, ce sont François Jacob et François Gros qui découvrent l'ARNm à l'Institut Pasteur. Alors que le marché de l'innovation médicale est concentré sur la thérapie génique, les premiers essais cliniques ont lieu dans les années 90. Encourageants, mais pas parfaits : "Les biotechs devaient résoudre deux difficultés pour utiliser l'ARNm en médecine. D'une part, il est instable et très rapidement éliminé par l'organisme. Il fallait trouver le moyen de le rendre un peu plus solide, sans pour autant induire des effets toxiques comme c'est arrivé lors des premiers essais. Il devait avoir le temps de produire son effet thérapeutique, mais le corps du patient devait rester capable de l'éliminer en quelques jours. Autre défi à relever, l'ARNm injecté devait arriver là où il serait utile : dans le système immunitaire pour un vaccin, ou sur les tumeurs pour un traitement contre le cancer. On appelle cela la bio-distribution.", expliquait Maria Duca, chargée de recherche CNRS à l'Institut de chimie de Nice.

Pendant ce temps, la Hongroise Katalin Kariko s'acharne sur son projet : prouver que l'on peut soigner les maladies en poussant le corps à fabriquer ses propres médicaments. En 2005, avec l'Américain Drew Weissman, ils parviennent à trouver la solution pour que l'ARNm soit accepté par le corps : le modifier. Dans son communiqué de presse, le comité Nobel explique avec enthousiasme : "Les résultats sont frappants : la réponse inflammatoire [du corps envers l'ARNm - NDLR] a été pratiquement supprimée lorsque des modifications de base ont été incluses dans l'ARNm." Et de conclure : "En découvrant que les modifications de base réduisaient les réponses inflammatoires et augmentaient la production de protéines, Karikó et Weissman ont surmonté des obstacles majeurs sur la voie des applications cliniques de l'ARNm."

Victoire ! L'ARN messager est devenu le moyen de donner au corps les outils pour qu'il produise lui-même ses protéines de défense. Il s'agit bien de thérapie génique. Création d’une entreprise, dépôt de brevets, rencontres avec certains chercheurs intéressés par la technologie... jusqu'en 2020, où leur travail est consacré par la preste mise au point des vaccins anti-Covid.

Depuis trois ans, l'efficacité et la dangerosité de ces vaccins sont débattues ; malgré tout, les politiques sanitaires se reposent dessus. La semaine dernière, Elon Musk relayait une vidéo mettant en exergue la pluie d'informations (ou désinformations) qui nous est tombée sur la tête à ce sujet, montrant bien que le sujet est loin d'être clos.

C'est pourtant ce que retirent aujourd'hui les journaux de cette nomination. En citant un immunologue, Libération titre un article de ce jour : Prix Nobel de médecine : « Il y a eu des débats sans fin sur le vaccin anti-Covid, le sujet est clos par le Nobel ». Était-ce l'objectif du comité ? En 1965, le prix Nobel de médecine était attribué à André Lwoff, Jacques Monod et François Jacob (qui ont travaillé sur l'ARNm avec François Gros) "pour leurs découvertes concernant le contrôle génétique de la synthèse des enzymes et des virus". Plus d'un demi-siècle après, ce sont les chercheurs qui ont permis l'application médicale in vivo de l'ARNm et la création des vaccins qui sont récompensés.

A priori, cette biotechnologie et son potentiel médical nous réservent encore beaucoup de surprises.

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