EELV : David Cormand prend la tête d'écologistes divisés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 12 juin 2016 - 12:33
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David Cormand
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©Jacques Demarthon/AFP
"Je ne suis d'aucune faction et je les combattrai toutes", a déclaré David Cormand après son élection.
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Europe Écologie-Les Verts est parvenu samedi à se mettre d'accord sur une nouvelle direction, proche de la précédente, en élisant David Cormand à sa tête lors d'un Congrès présenté comme "un nouveau départ" après des mois de déchirements.

In extremis, la motion menée par David Cormand, 41 ans, a réussi à fusionner samedi 11 avec celle conduite par Sandrine Rousseau et Alain Coulombel, qui sont tous deux devenus du même coup secrétaires nationaux adjoints, une nouveauté dans le parti qui a fait l'objet de moult négociations. La fusion de leurs motions a obtenu 60,05% des 389 délégués présents samedi à Pantin.

"Notre mission est de fixer un cap pour l'avenir, un cap différent du national populisme, du libéralisme échevelé ou du culte du productivisme", a déclaré M. Cormand lors de son premier discours de secrétaire national, même s'il occupait cette fonction depuis février après le départ surprise d'Emmanuelle Cosse au gouvernement.

Parlant d'un Congrès "âpre", "rude" mais aussi "catharsis", il a promis: "je suis là pour tout changer", manifestement ému. "Je ne suis d'aucune faction et je les combattrai toutes: il n'y aura ni clique, ni claque, ni bande, ni contre-bande, ni coterie, ni fan-club, ni firme", a-t-il encore lancé à la salle, en référence au "clan" que formaient, selon leurs détracteurs, Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé et leurs proches.

La nouvelle direction collégiale va désormais s'atteler à une réforme des pratiques du parti, en généralisant désormais la consultation des adhérents pour "les décisions stratégiques". Elle va également devoir décider dans les prochains mois de son positionnement pour les échéances électorales de 2017, sachant que ce Congrès a d'ores et déjà acté une rupture totale avec le parti socialiste.

Le texte majoritaire (11 élus sur 15 au bureau exécutif) promet en effet de soutenir "un candidat émanant d'EELV ou de la société civile" sur la base d'un projet pour la présidentielle. Aux législatives et aux sénatoriales, il garantit "une stratégie claire, validée par les adhérents, excluant tout accord, même technique, avec l'appareil du PS".

Sandrine Rousseau a en revanche défendu à la tribune le principe de "discuter avec les partis de gauche". M. Cormand a souligné la "responsabilité" des écologistes de "faire exister une troisième voie entre la gauche sociale-démocrate épuisée et l'opposition de gauche protestataire".

Rien n'est donc encore défini, une candidature écologiste restant envisagée, notamment celle de Cécile Duflot qui ne s'en cache pas ou du député européen Yannick Jadot, si toutefois Nicolas Hulot décidait de ne pas y aller.

"A un moment, il y a le social-populisme qui tire vers le fascisme ou la réinvention d'un projet partagé autour de l'écologie", a commenté Mme Duflot devant les journalistes, évoquant aussi brièvement les "grandes qualités" de M. Cormand.

Du côté de l'aile gauche du parti, ça grinçait beaucoup samedi. "On a tenté jusqu'au bout de construire une alternative, ça a buté sur la reconduction de l'équipe sortante et sur la question de l'autonomie d'EELV", a regretté Élise Lowy, dont la motion a remporté près de 16% des suffrages.  La liste de l'aile droite, qui considère qu'il ne faut pas rompre totalement avec les socialistes, a engrangé un peu moins de 15% des votes.

EELV a été très affaibli par les divisions internes depuis la décision de Cécile Duflot et de Pascal Canfin de ne pas intégrer le gouvernement Valls en mars 2014. Des dizaines de départs, souvent fracassants, d'élus et de figures du parti, se sont succédé ces derniers mois, jusqu'à la décision surprise de Mme Cosse d'accepter un ministère.

La récente explosion du groupe écologiste à l'Assemblée nationale a achevé d'acter la désunion. Le Congrès a par ailleurs longuement applaudi trois élues EELV, Elen Debost, Sandrine Rousseau et Annie Lahmer, toutes très émues, qui ont accusé publiquement il y a un mois le député Denis Baupin de harcèlement et d'agression sexuelle. "Notre mouvement est celui de femmes admirables", leur a rendu hommage M. Cormand à la tribune.

 

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