Devant le Congrès américain, un officier du renseignement militaire évoque des programmes de rétro-ingénierie à partir d’une technologie "non humaine" (partie 2/2)

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Gilles Gianni, avec Jean Neige, France-Soir
Publié le 04 août 2023 - 16:20
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David Grusch
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Capture d'écran par photographie - Congrès des Etats-Unis d'Amérique
David Grusch, un officier du renseignement américain, et Ryan Graves, ancien pilote de F-18, ont été interrogés sous serment devant le Congrès américain.
Capture d'écran par photographie - Congrès des Etats-Unis d'Amérique

SCIENCE EXOGÈNE - PARTIE 1 - PARTIE 2/2 - Le 16 juillet dernier, David Grusch, un officier du renseignement américain, a été interrogé sous serment devant le Congrès. Selon cet ancien de l'US Air Force devenu un lanceur d'alerte, des officines gouvernementales camouflent l’existence de programmes de recherche. Leur but ? Pratiquer la "rétro-ingénierie", soit copier et reproduire de la technologie, en l'occurrence "non humaine". Comment ? Grâce à du matériel récupéré lors de crashs d’engins... "non terrestres". L’exopolitique fait-elle son coming out auprès du grand public ? 

Avant d'être interrogé au Capitole, David Grusch a livré auparavant une bonne partie de son témoignage à la presse. Le 5 juin 2023, tout d’abord auprès de deux journalistes, Leslie Kean et Ralph Blumenthal, des anciens du New York Times, dans The Debrief. Une interview vidéo a été donnée le lendemain à la chaîne d’information continue NewsNation. Le 7 juin 2023, l’ancien journaliste de Fox News Tucker Carlson a relayé le témoignage dans son émission sur le réseau social X, auprès d'une audience de plusieurs dizaines de millions d’internautes. 

Des enjeux considérables

L'officier se déclare visé par des représailles, ce qui l'a contraint à déposer une deuxième plainte. Les enjeux sont considérables. L’officier précise l'origine de ce matériel qui défie les lois de la physique : des accélérations à couper le souffle, faisant fi des éléments, de façon erratique, avec des changements de direction parfois en angle droit.

Il s'agit de "véhicules" à la technique d'origine "non humaine", "d'origine exotique non humaine qui ont atterri ou se sont écrasés". Autrement dit, dont l'état va des pièces détachées jusqu'à "vaisseau spatial" entier. Livré clef en mains ? Les États-Unis "sont en possession d'un 'bon nombre' de ces vaisseaux". Qui exactement ? "Le gouvernement, ses associés et des sous-traitants de la Défense". 

Une révélation hors norme elle aussi, appuyée sur l’expertise chimique d’objets dont la signature radiologique est "exogène", autrement dit qui ne provient pas de la Terre. Ce genre d’analyse, si elle était rendue publique, formerait une preuve indubitable d’une conception "non humaine", "extraterrestre ou inconnue". 

Rétro-ingénierie oblige, les recherches présumées sont parties de la morphologie des véhicules pour comprendre quelles pouvaient être les spécificités de ces alliages, métaux ou autres aux propriétés inconnues. Des véhicules qui peuvent être "intacts ou partiellement intacts" et qui auraient été à l'origine d’une "guerre froide secrète" dans le passé. Le début d'une course entre les superpuissances pour récupérer ces technologies fantastiques qui, une fois militarisées, offrent un avantage déterminant. Serait-ce déjà gagné pour les États-Unis ?

En tout cas, ces recherches mystérieuses en rétro-ingénierie ne sont pas de tout repos pour les militaires, scientifiques ou techniciens. "Beaucoup d'entre eux ont été blessés en regardant certains de ces trucs", déclare Grusch, qui détaille le danger de manipuler des matières aux propriétés inconnues, cause d’incidents "nucléaires, radiologiques et biologiques" jusque dans la chair des intervenants. 

Désinformation et "délinquance en col blanc"

Aux yeux de Grusch, une "campagne de désinformation sophistiquée" a été appliquée aux OVNIs. Le complexe militaro-industriel américain ne peut se permettre de perdre la main sur la question et applique "une domination féodale" sur le sujet, essayant simplement de s’en servir pour "alimenter la machine de guerre".

Une machine de guerre qui parfois s’enraye lorsqu’elle est confrontée à des forces au-delà du réel. En 1967, selon des vétérans de l’armée de l’air, dix missiles à tête nucléaires intercontinentaux situés dans la base aérienne de Malmstrom dans le Montana sont… désactivés alors qu’un UAP est observé au dehors du silo, un engin "contrôlé par une intelligence". 

David Grusch exprime lors de son audition une théorie souvent évoquée : des organismes non humains s'intéressent de près à l’état de la technologie nucléaire humaine, notamment consacrée à l’armement. Une façon de prévenir l’humanité qu’elle ne doit pas faire n’importe quoi en temps de guerre avec des armes capables de l’autodétruire ? Ou la crainte de voir des terriens parfois pas toujours sages disposer d’un pouvoir aussi destructeur ? Dans tous les cas de figure, le concept de la dissuasion nucléaire en prendrait un sacré coup… 

Le progrès n’est pas une longue voie lactée tranquille et une rétro-ingénierie cachée du grand public n’est pas partagée par tous. Ce qu’exprime l'officier du renseignement lors de son audition. "C'est complètement fou que l'humanité dans son ensemble, en particulier les citoyens américains (…), ne bénéficie même pas de vastes recherches à ce sujet pour résoudre les problèmes de propulsion, d'énergie, de nouvelle science des matériaux qui pourraient améliorer la qualité de vie des gens", dit-il. 

Une problématique aussi très terre à terre que cruciale apparaît ici. Elle explique peut-être le changement total de comportement des politiques à propos de cette thématique. Grusch évoque en effet "une criminalité en col blanc" (7) lors de son audition.

Faut-il comprendre que ces programmes secrets développent des applications directement brevetées dans le dos des citoyens ? Nous voilà ici replongés dans le film District 9 (8)… la science-fiction en moins, le droit en plus ! Il le laisse clairement entendre. Ses contacts lui ont fait part de "leurs préoccupations concernant une multitude d'actes répréhensibles, tels que des contrats illégaux en violation des Federal Acquisition Regulations (9) et d'autres délits ainsi que la suppression d'informations dans une base de données industrielle et universitaire qualifiée".  

Voilà qui pose un problème démocratique, voire civilisationnel. Si la découverte d’une technologie décisive dans le domaine de l’énergie bouleversait l’organisation sociale à l'échelle de la planète, que se passerait-il ? Voilà un élément qui pourrait faire plus peur aux dirigeants politiques que "les petits hommes verts".

Rencontre du troisième type

D’ailleurs, ceux-là, où en sont-ils ? "Naturellement, lorsque vous récupérez quelque chose qui a atterri ou qui s'est écrasé… parfois, vous rencontrez des pilotes morts et, croyez-le ou non, aussi fantastique que cela puisse paraître, c'est vrai", lance David Grusch.

Après Men in Black, District 9Rencontre du troisième type ? Ce film de Steven Spielberg de 1977 avait bénéficié comme conseiller technique de l’astronome américain Allen Hynek. Hynek était consultant scientifique auprès de l’US Air Force et membre du projet Blue book (10) lancé au début des années cinquante. L’objectif affiché de ce projet était d’expliquer les très nombreuses observations d'OVNIs par des pilotes de chasse après la Seconde Guerre mondiale.  

Alors que Hynek considérait au départ ce sujet des soucoupes volantes comme une aimable plaisanterie, l’écoute de nombreux témoignages et leur qualité commence à titiller le doute chez ce vrai sceptique : il y avait là matière à un sujet scientifique qui n’était pas compris tant il sortait des grilles de compréhensions de la physique connue.

L’Air Force était déjà très opaque à ce sujet : allez expliquer à un militaire en charge de la sécurité de son pays qu’il ne maîtrise pas une technologie adverse… Jusqu’à son lit de mort, Hynek confiera que les UPA et "la technologie extraterrestre" étaient réels.

Cela n’est pas l’avis de tout le monde. Shawn Kirkpatrick est le directeur du All-domain Anomaly Resolution Office (AARO), un organisme créé en juillet 2022. Dirigeant un programme de recherche (tout à fait officiel) autour des phénomènes aérien non identifiés au sein du Pentagone, ce dernier a affirmé qu'aucune preuve d’activité extraterrestre ou d’objets "fantastiques" n’est en possession des États-Unis jusqu'à maintenant. En somme, rien ne serait passé à la légendaire Zone 51 et point de crash de Roswell...

Kirkpatrick est rejoint par David Grinspoon, l’un des scientifiques présents à la première réunion publique de la NASA à propos des OVNIs : "À l'heure actuelle, nous n'avons aucune donnée explicite suggérant qu'il y ait une connexion entre les phénomènes anormaux non identifiés et la vie extraterrestre". 

Kirkpatrick reconnaît tout de même "50 à 100 rapports chaque mois" de phénomènes aériens non identifiés dont "2 à 5% posent problème". 800 cas ont déjà été collectés. La création même de l’AARO, par le ministère de la Défense, pose question.

Celle-ci fédère les efforts de détection, d’identification d’éventuels objets aériens ou maritimes à proximité des installations militaires. Signe qu’il ne faut plus rien négliger, y compris l’exopolitique et sa technique ? David Grusch en est convaincu. Et d'autres avant lui aussi (11).

Notes : 

(7) "At the very least, I saw substantiative evidence that white-collar crime was committed." 

(8) Dans ce film réalisé par le réalisateur Neill Blomkamp, un vaisseau spatial extraterrestre en panne et ses occupants échouent sur Terre. Des échanges de technologie apparaissent au gré de l’histoire, concernant notamment l’armement. 

(9) Soit les règles légales qui encadrent les acquisitions de matériel par les différents services du gouvernement américain.

(10) Pour de nombreux ufologues, dont l'essayiste Richard Dolan, le projet Blue Book n’était qu’un projet de façade, destiné à faire croire que l’armée prenait l’étude des PAN au sérieux. Les cas les plus troublants n'étaient pas retenus, selon lui.

(11) En 2019, un document intitulé le Memo Wilson est apparu, censé être la mise en forme de notes prises lors d’une conversation datant de 2002 entre un scientifique intéressé par les PAN, qui deviendra par la suite employé du Pentagone, et l'amiral Wilson, directeur de la Defense Intelligence Agency (Defense Intelligence Agency, DIA). Cette conversation évoque déjà explicitement les sujets abordés par David Grusch devant le Congrès. D’après le document, Wilson explique qu’en 1997, alors qu’il n’est que le directeur adjoint de la DIA, a cherché à auditer des "black programs" (voir note 6, ndlr) qui dépassent leur budget initial. Il découvre, selon ses propos, que l'un de ces programmes a été savamment dissimulé au milieu de trois autres qui s'occupent de rétroingénierie de vaisseaux d’origine extra-terrestre. Celui-ci serait géré par une des plus grandes sociétés aéronautiques américaines. Malgré ses fonctions, Wilson n'a pas été autorisé à en savoir plus : le droit d'auditer ce secteur ne lui pas été octroyé. D'après l'amiral, qui niera par la suite l'authenticité du mémo, la liste des personnes autorisées à en connaître les détails ne comprenait aucun représentant de la Maison-Blanche ou du Congrès, échappant totalement au contrôle des élus du peuple. Ce qui est l'inquiétude première de David Grusch à l'heure actuelle, corroborant de cette façon les informations du Memo Wilson.

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