Cinq heures de trajet au lieu de trois : la galère des transports en grande banlieue parisienne

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Par Céline AGNIEL - Mantes-la-Jolie (AFP)
Publié le 12 décembre 2019 - 13:48
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Des usagers dans un couloir de la station Châtelet à Paris le 12 décembre 2019
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© Philippe LOPEZ / AFP
Des usagers dans un couloir de la station Châtelet à Paris le 12 décembre 2019
© Philippe LOPEZ / AFP

Sabrina est habituée à de longs trajets pour aller travailler. Mais avec les grèves, cette habitante de Mantes-la-Jolie, à une cinquantaine de kilomètres de Paris, passe désormais "cinq heures au lieu de trois" dans les transports.

"Deux heures trente le matin, deux heures trente le soir, c'est long et fatiguant" pour cette mère de famille de 34 ans, enceinte, qui doit quotidiennement prendre un bus et un train, puis marcher jusqu'à son travail.

Dans la gare, devant elle, un train en provenance de Normandie et en direction de la capitale passe à moitié vide mais sans s'arrêter, ce qui en agace certains sur le quai.

Pour cette employée d'un cabinet d'avocats du VIIIe arrondissement, la grève, "ça a tout changé". Les trains qui s'arrêtent à Mantes marquent désormais un arrêt à chaque station et "donc le soir j'arrive en retard à la gare et je rate mon bus", déplore la trentenaire, vêtue comme pour une expédition polaire.

Oussama, la trentaine, attend lui aussi son train. Il semble las. Depuis le début de la grève, c'est "réveil à 06H00 et retour à 21H30" chez lui car il doit faire "10 km à pied par jour", faute de transports pour rallier la gare de Mantes et rejoindre, ensuite, son travail depuis la gare Saint-Lazare.

Frigorifiée, "Lolo", 26 ans, bat la semelle sur le quai elle aussi, après "deux jours de télétravail". Cette assistante administrative met désormais une heure vingt pour rallier Paris, contre un peu plus d'une demi-heure en temps normal. "Quand y'a pas de grève, c'est déjà difficile: les rames sont bondées, il est toujours en retard. Mais là, c'est catastrophique!"

"Après, je comprends le pourquoi de la grève. Mais c'est comme s'ils nous prenaient en otages", déplore la jeune femme.

- "C'était l'apocalypse" -

Pour Raphaël Lasri, c'est le grand flou ce jeudi matin. Ce frigoriste de 19 ans devait se rendre à Saint-Ouen, en périphérie nord de Paris, "mais la ligne 13 ne fonctionne pas donc je ne sais pas où je vais travailler, j'attends que mon patron m'appelle".

Son ami Jonathan Poireau, un étudiant qui habite une commune limitrophe, essaie de prendre son mal en patience. "Impossible d'avoir les horaires avant, donc j'ai 40 mn à attendre", maugrée-t-il, même s'il se montre compréhensif pour les grévistes. "Si j'étais cheminot, je ferais grève aussi. Ils ont des avantages, ils les défendent."

Avec "une heure de transport en plus" par jour, Christian, un habitant de Mantes de 42 ans qui travaille près de gare de Lyon, s'estime chanceux: l'établissement public dans lequel il travaille est plutôt "arrangeant", lui permettant "d'arriver plus tard et de partir tôt". Son travail de surcroît est sur la ligne 14, automatisée, mais le problème pour lui, ce sont "les bouchons de piétons" dans le métro.

7H55: le train arrivant de Vernon (Eure) entre enfin en gare. Les usagers se précipitent et, soulagement, il n'est pas bondé. "Il part dans 4 mn, tardez-pas trop!", houspille un employé de SNCF Assistance.

Alexis Dubois, 19 ans, qui travaille en alternance chez Engie à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), a, lui, abandonné l'idée de se déplacer vers Paris depuis le début de la semaine. "Lundi, j'ai essayé de prendre le train, c'était l'apocalypse: les gens se tapaient à moitié dessus pour rentrer dans un wagon. Je suis rentré chez moi". Depuis, il a investi un espace de coworking à Mantes, à 5 mn à pied de chez lui.

Et il ne semble pas être le seul. "J'ai deux à trois fois plus d'affluence depuis le début de la grève", confirme Peggy Payet, la gérante des lieux.

 

 

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