Assassinat de Boris Nemtsov : des milliers de Russes dans la rue pour lui rendre hommage
Ils étaient 70.000 selon les organisateurs de la marche, 16.000 selon la police. Dimanche après-midi, des milliers de Russes ont défilé dans le centre de Moscou pour rendre hommage à Boris Nemtsov, l’opposant et ancien vice-Premier ministre assassiné dans la nuit de vendredi 27 à samedi à quelques mètres du Kremlin.
"Il est mort pour l'avenir de la Russie", "Je n'ai pas peur" ,"Il s'est battu pour une Russie libre", "Ses balles sont pour chacun d’entre nous", pouvait-on lire sur les pancartes de nombreux manifestants tandis que d’autres affichaient des panneaux où il était écrit "Pas de mots", "Les héros ne meurent jamais" ou encore "Je suis Boris Nemtsov" --à la manière de "Je suis Charlie".
Un homme politique ukrainien se serait fait arrêter par la police pour avoir porté un tee-shirt avec une photo de Nemtsov accompagnée d'un de ces messages. Sur son compte Facebook, Alexeï Gontcharenko, député de la Rada (Parlement) ukrainienne, a affirmé avoir été arrêté par la police russe à Moscou. "La police m'a arrêté. (...) Je ne criais aucun slogan, je ne portais aucune pancarte, aucun drapeau. Ils m'ont arrêté simplement pour un tee-shirt. Maintenant, ils m'emmènent au commissariat", a-t-il écrit sur le réseau social.
A Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, plus de 6.000 personnes se sont rassemblées pour honorer la mémoire de Nemtsov, selon la police. Des centaines de personnes ont également rendu hommage à l'opposant en province, notamment à Ekaterinbourg, dans l'Oural, et à Tomsk, en Sibérie.
L’opposition russe avait prévu une marche ce dimanche depuis déjà bien longtemps. Mais il s’agissait à l’origine de protester contre l’implication de la Russie dans le conflit ukrainien. Suite à l'assassinat de Boris Nemtsov, les responsables du rassemblement avaient décidé de la transformer en une cérémonie à sa mémoire.
Selon le comité d’enquête de Moscou qui a promis 3 millions de roubles (43.500 euros) pour toute information à propos du tueur, le meurtre de l’ancien vice-Premier ministre de Boris Elstine a été "minutieusement préparé". En attendant d’en savoir plus, les autorités ont annoncé étudier toutes les pistes: le crime politique comme la piste islamiste, Boris Nemtsov ayant reçu des menaces suite à son soutien au journal satirique français Charlie Hebdo.
La piste d’un assassinat lié au conflit ukrainien est également envisagée car, au moment de sa mort, l’opposant était en train de préparer un rapport détaillé sur la présence de soldats russes dans l’est de l’Ukraine, si l’on en croit le président ukrainien Petro Porochenko. Ce dernier a d’ailleurs tenu à faire part de sa tristesse. Pour lui, Boris Nemtsov "était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin". "Je pense que ce n'est pas par hasard ", a-t-il déclaré.
Quant à l’opposition russe, elle est dévastée."C'est un coup dur pour la Russie. Si les opinions politiques sont sanctionnées de cette manière, alors ce pays n'a plus d'avenir ", a déploré Sergueï Mitrokhine, un responsable de l'opposition, qui croit à l'assassinat politique. Un ancien ministre de Vladimir Poutine, Mikhaïl Kassianov, penche également pour cette hypothèse. Selon lui, cet assassinat était "le prix à payer pour le fait que Boris s’est battu pendant des années pour que la Russie devienne un pays libre et démocratique". "Au XXIe siècle, en 2015, un chef de l’opposition a été tué sous les murs du Kremlin. Cela dépasse l’imagination", a-t-il déclaré à la presse.
Peu de temps avant de mourir, Boris Nemtsov avait d’ailleurs confié au site russe Sobesednik.ru craindre "un peu" pour sa vie en raison de ses nombreuses prises de position contre Vladimir Poutine. Celui-ci, pour sa part, a assuré que "tout sera fait pour que les organisateurs et exécutants de ce crime lâche et cynique reçoivent le châtiment qu'ils méritent". "Boris Nemtsov a laissé son empreinte dans l'histoire de la Russie, dans la vie politique et celle de la société. Il a toujours ouvertement et honnêtement exprimé ses positions", a ajouté le président russe dans son message de condoléances à la mère de Boris Nemtsov. Son porte-parole a, dans un communiqué, parlé de "provocation" à propos de cet assassinat.
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