Strasbourg : le récidiviste qui a poignardé un sexagénaire juif écroué
ll avait crié "Allah Akbar!", mais la motivation terroriste n'a pas été retenue, au regard de son état psychiatrique. Mis en examen et écroué, l'auteur d'une agression au couteau, commise par un déséquilibré récidiviste contre un sexagénaire juif, vendredi 19 dans la rue à Strasbourg, sera poursuivi pour tentative de meurtre, six ans après avoir commis des faits identiques.
Au lendemain de l'agression, le parquet de Strasbourg a annoncé samedi 20 au soir dans un communiqué avoir ouvert une information judiciaire "pour tentative de meurtre sur une victime en raison de son appartenance réelle ou supposée à une race ou à une religion".
L'agresseur, un homme, âgé de 45 ans, "a été mis en examen par le juge d'instruction et il a été placé sous mandat de dépôt criminel (samedi) soir", a indiqué le parquet. D'après les premiers éléments, "aucune motivation terroriste n'a été établie", avait précisé le parquet vendredi.
Hospitalisée mais hors de danger, la victime, un retraité de 62 ans, père de trois enfants, s'était déclarée "choquée" et "miraculée" auprès d'un proche qui avait pu lui rendre visite après l'agression.
L'agression s'est produite vendredi peu avant midi dans une rue du quartier juif. La victime qui portait la kippa, était sortie de chez elle pour faire une course pour le shabbat (jour de repos dans le judaïsme), avant d'être attaquée d'un coup de couteau par son agresseur qui avait crié "Allah Akbar!" au moment de l'agression. Blessée, la victime avait sorti elle-même le couteau de son abdomen et av"Allah Akbar!"ait trouvé refuge dans une brasserie à proximité avant l'arrivée des secours.
L'agresseur présumé avait été interpellé par des témoins sans opposer de résistance, avant l'intervention de la police. L'auteur des faits, déjà condamné pour des faits similaires commis en 2010, faisait l'objet d'un suivi psychiatrique.
Après ces faits, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Colmar avait notamment prononcé un an d'interdiction de séjour à Strasbourg contre cet homme, et une interdiction de détenir une arme pendant 10 ans.
Le 11 janvier à Marseille, un enseignant juif portant la kippa avait été blessé à la machette par un adolescent se revendiquant du groupe État islamique.
L'agression de vendredi s'est produite alors que la France est traumatisée par une série d'attentats djihadistes, certains visant spécifiquement des juifs, comme celui mené contre un supermarché casher à Paris par Amedy Coulibaly, proche des auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo, en janvier 2015, ou le meurtre de trois enfants et un enseignant dans une école juive de Toulouse par l'islamiste Mohamed Merah en mars 2012.
Selon le parquet, au cours de son audition devant le juge, l'auteur de l'agression "a reconnu avoir sciemment porté atteinte à une personne appartenant à la communauté israélite". Il avait agi sur le même mode opératoire en commettant "des faits identiques", a souligné le parquet, le 30 avril 2010: cet homme avait attaqué dans le centre de Strasbourg une personne de confession juive qu'il avait alors passée à tabac et blessée à l'arme blanche, un quadragénaire qui portait lui aussi une kippa.
Il avait alors "fait l'objet d'une déclaration judiciaire d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental suivie d'une hospitalisation d'office" en décembre 2011, a expliqué le parquet strasbourgeois. Le parquet de Strasbourg avait à l'époque raconté que cet homme se disait "l'objet d'un complot des juifs" auxquels il attribue "tous les malheurs qui ont pu lui arriver dans la vie".
"Au-delà des antécédents psychiatriques très graves de l'agresseur, la nature antisémite de cet acte est avérée", a estimé le comité de Strasbourg du MRAP qui "condamne l’antisémitisme et plus généralement le racisme, quel qu’il soit, et d’où qu’il vienne".
Vendredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait appelé le grand rabbin de Strasbourg René Gutman pour lui exprimer sa solidarité.
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