Feuilleton des incohérences, épisode 6 : dérives sectaires, complotisme et démocratie

Auteur(s)
Caroline Porteu, pour FranceSoir
Publié le 04 novembre 2022 - 15:45
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Backès
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AFP/Pool/Raphael Lafargue
Sonia Backès, secrétaire d'Etat à la Citoyenneté, le 2 septembre à Evry-Courcouronnes (Essonne).
AFP/Pool/Raphael Lafargue

TRIBUNE - Madame Sonia Backès, secrétaire d’État à la Citoyenneté, a annoncé le 2 novembre que le gouvernement va organiser « des assises des dérives sectaires et du complotisme ».

Cette annonce montre la détermination de ce gouvernement à décrédibiliser ou faire taire toute expression ne relevant pas de sa propre idéologie. Aujourd’hui minoritaire au sein d'une Assemblée qu’elle contourne à coups de 49.3, elle souhaite aller un cran plus loin pour ne pas perdre définitivement la bataille des idées. Quoi de mieux que sortir ses adversaires du champ de bataille en les associant au camp du mal ?

Déjà, il faudrait demander à Madame Backès quelle définition souhaite-t-elle donner à ces « dérives sectaires ». Le 20 mai 1999, le Sénat et le ministère de l’Intérieur ont spécifié qu’il n’y avait pas lieu de légiférer sur les sectes en tant que telles, expliquant qu'il était impossible de les définir d’un point de vue juridique, pas plus que les religions, puisque la République « ne reconnaît aucun culte ». Par conséquent, seuls des comportements déviants pouvaient être qualifiés par non-respect de la loi ou des codes qui encadrent la vie de la collectivité (santé, travail, Sécurité sociale…). Le texte du Sénat peut être consulté ici.

Pour préciser un peu plus la notion de « phénomène sectaire », la Miviludes (organisme d’État en charge de cette surveillance) nous rappelle les articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (cf : voir dans l'annexe de cette tribune les articles 4, 10, et 11), qui rappellent les quelques rares restrictions à la liberté d’opinion et d’expression dont il est rappelé qu’elles sont « un des biens plus précieux de l’Homme ». En quelques mots : ne pas nuire à autrui, permettre à chacun de jouir des mêmes droits, ne pas troubler l’ordre public.

Miviludes nous donne également une définition de « la dérive sectaire » :

« Il s'agit d'un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l'ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société. »

Ainsi, en présentant ces futures assises, Madame Backès crée volontairement une association entre dérive sectaire et ce qu’elle appelle « complotisme », qui devient lui-même l’équivalent d’une dérive sectaire. 

Là aussi, attachons-nous aux définitions qui sont importantes pour nos libertés et nos démocraties.

Que nous dit le Larousse :  Complotisme – nom masculin : « Manière d’interpréter tendancieusement les évènements propres aux complotistes ».

Par extension, on peut dire également, et ce fut l’objet de mon dernier texte sur le sujet, que toute interprétation qui diverge des doxas en vigueur est taxée de complotisme, car elle remet en question des affirmations médiatiques ou gouvernementales, pourtant pas toujours fondées.  

En réalité, le terme « complotiste » dorénavant utilisé pour décrédibiliser ou empêcher tout débat démocratique sérieux en refusant d’écouter les arguments des opposants, aujourd’hui suspects de déviance morale ou psychologique, et peut-être demain de déviance sectaire, est une invention astucieuse pour détourner l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme sur la libre communication des pensées et des opinions.

Alors, où est la dérive sectaire ? Ne serait-ce pas plutôt l’État, en interdisant l’expression de certaines opinions, ou en censurant toute opinion divergente, qui se montrerait sectaire, voire courrait le risque d’une dérive totalitaire, selon la définition qu’en a donné Hannah Arendt ? Ainsi, lorsque l’État français censure volontairement des médias comme RT France ou Sputnik, ne tombe-t-il pas lui-même dans la dérive sectaire dénoncée par Miviludes ?

À partir du moment où l’État refuse de réintégrer des soignants suspendus non vaccinés au prétexte qu’ils étaient susceptibles de contaminer les patients, ce qui s’est avéré être un mensonge puisqu’il a été démontré que les vaccins n’empêchaient en rien la transmission du virus, l’État porte lui-même atteinte à la sécurité et à l’intégrité des personnes suspendues en entrainant des dommages pour eux et leur entourage, et ce, pour un motif infondé. Nous pouvons donc lui appliquer la définition donnée par Miviludes d’une dérive sectaire.

Lorsque les autorités sanitaires françaises décrètent qu’il n’y a aucun traitement contre le virus de la Covid et interdisent des médicaments utiles et efficaces jusqu'à cette époque en vente libre dans les pharmacies françaises, dont de nombreux pays ont démontré l'efficacité, on peut également parler de dérive sectaire de la part de ces autorités sanitaires, puisque ces interdictions ont provoqué des dommages importants sur la santé de nos concitoyens.  

À titre d’exemple : le Japon ou le Mexique qui ont utilisé l’ivermectine dès le début de la pandémie, conformément d’ailleurs à ce que recommandait le Pr Perronne, désormais blanchi de toute accusation, ou encore des pays comme la Chine, les Pays-Bas, l’Iran, la Belgique, l’Italie (Lombardie), New York aux USA, la Corée, l’Inde, le Congo, le Maroc, la Roumane utilisaient de l’hydroxycholoroquine et de l’ivermectine.

Remercions donc Madame Sonia Backès de cette nouvelle « assise »  en lui demandant de commencer par l’appliquer au gouvernement en place et de faire en sorte que de vrais débats démocratiques puissent avoir lieu sur tous les sujets, quels qu’ils soient, sans censure et sans interdiction, à la différence de ce qui se passe actuellement.

Rappelons-lui également qu’aucune démocratie ne peut fonctionner sans un minimum de débats, ainsi des pensées divergentes. Et vouloir mettre en place des systèmes pour favoriser la délation sur des sujets d’opinions soi-disant irrecevables puisque suspectes d’être l’expression de dérives sectaires ou de complotisme, revient à souhaiter une société orwellienne sous le prétexte frauduleux de servir le bien. Car n’est-ce pas toujours au nom du bien que l’on a fait le plus de mal ?

Ne devrait-on pas rebaptiser son titre de secrétaire d’État à la Citoyenneté en secrétaire d’État en charge de la Pensée unique ?

 

Annexe 

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.

Art. 11 La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

 

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