Vitesse à 80 km/h : le gouvernement inflexible face à la grogne

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Par Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 07 mars 2018 - 18:31
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Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à l'Elysée à Paris, le 7 mars 2018
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© ludovic MARIN / AFP
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à l'Elysée à Paris, le 7 mars 2018
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Malgré la grogne, le gouvernement ne fera pas marche arrière: la vitesse sera bien limitée à 80 km/h sur les routes secondaires sans séparateurs de voie le 1er juillet, mais cette mesure impopulaire sera réexaminée en 2020.

L'exécutif a tenu à couper court aux appels à aménager cette décision annoncée début janvier par le Premier ministre Edouard Philippe pour "sauver 300 à 400 vies par an".

"Le dispositif prévu" sera mis en œuvre, a affirmé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Mais, a-t-il confirmé, une évaluation sera faite deux ans plus tard sur son "efficacité", c'est-à-dire sur la base du nombre d'accidents que la réduction de la vitesse de 90 km/h à 80 km/h aura permis d'éviter.

Depuis l'annonce par M. Philippe, le mécontentement n'a cessé de monter et contribue à expliquer la baisse sensible d'Emmanuel Macron et du Premier ministre dans les sondages, selon les instituts. C'est l'un des facteurs d'impopularité de l'exécutif, "avec la hausse de la CSG, des prix du tabac et des carburants", avancent des proches du pouvoir.

A l'aide de manifestations ou de pétitions, la bataille est menée sur le terrain par les associations de motards et d'automobilistes, mais aussi de nombreux élus des régions rurales.

"C'est une mesure inégalitaire, injuste et inefficace. Arrêtons d'emmerder les gens !", a lancé le député de la Manche Philippe Gosselin (LR) mercredi dans les couloirs du Palais Bourbon.

Christian Jacob, patron des députés LR, y voit un nouveau manque de considération du pouvoir à l'égard des territoires ruraux, "plus concernés que les territoires urbains".

La semaine dernière, 28 présidents de départements avaient appelé le gouvernement à appliquer plutôt la mesure au "cas par cas", surtout sur les axes accidentogènes.

Même des élus LREM montent au créneau, à l'image de Benoît Simian, député de Gironde, qui propose de limiter la vitesse uniquement pour les routes "où il n'y a pas de marquage au sol".

- 'courage' -

Cette réduction de la vitesse, qui concernera 400.000 km de routes, ne figurait pas dans le programme électoral d'Emmanuel Macron, mais Benjamin Griveaux a démenti tout désaccord entre le président et son Premier ministre.

"Il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette" entre eux, a affirmé le porte-parole.

"On savait que c'était une décision difficile à prendre (...) C'est le courage du Premier ministre de la porter", explique l'Elysée. Mais "il y a encore de la pédagogie à faire".

Dès janvier, Edouard Philippe avait anticipé "la mauvaise humeur" des automobilistes et accepté d'être "impopulaire" au besoin "pour sauver des vies".

Son entourage plaide la patience, en notant que les précédentes décisions, comme le permis à points, avaient également été impopulaires avant d'être acceptées.

Le nombre de morts sur les routes est reparti à la hausse (3.477 tués en 2016) depuis le plus bas historique de 2013 (3.268). Selon les chiffres officiels, les routes à double sens hors agglomération ont, en 2016, concentré 55% des accidents mortels (1.911 tués).

Le Premier ministre a pris appui sur les résultats de deux ans d'expérimentation à 80km/h réalisée sur 86 km de routes nationales entre 2015 et 2017.

AFP Factuel, blog de "fact-checking" de l'AFP, a pu confirmer après vérification le caractère positif de cette expérimentation en termes d'accidentalité, tout en obtenant des résultats moins probants que ceux initialement annoncés. Ces nouveaux résultats concordent avec ceux mis à jour mi-février par l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière.

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