2024, l’année où tout peut basculer sur la scène internationale

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France-Soir
Publié le 07 février 2024 - 12:29
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Année 2024 tournant ? Mehdi
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Arnaud Jaegers / Unsplash
Des élections se tiendront cette année dans 60 pays. Près de la moitié de la population mondiale sera appelée aux urnes. En France, les élections européennes seront organisées le 9 juin.
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MONDE - Va-t-on assister à un avant et un après 2024 ? Des élections nationales, dont des présidentielles, se dérouleront dans plus de soixante pays cette année. Près de la moitié de la population mondiale sera appelée aux urnes. Si la Russie ne promet pas beaucoup de surprises, Vladimir Poutine allant être réélu dans un fauteuil, sans doute dès le premier tour, les présidentielles américaines ou les élections européennes peuvent constituer un tournant dans l'ordre mondial actuel.

Taiwan et les îles Marshall ont déjà ouvert le bal. Le 13 janvier dernier, les Taïwanais ont élu un nouveau président. L’île est l’une des sources de tensions entre la Chine et les États-Unis. Pékin revendique tous les territoires administrés par Taïwan, officiellement appelée République de Chine, tandis que Washington, qui refuse que le statu quo soit rompu par la force et qui ne reconnaît pas Taïwan comme un Etat, soutient militairement et financièrement l’Etat insulaire.

Les yeux tournés vers les États-Unis

C’est le candidat du parti au pouvoir, Lai Ching-te, qui est sorti vainqueur de cette élection, au terme d’une campagne marquée par des pressions diplomatiques et militaires chinoises. Le vainqueur, plus connu sous le nom de William Lai, est membre du Parti démocrate progressiste (PDP), favorable à l’indépendance. En réaction, Pékin a affirmé que le vote "n'entravera pas la tendance inévitable d'une réunification avec la Chine (...) Nous nous  opposerons fermement aux activités séparatistes visant à l'indépendance de Taïwan ainsi qu'à l'ingérence étrangère", avait-on commenté.

Sur le même continent, à l’intersection avec l'Europe, des présidentielles sont prévues en mars 2024. Elles se déroulent en Russie, où Vladimir Poutine s’est porté candidat à un cinquième mandat. Le président russe a annoncé sa candidature en décembre 2023, un peu plus de deux ans après avoir signé une loi lui permettant de rester au pouvoir jusqu’en 2026. D’autres candidats espèrent se présenter à la présidentielle, comme Boris Nadejdine ou encore Ekaterina Dountsova, tous deux opposés à la guerre en Ukraine, mais leurs dossiers ont été rejetés par les autorités administratives.

Même constat chez les Azerbaïdjanais, qui votent ce 7 février 2024 pour une élection présidentielle devant, une fois encore, sacrer l’indéboulonnable Ilham Aliev, au pouvoir depuis le décès de son père, en 2003.

Du côté ukrainien, des élections législatives étaient prévues en octobre 2023, avant une présidentielle cette année. Les deux scrutins ont toutefois été suspendus, en raison de la loi martiale. Celle-ci a été instaurée après l’invasion russe et pour le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, “l'heure est à la défense, à la bataille, dont dépend le sort de l'État et du peuple, et non à la farce, que seule la Russie attend de l'Ukraine. Je pense que ce n'est pas le moment pour des élections”. Un discours peu raccord avec les violons démocratiques dont l’exécutif ukrainien sait jouer pour soutirer de l’argent aux puissances occidentales qui passent absolument tout à Zelensky depuis deux ans…

Cette guerre ukrainienne, tout comme celle à Gaza, cristallise les confrontations idéologiques et militaires, entre l’Occident, mené par les États-Unis, et Moscou, très proche de Pékin et des puissances émergentes du Sud.

Premier pourvoyeur en armes et en liquidités de Kiev, Washington pourrait assister au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en novembre. Les deux adversaires de 2020, Biden et Trump, sont à nouveau candidats, Joe Biden pour sa réélection et son prédécesseur pour sa revanche. Si le premier ne devrait rencontrer aucun obstacle à la primaire démocrate, malgré les polémiques, dont l’une liée à son âge de 81 ans et à l’état de son cerveau, le second est presque certain désormais d’obtenir l’investiture républicaine. Restent les nombreux procès auxquels il est confronté.

Mais ces élections américaines se jouent déjà au Texas ainsi qu’au Congrès, où la crise migratoire bloque les financements pour l’Ukraine. Le locataire de la Maison-Blanche tente depuis deux mois de faire adopter un accord, auquel des Républicains, ne souhaitent pas entériner.

Vers une reconfiguration de l’Europe... et de ses priorités ?

Un retour à la présidence américaine de Donald Trump, qui a déjà évoqué la possibilité de réduire le soutien militaire à Kiev, inquiète les alliés des États-Unis, l’Europe en tête. Le continent organise justement des élections en juin et nombreux sont les partis qui dénoncent le soutien européen sans frein à la guerre. Selon Eurobaromètre, une “nette majorité d’Européens, soit 57%, sont intéressés par les prochaines élections européennes”.  

La situation est, elle aussi, tendue au sein de l’UE, en raison du vote en faveur d’une aide financière de 50 milliards d’euros à l’Ukraine. Viktor Orban, Premier ministre hongrois, y avait opposé son véto. En Slovaquie, le nouveau Premier ministre, Robert Fico, qui estime que  “l’Ukraine n’est pas un pays souverain et indépendant”, mais sous l’influence absolue des États-Unis”, a promis durant sa campagne d'arrêter de livrer des armes à l’Ukraine. Ces livraisons se poursuivent mais devons-nous nous attendre à un changement à l’issue des européennes ?

Les soutiens de l’Ukraine, dont, en tête, l’Allemagne et la France, devront pouvoir compter sur le soutien du Royaume-Uni, dont la Chambre commune devrait être dissoute au plus tard en décembre 2024. Bien que l’actuel Premier ministre, Rishi Sunak et les conservateurs jouent leur maintien au pouvoir face à des travaillistes qui creusent l’écart dans les sondages, les deux bords soutiennent Kiev sans réserve. Idem du côté de la Finlande, où les deux candidats du second tour de la présidentielle, le conservateur Alexander Stubb et l’écologiste Pekka Haavisto, partagent leur soutien à l’Ukraine et adoptent une position ferme contre Moscou.

De l’autre côté de l’Atlantique, les Mexicains devront choisir, pour la première fois de leur histoire, entre deux femmes, pour la succession de l’actuel président Andrés Manuel López Obrador. Le Venezuela, autrefois l’un des porte-voix des pays du Sud sous Hugo Chavez mais sujet, actuellement et depuis des années, à des crises politiques et économiques sous Nicolas Maduro, appelle ses citoyens à voter au second semestre 2024. L’actuel président n’a pas encore annoncé sa candidature ou non mais les opposants, à leur tête Maria Corina Machado, se retrouvent “neutralisés” par des décisions juridico-administratives.

Le statu quo chez les BRICS ?

Une autre puissance émergente organisera des élections cette année. Il s’agit de l’Inde, le pays le plus surpeuplé du monde et membre des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Les électeurs devront élire les 545 députés de la chambre basse du Parlement, dominée par le Bharatiya Janata Party du Premier ministre Narendra Modi.

Chez le voisin pakistanais, 128 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire jeudi 8 février leurs députés au Parlement et dans les Assemblées provinciales. Imran Khan,  ancienne star du cricket et Premier ministre de 2018 à 2022, semble avoir de sérieuses chances de remporter une majorité avec son parti, le PTI, malgré trois condamnations en une semaine en ce début d’année.

L’autre membre des BRICS, Pretoria, connaîtra également une présidentielle et les Sud-Africains devront décider du maintien ou non de Cyril Ramaphosa et de son parti, le Congrès national africain (ANC), ancien mouvement de libération de Mandela, actuellement seule contre tous les membres de la coalition au pouvoir. Reste à savoir si ce scrutin apportera des changements significatifs à la politique étrangère sud-africaine, mobilisée en faveur de la décolonisation.

Des présidentielles sont attendues à l’autre extrémité de l’Afrique, c’est-à-dire en Algérie, où le président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019, n’a pas officiellement annoncé sa candidature. Le pays, qui a exprimé sa volonté d’adhérer au BRICS en appelant à un "ordre mondial multipolaire” et des devises alternatives au dollar, ne figure pas parmi les 6 pays invités à adhérer à l’alliance. Au total, 49 % de la population mondiale est appelée à voter cette année.

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