Les migrants à Calais ne souhaitent pas s'éloigner du Royaume-Uni

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 février 2016 - 18:43
Image
Des migrants dans la jungle de Calais.
Crédits
©Philippe Huguen/AFP
La plupart des migrants de la "jungle" de Calais, les yeux rivés vers l'Angleterre, n'entendent pas quitter les lieux.
©Philippe Huguen/AFP
Qu'importe la volonté de l'Etat: au lendemain d'une décision de justice ordonnant l'évacuation partielle du bidonville, la plupart des migrants de la "jungle" de Calais, les yeux rivés vers l'Angleterre, n'entendent pas quitter les lieux.

Depuis 8h30 vendredi, des maraudeurs mandatés par la préfecture font le tour des cabanes dans la zone sud, vouée à disparaître partiellement, pour proposer aux migrants une solution de mise à l'abri. Le camp s'est levé plus tôt que d'habitude, et on les écoute poliment: "on les connaît, les solutions, mais on ne veut juste pas partir", dit ainsi Abou, 32 ans.

Dans le sillage de ces maraudeurs, quelques associatifs et des militants No Border critiquent les propositions de l'Etat. Parmi eux, la chef de mission du "centre juridique" située dans la "jungle", Marianne Humbersot.

"Nous demandons l'ouverture d'un dialogue avec les associations locales et d'une vraie réflexion, et pas simplement des discours vides de sens. Nous ne voulons pas de +jungle+, mais, nous voulons que les solutions soient humaines", proteste-t-elle, alors que le tribunal administratif de Lille a validé jeudi un arrêté préfectoral sur l'évacuation partielle de la zone sud du bidonville.

A 11h30, un bus en direction notamment du Centre d’accueil et d’orientation (CAO) de Saint-Brieuc s'ébranle. A bord: cinq migrants seulement. "Quatorze étaient prêts à partir, mais quelques activistes No Border les ont empêchés...", explique la préfecture.

Dans ce secteur de la jungle où vivent 800 à 1000 migrants selon la préfecture mais 3.450 selon les associations, l'option du Centre d'accueil provisoire (CAP), des conteneurs en dur capables d'abriter 1500 personnes mais où vivent déjà quelque 1200 migrants, ne fait pas plus recette. "No center, no center, no good, no good", crie Ahmid, 33 ans, faisant référence à ce lieu d'accueil. S'il s'y rend, Ahmid est sûr qu'il sera "fiché". Une allusion à l'empreinte de la main requise pour entrer, même si ma préfecture assure que celle-ci n'est pas conservée.

Ahmid n'y croit pas, alors il restera dehors: "C'est la vie, je vais quitter ma cabane, mais j'irai dans l'autre partie de la +jungle+, puis après j'irai ailleurs à Calais, dans un champ, un squat ou sous un pont", affirme-t-il, résigné à vivre ainsi jusqu'au jour où il rejoindra l'Angleterre.

Dans le quartier soudanais, Djamal, 26 ans, affirme aussi qu'il ne quittera pas la "jungle". "Nous allons dormir dans une autre partie. Nous ne voulons pas nous éloigner de notre objectif, alors nous n'allons pas quitter Calais, on ne reculera pas maintenant", explique-t-il.

"Les réfugiés ont tellement l'habitude d'être chassés, que finalement, ils sont assez philosophes. Nous sommes plus scandalisés qu'eux, mais ça ne veut pas dire qu'ils sont prêts à bouger", commente Maya Konforti, bénévole à l'Auberge des migrants.

Abdullah, 27 ans, en témoigne. Il restera dans la cabane qu'il a construite avec son frère et quelques bénévoles tant qu'il n'aura pas traversé La Manche. Certains de ses amis, dit-il, ont "abandonné l'idée de rejoindre la Grande-Bretagne". "Ils sont partis ailleurs en France et ont demandé l'asile, mais nous, nous continuons d'espérer, notre famille est là-bas, nous n’allons pas rester seuls ici", raconte-t-il dans un anglais courant qu'il explique avoir appris auprès des militaires américains en Afghanistan, lorsqu'il était dans l'armée afghane. "Un jour on sera en Angleterre, ça viendra", lance-t-il à son petit frère. "Nous essayons tous les soirs, par la route et par la mer", conclut-il, en coupant du bois pour allumer un feu et faire chauffer du thé.

À LIRE AUSSI

Image
La "Jungle de Calais", un bidonville.
L'expulsion de migrants de Calais validée, pas de mise à exécution immédiate
L'arrêté d'expulsion des migrants établis dans la zone sud de la "jungle" de Calais a été validé ce jeudi par le tribunal administratif de Lille, mais leur évacuation ...
25 février 2016 - 18:50
Société
Image
Dans la "Jungle" de Calais.
"Jungle" de Calais : la Belgique rétablit des contrôles à sa frontière avec la France
Afin de faire face à un éventuel afflux de migrants qui quitteraient la "jungle" de Calais pour rejoindre la Belgique, le gouvernement belge a annoncé le rétablissemen...
23 février 2016 - 19:47
Politique
Image
Dans la "Jungle" de Calais.
Démantèlement partiel de la "jungle" de Calais : pas de décision ce mardi
L’ultimatum du gouvernement pour évacuer la partie sud de la jungle de Calais n'expirera pas ce mardi à 20 heures. En effet, la justice ne rendra pas sa décision avant...
23 février 2016 - 14:11
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.