"Salles de shoot" : le Sénat dit "oui"
Le débat a été passionné, mais les rangs clairsemés. Lors de l'examen du projet de loi santé, jeudi 17, les sénateurs ont voté le maintien de l'article 9 du texte, portant sur l'expérimentation des salles de consommation de drogue à moindre risque, ou "salles de shoot", durant six ans maximum. Déjà validé par l'Assemblée nationale en avril dernier, cet article devrait ainsi être maintenu en seconde lecture.
"Les salles de shoot ne soignent pas et ne sevrent pas, mais banalisent et facilitent l'usage des drogues dures", a critiqué le sénateur Les Républicains de l’Hérault, Jean-Pierre Grand, partageant la position d'une majorité d'élus de son groupe et cité par Public Sénat. Un point de vue critiqué toutefois par les rapporteurs du texte Alain Milon et Catherine Deroche, eux aussi sénateurs LR.
"L'essentiel est, pour moi, que les toxicomanes pourront y rencontrer des addictologues. Si ce dispositif permettait de sauver ne serait-ce qu'un toxicomane par an, dans chaque hôpital de France, il serait fondé", a ainsi dénoncé Alain Milon, président de la commission des Affaires sociales. Puis de reprocher à son camp de vouloir "supprime(r) les salles de shoot sans proposer d'autres solutions".
"Il s'agit d'une expérimentation", a pour sa part rappelé la ministre de la Santé Marisol Touraine. Reprenant l'argument d'Alain Milon, elle a également souligné que "ces salles accueilleront des publics très précarisés, très éloignés des soins". Leur ouverture a ainsi un objectif de santé publique, tout en permettant qu'il y ait "moins de nuisances sur la voie publique, moins de dépendance, moins de toxicomanes", a enfin ajouté le sénateur PS Yves Daudigny.
A l'issu d'un débat plus passionné qu'à l'accoutumée pour la Chambre haute, les sénateurs ont voté à main levée "contre" les amendements supprimant l'expérimentation des salles de consommation de drogue à moindre risque. Bien que majoritaires, les sénateurs de droite ont en effet brillé par leur absence, laissant leurs homologues de gauche plus nombreux. Seule modification notable apportée au projet: les "salles de shoot" devront être intégrées à un établissement de santé, afin d'être supervisées par du personnel médical.
Annoncée depuis plusieurs années maintenant, la première "salle de shoot" légale en France devrait voir le jour début 2016. Confiée conjointement à l'association Gaïa, spécialisée en prévention et en soins de la toxicomanie, et à l'hôpital parisien Lariboisière, cette salle devrait être installée dans l'enceinte de ce centre hospitalier situé dans le 10e arrondissement.
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