"Valérian" : Luc Besson repart dans le cosmos (VIDÉO)

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Jean-Michel Comte
Publié le 26 juillet 2017 - 04:42
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Cara Delevingne Dane DeHaan Film Valerian
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Pas sur cette photo, mais Dane DeHaan et Cara Delevingne, dans les rôles de Valérian et Laureline, sont convaincants quand ils sourient et se chamaillent.
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Luc Besson n'a pas peur des Américains: les Français aussi savent réaliser des films de science-fiction à gros budget. Il le prouve avec son dernier film qui sort ce mercredi dans les salles, "Valérian et la cité des mille planètes", adaptation de la bande dessinée (française) parue en 1967 et film le plus cher jamais réalisé en France.

Vingt ans après Le cinquième élément, Luc Besson est de retour dans l'espace. Il réalise un rêve de gosse en adaptant au cinéma, dans Valérian et la cité des mille planètes (sur les écrans ce mercredi 26), la BD de science-fiction créée il y a un demi-siècle par le scénariste Pierre Christin et le dessinateur Jean-Claude Mézières. 

L'histoire commence aux alentours de l'an 2710. La planète Mül, petit paradis peuplé des Pearls, êtres longilignes, au ventre plat et aux traits fins, éternellement jeunes et pacifiques et dont la seule activité est de pêcher des perles source d'énergie, est détruite par une explosion nucléaire déclenchée par des humains en guerre.

Trente ans plus tard, le major Valérian (Dane DeHaan), agent spatio-temporel rusé et courageux, part en mission avec le sergent Laureline (Cara Delevingne), déterminée et indépendante. Ils doivent d'abord se rendre sur la planète désertique de Kirian, où ils sont chargés d’infiltrer le Big Market, vaste marché capharnaüm mi-réel mi-virtuel, et de mettre la main sur le dernier représentant de l’espèce des transmuteurs, sorte de petit rat sympathique aux pouvoirs extraordinaires, originaire de Mül.

Puis Valérian et Laureline débarquent sur Alpha, la gigantesque station spatiale connue dans toute la galaxie sous le nom de "Cité des mille planètes", peuplée de 30 millions d'habitants de plus de 3.000 espèces différentes, dont 9 millions d'êtres humains. Ils sont chargés d'assurer la sécurité du commandant Arun Filitt (Clive Owen), le chef militaire d'Alpha. Mais celui-ci est enlevé par un groupe de survivants Pearls qui ont lancé une attaque éclair, et Valérian et Laureline tentent alors de le retrouver. Ils vont rencontrer beaucoup d'obstacles, affronter des créatures étranges, et découvrir une vérité cachée…

"À l’âge de 10 ans, je me rendais chez le marchand de journaux tous les mercredis. Un jour, j’ai découvert un magazine intitulé Pilote, où on trouvait la BD Valérian et Laureline. Je me suis dit: +Mais qu’est-ce que c’est?+ Ce jour-là, je suis tombé amoureux de Laureline et j’ai aspiré à devenir Valérian", explique Luc Besson qui, devenu cinéaste et producteur, rêvait depuis des années d'adapter au cinéma cette BD qui, dit-on, a beaucoup inspiré la série des Star Wars.

Il a mis les grands moyens pour y parvenir, avec un budget estimé aux alentours de 180 millions d'euros (selon Luc Besson), ce qui en fait le film le plus cher jamais tourné en France. Car, grâce au crédit d'impôts, il a tenu à ce made in France et a fait travailler 1.500 personnes sur sept des neuf plateaux de tournage de la Cité du Cinéma qu'il a ouverte en 2012 à Saint-Denis dans la banlieue parisienne.

Au-delà des spectateurs français, Luc Besson vise le public international, avec le but de faire entrer Valérian dans le top-5: derrière son film Lucy avec Scarlett Johansson, plus gros succès de l'histoire d'un long métrage français à l'étranger (52,3 millions d'entrées), qui devance Taken-2 (produit par Luc Besson, 47,8 millions d'entrées), Intouchables (44,2 millions) et son Cinquième élément (43,4 millions, dont 7,7 millions en France).

Enjeu économique mais aussi enjeu artistique. Si le statut de producteur de Luc Besson n'est contesté par personne, ses qualités de réalisateur ont souvent amené la presse –contrairement au public– à faire la fine bouche. Pour ce Valérian, il continue de vouloir plaire aux spectateurs plutôt qu'aux critiques: "Je veux que les gens qui bossent toute la journée aillent voir ce film et oublient tout pendant deux heures, comme s’ils étaient partis en vacances", dit-il.

Pari réussi. On en prend plein les yeux, et pas seulement à cause des effets spéciaux. L'univers de la BD adapté par Besson donne ici une série de personnages et créatures dont on avait déjà eu un avant-goût dans Le cinquième élément mais qui prennent ici encore plus de place sur Alpha, cette Cité des mille planètes, centre névralgique de la galaxie, dont le réalisateur explique qu'"on y trouve l’intégralité des connaissances de l’univers. C’est Wall Street, la Cité des Sciences, l’ONU, et Broadway réunis. C’est l’endroit le plus important de tout l’univers".

Les décors, les personnages et les scènes d'action n'ont rien à envier aux Star Wars, Star Trek, Gardiens de la galaxie et autres Transformers, même si Besson en fait parfois un peu trop dans l'opulence. Parmi les milliers d’espèces qui grouillent sur Alpha, le spectateur découvre ainsi au fil de l'histoire la méduse Mylea, translucide et extralucide, dans laquelle Laureline plonge la tête pour en savoir plus; des gigantesques Bromosaures aquatiques de 300 tonnes; le très gras et très antipathique Igon Siruss, cerveau d’une organisation criminelle de Big Market; les Doghan Daguis, qui fonctionnent en trio (un seul cerveau pour trois corps), mesurent 1,20m, parlent 8.000 langues et sont au courant de tout; une troupe de soldats mécanisés nommés K-Trons, qui servent de garde rapprochée au commandant Filitt; les répugnants et adipeux glamopodes Boulan-Bator, pas futés, petite tête et gros corps, yeux oranges globuleux…

Et puis il y a quelques êtres humains, quand même: Valérian, interprété par l'acteur américain Dane DeHaan (remarqué dans le rôle d'ennemi juré de Spiderman dans The Amazing Spiderman: le destin d'un héros en 2014), et Laureline, qui a les traits du mannequin britannique Cara Delevingne (dont le premier rôle important au cinéma était La face cachée de Margo en 2015). Dès le début du film, Valérian, bad boy séducteur, demande en mariage Laureline, plus sage et adepte de la fidélité: "L’enjeu du film n’est pas seulement de sauver l’univers, il s’agit aussi pour Valérian de convaincre Laureline qu’ils sont faits pour passer le reste de leur vie ensemble", explique Dane De Haan.

Quand ils abandonnent l'air sérieux qu'ils prennent sur l'affiche avec le même regard de pigeons drogués, les deux jeunes acteurs s'en tirent fort bien, jouant sur l'humour et se chamaillant comme des ados amoureux tout au long du film plutôt que d'insister sur le charisme et les scènes d'action.

Ils sont entourés de seconds rôles dont le plus marquant et le plus original est celui interprété par la chanteuse Rihanna: Bubble, mi-humaine mi-méduse, artiste de cabaret transformiste (Luc Besson s'est fait plaisir dans une séquence étonnante, sorte d'hommage à Liza Minelli) qui devient l’alliée de Valérian et joue un rôle décisif dans sa mission de sauvetage. Il y a aussi Clive Owen, dans le rôle du commandant Arun Filitt, hanté par son passé trouble; Ethan Hawke, qui incarne le proxénète de Bubble; Herbie Hancock, le ministre de la Défense; Alain Chabat, qui joue Bob le Pirate, un fantasque pilote de sous-marin de poche.

Et puis Luc Besson a demandé à plusieurs réalisateurs amis de jouer les figurants, que les spectateurs s'amuseront à reconnaître –attention, c'est au générique de début: Louis Leterrier (Le Transporteur, L'incroyable Hulk), Benoît Jacquot (Les enfants du placard, Les adieux à la reine), Olivier Megaton (Taken-2 et 3), Éric Rochant (Un monde sans pitié, Möbius), Gérard Krawczyk (Taxi-2, 3 et 4, Fanfan la Tulipe) et Xavier Giannoli (Quand j'étais chanteur, Marguerite). Il y a vraiment de tout dans la Cité des mille planètes…

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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