Taxis, VTC, economie collaborative : Uber peine à installer son modèle en Europe

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 décembre 2016 - 13:04
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L'application Uberpop fait concurrence aux taxis.
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©Kai Pfaffenbach/Reuters
Les différentes activités d'Uber en Europe sont encore l'objet de critiques et de contentieux.
©Kai Pfaffenbach/Reuters
La plateforme américaine Uber est en conflit avec ses chauffeurs ce vendredi. Depuis son arrivée en Europe, la société de transports basée sur l'économie collaborative a connu de nombreuses difficultés, peinant à imposer son modèle face notamment à la réglementation des différents pays et à la grogne des taxis.

La plateforme américaine Uber, qui de Johannesburg à Jakarta, a suscité la grogne des taxis traditionnels et voit maintenant ses chauffeurs se retourner contre elle en France, a vu son activité réglementée en Europe et n'en a pas fini avec les contentieux.

 

> Les déboires d'UberPop

Ce service, mis en place par Uber à ses débuts, permet à des particuliers de travailler comme chauffeur en passant par l'application. Il a été interdit partout en Europe sauf en Suisse, en Norvège et au Danemark ainsi qu'en Pologne, en Estonie et en République tchèque.

En France, Uber a été condamné plusieurs fois pour son offre UberPop à des amendes pour pratique commerciale trompeuse et complicité d'exercice illégal de la profession de taxi. La plus élevée, en juin, se monte à 800.000 euros, dont la moitié avec sursis.

 

 > Une offre classique de VTC encadrée

Progressivement, les pays légifèrent pour soumettre les chauffeurs de VTC (voitures de transport avec chauffeur) professionnels à des obligations et encadrer leur activité.

En France, la loi Thévenoud (2014) a clarifié les prérogatives des taxis, VTC et du covoiturage, la maraude, c'est à dire prendre les clients à la volée, sans réservation préalable, étant réservée aux premiers. Pour avoir entretenu l'"ambiguïté" sur ce sujet, dans ses échanges avec les chauffeurs, Uber a été condamné à verser 1,2 millions d'euros à l'Union nationale des taxis (UNT).

Une nouvelle loi, du député socialiste Laurent Grandguillaume, adoptée cette semaine, précise les obligations des plateformes et leur interdit d'imposer des clauses d'exclusivité aux chauffeurs.

Au Portugal, le gouvernement veut les obliger à une formation de 30 heures, avoir un véhicule de moins de huit ans et souscrire une assurance.

En Espagne, les conducteurs de VTC doivent désormais être dotés d'une qualification professionnelle.

 

> Les relations d'Uber avec les taxis

L'arrivée d'Uber a déclenché dans nombre de capitales européennes la colère des taxis (Paris, Londres, Bruxelles, Madrid, Lisbonne, Rome...).

Mais la start-up, présente dans 29 pays européens (une soixantaine dans le monde), affirme réussir à "travailler avec les taxis dans un nombre croissant de pays, sur des modes de fonctionnement spécifiques à chaque ville". En Europe: la Grèce et l'Allemagne.

A Berlin, plus de 1.000 chauffeurs de taxis sont inscrits sur l'application Ubertaxi.

En France, le Conseil Constitutionnel a estimé en janvier qu'un chauffeur de taxi peut aussi exercer comme VTC. Selon Uber, c'est le cas de plus de 1.000 chauffeurs.

 

> Les contentieux en cours

La justice britannique a donné raison à des chauffeurs qui réclamaient un salaire minimum et le droit à des vacances et indemnités en cas de maladie.

En France, l'Urssaf, qui collecte les cotisations sociales, poursuit la plateforme afin de requalifier en salariés ses chauffeurs aujourd'hui considérés comme des indépendants, faisant valoir le "lien de subordination" entre eux.

Au Danemark, des poursuites pénales sont en cours pour complicité d'activité illégale, suite à la condamnation d'un chauffeur pour infraction à la législation sur les taxis.

 

> La position libérale de l'UE

"Vous ne pouvez pas totalement interdire une activité seulement pour protéger un modèle économique existant" : c'est la position de la commission européenne, qui a appelé les pays membres à "saisir les opportunités" de "l'économie collaborative" dans laquelle elle classe Uber, alors que plusieurs pays la considèrent avant tout comme une multinationale.

Suite à la plainte d'une association de taxis espagnols, la cour européenne de justice doit décider si Uber est "un service de la société d'information" et peut bénéficier du principe européen de "libre prestation des services".

La plateforme américaine a elle-même porté plainte auprès de l'UE en 2015 contre la France, l'Allemagne et l'Espagne après l'interdiction dans ces pays d'UberPop.

Uber a aussi porté plainte auprès de la Commission européenne après avoir dû quitter la Hongrie, faute de disposer d'un centre d'appel, comme imposé par une nouvelle loi. 

 

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