Chute vertigineuse de l'action Toshiba : un an d'efforts anéantis par un micmac nucléaire

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 décembre 2016 - 10:20
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"Le groupe n'échappera pas à une réorganisation de son activité nucléaire", tranchait jeudi un article très critique du Nikkei.
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L'action de Toshiba continue de chuter de manière vertigineuses, ayant perdu successivement 12%, 20% puis 17% depuis mardi à la Bourse japonaise. Un an après un scandale sur ses comptes, l'entreprise avait réussi à reprendre le dessus, avant qu'un micmac sur sa filiale nucléaire ne viennent la mettre à terre.

Plombée par des coûts mal évalués sur la construction de réacteurs aux Etats-Unis, l 'activité nucléaire de Toshiba ruine un an d'efforts pour effacer un désastreux scandale comptable. Lundi 26 au matin, un porte-parole de Toshiba annule soudainement une interview du patron prévue le jour même, sans donner la moindre raison.

Le lendemain, tout le monde comprend. Le groupe annonce ce qui est pour lui la pire nouvelle de l'année: un risque de pertes massives, chiffrées en milliards de dollars, liées à son activité nucléaire aux Etats-Unis.

A vrai dire, si Toshiba a érigé les équipements pour la production d'électricité parmi ses piliers d'activités, au côté des mémoires flash notamment, la direction n'a jamais cessé de s'interroger sur le destin de la partie nucléaire.

Il y a un an, le précédent PDG par intérim, Masashi Muromachi, confiait à la presse "réfléchir à un partenariat dans le domaine de l'énergie nucléaire au Japon", secteur malmené depuis l'accident de Fukushima en mars 2011.

Cette catastrophe a mis à mal la stratégie de Toshiba dans l'archipel, où il ne peut espérer de commandes de nouvelles unités à court terme.

Pour autant, le groupe est resté optimiste pour l'étranger, où il agit en double, sous sa propre marque, et avec Westinghouse, une société américaine qu'il a rachetée en plusieurs fois, jusqu'à monter à plus de 80% du capital.

L'actuel patron, Satoshi Tsunakawa, rencontré en petit comité en juin, indiquait alors espérer pour le groupe "construire 45 réacteurs dans les 15 années à venir (dont huit déjà commandés), grâce à la nécessité de réduire les émissions de CO2 et du fait des besoins en énergie des pays émergents".

Toshiba a eu beau avoir dessiné un profil attractif pour Westinghouse, il n'a jamais réussi à trouver un acheteur de la part minoritaire qu'il souhaitait revendre.

Et l'an passé, le groupe a laissé sa filiale mettre la main sur CB&I Stone & Webster (S&W) pour prendre le contrôle intégral de projets nucléaires aux Etats-Unis. Dès le départ, Westinghouse avait prévu des dépréciations, mais ces dernières avaient été évaluées à seulement 870 millions de dollars.

En cause, les frais de construction de quatre tranches en Géorgie et en Caroline du Sud, projets attribués en 2008 à Westinghouse mais dont CB&I Stone & Wester (S&W) faisait aussi partie au sein d'un consortium. Ensuite, Westinghouse a confié en janvier dernier une partie du travail à un sous-traitant, la société Fluor Corporation.

Las, comme l'explique dans une note la maison de courtage SMBC Nikko, ultérieurement, du fait de changements dus aux mesures de sûreté plus strictes requises depuis l'accident de Fukushima, "Fluor a signifié à Westinghouse une augmentation des coûts de construction de ces réacteurs nucléaires. Westinghouse a rapporté ces éléments à Toshiba début décembre".

Avant même d'avoir ces données probantes de Fluor, Westinghouse était déjà en conflit ouvert avec Chicago Bridge & Iron, le vendeur de S&W, qu'il accuse d'avoir minimisé les charges réelles de ces projets. L'affaire a été portée devant la justice par Chicago Bridge & Iron qui plaide sa bonne foi.

Cet imbroglio est un nouveau coup dur qui, en Bourse et aux yeux du public du moins, ruine en trois jours tous les efforts entrepris par Toshiba depuis un an pour faire oublier un retentissant scandale de malversations comptables révélé mi-2015. Il avait même laissé miroiter en novembre des résultats annuels bien meilleurs que prévu.

"Le groupe n'échappera pas à une réorganisation de son activité nucléaire", tranchait jeudi un article très critique du Nikkei.

Le patron, dont le ton optimiste de l'été a disparu, a d'ailleurs laissé entendre lui-même mardi lors d'une conférence de presse que pourrait être revue la place stratégique accordée aujourd'hui au nucléaire: "à l'heure actuelle, nous n'avons pas pris de décision, mais à l'avenir c'est une possibilité".

 

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