Derrière les élections professionnelles dans les TPE, un bras de fer syndical CGT-CFDT

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 janvier 2017 - 13:28
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Mailly (FO) Berger (CFDT) et Martinez (CGT).
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Dans les TPE, la CGT compte conserver son leadership: "Nous resterons premier", a promis Philippe Martinez.
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Derrière les élections professionnelles dans les très petites entreprises se joue un bras de fer syndical pour la première place au niveau national interprofessionnel, actuellement occupée par la CGT et que la CFDT espère lui ravir.

Les deux organisations, CGT et CFDT, sont au coude à coude, selon la dernière mesure d'audience nationale réalisée en 2013: 26,77% des voix pour la CGT, 26% pour la CFDT, suivies de FO (15,94%), la CFE-CGC (9,43%) et la CFTC (9,3%). La prochaine mesure de représentativité nationale au niveau interprofessionnel --une organisation doit recueillir au moins 8% des suffrages exprimés pur être reconnue représentative-- sera publiée le 31 mars.

Elle sera basée sur les résultats des élections professionnelles dans les entreprises de plus de 11 salariés qui se sont tenues entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2016, et prendra aussi en compte les élections dans les TPE (moins de 11 salariés), qui ont eu lieu entre le 30 décembre et le 13 janvier (20 janvier dans les Outre-mer), dont les résultats seront connus le 3 février.

Dans les TPE, la CGT compte conserver son leadership: "Nous resterons premier", a promis Philippe Martinez, son secrétaire général, lors des voeux à la presse. Au précédent scrutin dans les TPE, en 2012, avec 29,54% des voix elle avait plus de dix points d'avance sur la CFDT (19,26%).

En revanche, pour la représentativité nationale au niveau interprofessionnel, Philippe Martinez se dit "lucide" sur les "handicaps" et "difficultés" de la CGT, qui a perdu du terrain dans plusieurs de ses bastions entre 2014 et 2016 (fonction publique, SNCF, Orange...). Dès avril 2016, il avait créé la surprise jusqu'au sein de ses troupes en disant craindre que la CGT ne soit "plus la première organisation syndicale" en 2017.

Neuf mois plus tard, il est encore plus alarmiste, expliquant qu'entre la CGT et la CFDT, il y a une "différence potentielle de 400.000 électeurs CFDT". "Quand 400.000 salariés peuvent voter pour la CFDT et pas pour la CGT, ça pèse dans les comptes finaux", confie-t-il. En 2013, "il y a avait un écart de quelques dizaines de milliers de voix entre la CGT et la CFDT et nous n'avons pas réussi à résorber ce différentiel d'électeurs", regrette-t-il.

La plus ancienne organisation syndicale, née en 1895, est très présente auprès des salariés en CDI, dans les PME, la fonction publique. Mais elle peine à recruter chez les jeunes, les précaires, et avoue être absente dans de grandes entreprises de plus de 1.000 salariés.

Mais quel que soit le résultat en mars, pas question pour ce syndicat, fer de lance de la mobilisation anti-loi travail, qui prône la semaine de 32 heures, de déroger à sa ligne contestataire et à son discours très à gauche. "Si nous passons deuxième, nous ne baisserons pas la barre de nos revendications", assure le secrétaire général.

Côté CFDT, son numéro un Laurent Berger "espère" le passage à la première place: "je travaille pour", dit-il, ajoutant, prudent: "je ne finis pas le match avant le coup de sifflet final", fin mars. Mais devenir le premier syndicat, "ce serait un choc dans le paysage syndical et social français".

L'enjeu de cette bataille n'est pas anodin. Fortes de leur audience, les organisations représentatives peuvent peser de tout leur poids dans les accords nationaux interprofessionnels. Passer à la première place donnerait "un surcroit de légitimité à la CFDT" dans ces négociations, estime Guy Groux, chercheur au Cevipof (centre de recherches politiques de Sciences Po).

Il voit aussi dans ce bras de fer un "symbole très fort puisque ce serait la toute première fois en France qu'un syndicat résolument réformiste se retrouverait à la première place". Frank Georgi, historien et spécialiste de la CFDT, le perçoit aussi comme "un tournant symbolique capital", rappelant que "la CFDT, héritière de la CFTC, s'est construite comme une anti-CGT et vivant pendant des décennies à l'ombre de la CGT".

 

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