Sécu : des promesses qui pèsent sur le budget 2020

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Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 21 août 2019 - 19:23
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Un aide-soignant, qui avait été filmé en train de frapper et insulter une dame de 98 ans dans sa chambre d'Ehpad à Arcueil, a été condamné à cinq ans de prison ferme
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Le budget de la Sécurité sociale pour 2020 inclura "de l'argent pour les Ehpad", a indiqué mercredi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn
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Ehpad, hôpitaux, retraites, pensions alimentaires... Le gouvernement a égrené ces derniers mois des promesses qui pèseront sur le budget de la Sécu pour 2020, sans préciser pour l'instant comment il entend réduire un déficit qui s'est creusé cette année.

La liste des annonces gouvernementales s'est encore allongée mercredi: la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a assuré que le prochain budget de la Sécurité sociale inclurait "de l'argent pour les Ehpad", où "ce qui manque aujourd'hui, c'est du personnel".

Des moyens supplémentaires qui viendront "en anticipation de la loi sur le grand âge et l'autonomie" prévue pour la fin de l'année, comme l'avait indiqué le Premier ministre en juin.

Edouard Philippe avait en effet évoqué "une première étape", avec "des investissements dans les Ehpad" et "des mesures favorisant le maintien à domicile" des personnes âgées.

Sur ce second volet, Mme Buzyn avait déjà promis de "créer un congé de proche aidant indemnisé", y compris dans des situations de handicap ou de maladie.

Le budget de la Sécu pour 2020 instaurera aussi un nouveau mécanisme de recouvrement des pensions alimentaires, qui pourront être "automatiquement prélevées" par les caisses d'allocations familiales (Caf) "dès juin 2020", selon l'engagement de M. Philippe.

Par ailleurs, une enveloppe financière est prévue pour les services de protection maternelle et infantile (PMI), d'après le secrétaire d'Etat à la Protection de l'enfance, Adrien Taquet.

D'autres rallonges sont attendues à l'hôpital, avec une nouvelle hausse des crédits pour améliorer la qualité des soins et une "refonte" du financement de la psychiatrie, planifiée par Mme Buzyn "jusqu'en 2022".

Pour parachever cette accumulation, Emmanuel Macron a lui-même annoncé en avril de nouveaux gestes en faveur des retraités: l'an prochain, les pensions "de moins de 2.000 euros" seront à nouveau revalorisées au niveau de l'inflation et le minimum garanti pour une carrière complète sera fixé à 1.000 euros par mois.

- "Retour à l'équilibre" -

Une prodigalité dont l'exécutif a jusqu'à présent omis de détailler la facture. Rien que pour les deux mesures avancées par le chef de l'Etat, "le coût total est estimé à 1,5 milliard d'euros et détériorera d'autant le solde de la Sécurité sociale", a mis en garde la Commission des comptes au début de l'été.

De quoi compliquer l'équation budgétaire pour un gouvernement échaudé: il y a moins d'un an, il tablait sur un historique retour à l'équilibre en 2019, avant que sa prévision ne se fracasse sur la réalité du ralentissement économique.

Au lieu d'un léger excédent, la Sécu devrait enregistrer cette année un déficit d'au moins 1,7 milliard d'euros, contre 1,2 milliard en 2018.

L'addition pourrait même se corser jusqu'à 4,4 milliards, si l'Etat ne compense pas les coûteuses concessions aux "gilets jaunes" (CSG réduite pour certains retraités, exonération des heures supplémentaires).

Pour redresser la barre, le budget 2020 définira une nouvelle "trajectoire de retour à l'équilibre", reposant sur "des mesures d'économies pas trop drastiques", expliquait en juin la directrice de la Sécurité sociale, Mathilde Lignot-Leloup.

Dans la foulée, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, affirmait que "l'objectif reste inchangé" pour la Sécu, à savoir "l'équilibre des comptes d'ici 2022".

Mais depuis, il n'a dévoilé qu'une seule piste d'économies: un coup de rabot de 400 millions d'euros sur une niche sociale, la déduction forfaitaire spécifique, qui réduit les cotisations patronales dans certains secteurs comme le BTP, l'aviation ou les médias.

Même en ajoutant le déremboursement partiel de l'homéopathie, qui passera de 30% à 15% au 1er janvier, et les hausses programmées des prix du tabac en avril et en novembre, l'exécutif sera encore loin du compte.

Et la taxe sur les boissons "premix" envisagées par certains députés de la majorité, si elle voit le jour, ne suffira sans doute pas à sortir du rouge.

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