Emmanuel Macron : l'iconoclaste ministre avance ses pions, la présidentielle 2017 dans le viseur

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 mars 2016 - 08:34
Image
Emmanuel Macron.
Crédits
©Christian Hartmann/Reuters
Emmanuel Macron "est là aujourd'hui et il fera sans doute autre chose demain", dit ténor de la droite parlementaire.
©Christian Hartmann/Reuters
Prenant régulièrement à contre-pied les décisions d'Hollande et Valls, chefs d'un exécutif dont il est membre, et attaquant plus souvent encore les "totems" de son camp, que cherche Emmanuel Macron? Pas grand chose, disent en substance ses détracteurs, tandis que ses troupes, qui se structurent, assurent qu'il "n'est pas à proprement parler à la manœuvre". Pour l'instant?

Dans un paysage politique à gauche complètement fracturé, l'iconoclaste Emmanuel Macron avance discrètement ses pions, soucieux d'incarner une gauche "moderne" dans la perspective de 2017 et au-delà. Selon L'Obs jeudi 3, le ministre de l'Economie réunit régulièrement depuis l'automne à Bercy "quelques conseillers ministériels, son épouse et plusieurs industriels", une équipe qui prépare l'avenir, y compris selon l'hebdomadaire dès la prochaine présidentielle.

Près de deux ans après son arrivée à Bercy, la technique de séduction singulière de Macron, à gauche comme à droite, commence à être bien rodée. Alliance de spontanéité souriante et de condamnation décomplexée de thèmes présentés comme des tabous de la gauche. Mais le fait-il avec l'objectif de concurrencer le président François Hollande en vue de 2017, ou seulement de peser sur les débats en cours dans une gauche explosée, y compris au sein du Parti socialiste?

Après avoir distillé sa remise en cause des 35 heures, du statut des fonctionnaires, du principe d'un mandat électif en politique, il ne s'est jamais privé de critiquer, discrètement, certains choix du couple exécutif. Ainsi l'insertion dans la Constitution de la déchéance de nationalité pour les personnes convaincues de terrorisme ou, plus directement dirigée contre le Premier ministre Manuel Valls, l'idée que la société française a sa "part de responsabilité" dans la radicalisation. Autre pique, il assure à L'Obs qu'il aurait "pu signer en partie" la charge au vitriol de Martine Aubry accusant le gouvernement de mener à l'"affaiblissement" de la France.

Mais, à force de placer l'exécutif en situation inconfortable, il s'est régulièrement fait rappeler à l'ordre. Dépossédé de sa "loi sur les nouvelles opportunités économiques", dont les mesures ont été fondues dans les textes de Myriam El Khomri et de Michel Sapin, il a symboliquement été rétrogradé de deux rangs dans l'ordre protocolaire du gouvernement lors du dernier remaniement.

Jeudi, il s'est invité dans le débat sur le "Brexit", expliquant qu'en cas de sortie de l'Union européenne, le Royaume-Uni ne devrait pas s'étonner que la France ne retienne plus les migrants à Calais. Des interventions qui ont le don d'agacer certains de ses collègues, à commencer par le ministre des Finances Michel Sapin, qui l'accuse d'empiéter sur les plates-bandes de ses collègues. "Les initiatives individuelles, aussi intelligentes soient-elles, on doit les laisser de côté", avait ainsi lâché M. Sapin après que M. Macron eut proposé un fond franco-allemand pour les réfugiés… sans concertation avec le gouvernement.

Petit protégé du secrétaire général de l'Elysée Jean-Pierre Jouyet et proche de François Hollande qu'il a conseillé à l'Elysée les deux premières années du quinquennat, que cherche l'ancien banquier d'affaires?

"A partir du moment où vous avez une fragmentation telle à gauche, dès que vous avez deux élus avec vous, vous êtes le patron d'une grande entreprise", commente un élu proche du Premier ministre. Pour lui, Macron, "c'est l'actualité du jour" qui aura disparu le lendemain. Un constat partagé par un ténor de la droite au Parlement: "Il est là aujourd'hui et il fera sans doute autre chose demain".

Interrogé sur les ambitions du tout jeune ministre, un de ses proches, le député PS Richard Ferrand minimise au contraire. "Il ne faut pas sur-interpréter les choses, différentes initiatives se mettent en place assez spontanément pour soutenir son action ou ses idées, ces initiatives-là sont indépendantes de sa propre action à la tête du ministère", assure-t-il à l'AFP.

Certes, le collectif "Les jeunes avec Macron", qui réunit 2.900 adhérents, a annoncé cette semaine le lancement d'un think tank "la Gauche libre" visant à "peser dans les débats de 2017". Mais il se défend d'avoir des contacts directs avec Emmanuel Macron et ne se veut ni un parti politique ni un fan club. Le ministre accueille "ces soutiens avec sympathie, avec plaisir, toutes les bonnes volontés qui veulent faire avancer le débat, le nourrir, sont les bienvenues, mais il n'est pas à proprement parler à la manœuvre en amont", certifie M. Ferrand.

 

À LIRE AUSSI

Image
Macron-Ministre-Economie
Loi Travail : "il est important de pouvoir tout expliquer, tout dépassionner", estime Macron
Quelques heures après l'annonce du report du projet de loi Travail, porté par Myriam El Khomri, Emmanuel Macron a expliqué qu'il ne souhaitait pas "forcément de change...
29 février 2016 - 21:43
Politique
Image
Emmanuel Macron Manuel Valls
Valls : des tensions avec Macron ? "C'est entièrement faux"
Manuel Valls a démenti toute mésentente avec son ministre de l'Economie Emmanuel Macron, ce mardi matin sur RTL. "J'ai de la chance" de l'avoir, a-t-il martelé, disant...
23 février 2016 - 12:48
Politique
Image
Nicolas Hulot buste sérieux
Hulot, Macron et Valls ont la plus forte cote d'avenir des personnalités de gauche
Dans un sondage réalisé par l'Ifop pour le "JDD", Emmanuel Macron, en poste depuis moins de 2 ans, arrive à égalité avec le Premier ministre. Nicolas Hulot est la pers...
31 janvier 2016 - 11:43
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.