Accompagnement des chômeurs : Pôle emploi a du boulot

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Par Déborah CLAUDE - Paris (AFP)
Publié le 20 juin 2019 - 10:07
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Une personne reçue dans une agence Pole Emploi à Montpellier en janvier 2019
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© PASCAL GUYOT / AFP/Archives
Une personne reçue dans une agence Pole Emploi à Montpellier en janvier 2019
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A côté des mesures décriées sur l'indemnisation des chômeurs, l'exécutif promet des moyens et du changement chez Pôle emploi pour mieux les accompagner, un effort salué unanimement, même si beaucoup reste à faire pour traduire ces annonces.

Sur les effectifs de l'opérateur public, le gouvernement a clairement changé de pied puisqu'il ne cachait pas il y a plusieurs mois qu'il pourrait diminuer ses effectifs si le chômage baissait.

Une mission avait même été confiée à l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) en juin 2018 pour voir comment, concrètement, indexer une diminution des effectifs de l'opérateur public sur une baisse éventuelle du nombre de chômeurs.

Finalement, rien de tout ça: il y aura 1.000 conseillers de plus, en CDD sur trois ans, et ce alors que le chômage reflue timidement. Pôle emploi vient de connaître trois années de baisse des effectifs, dont 800 pour 2019 sur un effectif d'environ 50.000 personnes.

D'après les calculs de l'exécutif, les gains de productivité liés au numérique et la diminution du chômage en cours vont permettre de dédier 4.000 conseillers à l'accompagnement des demandeurs d'emploi.

Cet effort représente 350 millions d'euros, selon le gouvernement. Il s'agit de CDD, ce qui peut paraître paradoxal alors que l'un des objectifs affichés de la réforme présentée mardi est de lutter contre la précarité.

Pour David Vallaperta, élu CFDT (1er syndicat) au comité central d'entreprise de Pôle emploi, cela correspond à ce que disent les syndicats depuis des mois: les effectifs ne sont pas suffisants et le nombre de chômeurs par conseiller grossit.

Une enquête diffusée samedi par Radio France affirmait d'ailleurs que l'opérateur minimise le nombre de dossiers par conseiller. "C'est une enquête qui nous conforte sur la sous-estimation des portefeuilles (nombre de dossiers par conseiller, ndlr)", explique M. Vallaperta, interrogé par l'AFP.

A l'heure actuelle, il existe trois types d'accompagnement: suivi (pour les plus autonomes), guidé (pour un appui régulier, téléphonique ou physique) et renforcé (pour les moins autonomes), pour lesquels la direction fixe des plafonds par conseiller (respectivement 70, 100 à 150, 200 à 350).

"Tous les plafonds sur le nombre de demandeurs d'emploi par conseiller explosent sur tous les territoires et ce alors que ces moyennes sous-évaluent largement la taille réelle du nombre de demandeurs d'emploi par conseiller", pouvait-on lire sur un argumentaire intersyndical qui circulait fin 2018.

- Service rendu "dégradé" -

Un rapport parlementaire publié récemment avait aussi eu la dent dure.

"L'exercice imposé par les contraintes budgétaires consistant à faire sans cesse plus ou mieux avec moins est dans une impasse: les conditions de travail des conseillers et le service rendu aux usagers sont trop souvent dégradés", insistait ainsi le député LR Stéphane Viry. Il jugeait "indispensable de cesser l'hémorragie d'effectifs" et demandait plus de moyens. Le renfort de 1.000 CDD annoncé mardi est par conséquent bien accueilli.

Autre changement: deux demi-journées d'accompagnement intensif pour les demandeurs d'emploi qui le souhaitent, dans le mois de leur inscription à Pôle emploi. Il existe actuellement un entretien d'environ 45 minutes après l'inscription. Le directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, avait d'ailleurs plaidé pour cette évolution.

"On va faire un accompagnement comme on n'a jamais fait", a vanté mercredi Muriel Pénicaud, la ministre du Travail.

Autre nouveauté: les personnes qui cumulent emploi et chômage pourront être prises en charge par des opérateurs privés. 1,7 million de personnes cumulent, et 800.000 d'entre elles sont indemnisées.

"Cela va peut-être permettre de réduire certains portefeuilles", estime M. Vallaperta, néanmoins "mitigé" sur ce volet. "L'histoire de l'accompagnement par des prestataires extérieures n'a pas toujours donné de bons résultats", explique-t-il.

Dans son rapport, M. Viry avait réclamé un audit "exhaustif" sur les modalités de recours aux sous-traitants", réclamant plus de transparence en la matière.

Pôle emploi sera attendu sur la mise en place concrète de ces nouvelles mesures dans les prochaines semaines.

"Il ne suffit pas de mettre la parole magique +accompagnement+ pour que tout change d'un claquement de doigt", résume M. Vallaperta.

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