A 18 ans, ils iront voter pour la première fois, sans illusion
Doriane, Glawdys, Chloé, Tristan ou encore Paul ne se retrouvent pas dans le système politique actuel et croient en une "démocratie participative". "Désenchantés", ces lycéens bretons iront quand même voter à leur première élection présidentielle, au printemps prochain.
"Aujourd'hui, on essaye de voter pour le moins pire", se désole Tristan Dufée, étudiant en BTS Gestion et protection de la nature au lycée agricole de Saint-Aubin-du-Cormier, près de Rennes. "Les jeunes votent à contrecœur. Ils éliminent les candidats qui ne leur correspondent pas, donc c'est un choix par défaut", poursuit le jeune homme qui est allé voter à la primaire à gauche.
Doriane Delalande acquiesce. "Je suis pour une démocratie participative. Les gens doivent donner plus leur avis". "Un État dirigé par des citoyens pour les citoyens", renchérit Tristan. Le jeune homme étaie son idée: les Islandais "se sont rendus compte que les politiques ne faisaient que des coups dans le dos. Ils ont réussi à les mettre dehors. Et ce sont les citoyens, renouvelés constamment par tirage au sort, qui décident en créant des lois", argumente le lycéen dont la famille "s’intéresse beaucoup à la politique".
Paul Pincé, qui prépare un bac pro Conduite et gestion de l'exploitation agricole, suggère "une VIe république". Il a été assidu aux débats des primaires de gauche comme de droite: "c'est intéressant de voir les différentes personnes, leurs programmes", explique cet élève. Son préféré: Benoît Hamon. Ce qu'il a retenu de son programme ? "Le revenu universel et la légalisation du cannabis". Cette légalisation, "il est le seul à vraiment en parler; en France, c'est assez tabou. Quand on voit ce que cela a apporté aux États-Unis, ça peut être assez bénéfique".
Une fois son bac en poche, Paul souhaite travailler dans la culture des céréales et sa crainte porte sur "certaines idées de l'extrême droite, surtout au niveau agricole" avec les attaques portées contre les aides européennes. Les préoccupations de Glawdys Panaget sont autres: "tout ce qui touche la migration". Elle admet être influencée par ses parents dans ses choix.
Sur l'échiquier politique, la lycéenne bretonne "arrive à différencier la droite et la gauche". "Je sais de quel côté je suis", poursuit l'élève qui souhaite garder son vote secret. Chloé Decopons, en Première Aménagement paysager, discute aussi de la présidentielle avec ses parents: "ils m'aident un peu, me disent: celui-là est bien, celui-là non".
A 18 ans, elle ne se sent pas encore "mûre" dans sa réflexion et n'est pas favorable à l'abaissement du droit de vote à 16 ans comme proposé par Jean-Luc Mélenchon ou Thierry Solère, avant qu'il ne devienne porte-parole de François Fillon. "Déjà qu'à 18 ans, on ne sait pas pour qui voter (...) ! C'est trop tôt, à 16 ans on s’intéresse à autre chose qu'à la politique", juge la primo-votante.
En internat au lycée de Saint-Aubin, Chloé regrette que les candidats "parlent beaucoup du chômage mais sans proposition". Elle ira pourtant voter tout comme Doriane qui vient de fêter ses 18 ans: "Il y a des gens qui critiquent mais qui ne vont pas voter", s'indigne-t-elle.
Pour Tristan, l'environnement est "le thème primordial du 21e siècle". Il reproche aux différents candidats dont il a épluché les programmes de ne pas assez l'aborder. "On est dans un monde où tout va de travers et si on ne s'en inquiète pas maintenant, ça sera trop tard demain", prévient le jeune homme de Saint-Malo. Glawdys, en terminale Gestion des Milieux Naturels et de la Faune et qui pense "travailler dans la police de l'environnement" est tout aussi "inquiète".
Dans l'ensemble, ces élèves en lycée agricole jugent la classe politique coupée du monde ouvrier. Tristan ne mâche pas ses mots. "Si on les mettait dans des conditions réelles de travail comme les maçons ou les agriculteurs, ils ne tiendraient pas une semaine! C'est facile de diriger, d'être dans un petit bureau!", affirme le lycéen.
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