Commerce : le G20 Finances craint que les tensions plombent la croissance

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Par AFP - Buenos Aires
Publié le 20 mars 2018 - 14:13
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Christine Lagarde, la directrice générale du FMI au côté du ministre français de l'Economie Bruno Le Maire au G20 Finances à Buenos Aires, le 19 mars 2018
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© Eitan ABRAMOVICH / AFP
Christine Lagarde, la directrice générale du FMI au côté du ministre français de l'Economie Bruno Le Maire au G20 Finances à Buenos Aires, le 19 mars 2018
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A défaut de condamner les taxes de Donald Trump ou les surcapacités d'acier chinoises, les ministres des Finances du G20 ont redouté mardi que les "tensions économiques" ne plombent la croissance mondiale, à un moment où planent les risques de guerre commerciale.

"Nous avons parlé des principaux risques pour les perspectives (de croissance), parmi eux les vulnérabilités qui pourraient être le fruit de resserrement plus rapide que prévu des conditions financières et de tensions économiques et géopolitiques", ont affirmé les ministres du G20 dans leur communiqué final après leur réunion de deux jours à Buenos Aires.

Le texte, approuvé à trois jours de l'entrée en vigueur des taxes américaines de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, intervient à un moment où les deux grandes puissances économiques mondiales se livrent à un bras de fer sur l'acier, dont les Européens et d'autres alliés des Etats-Unis pourraient être les victimes collatérales.

"On a senti la volonté de la part des Américains de réduire les tensions", ont expliqué à l'AFP des sources du ministère des Finances après la rencontre lundi à Buenos Aires entre le Français, Bruno Le Maire, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, en marge de la réunion.

Les Européens demandent aux Etats-Unis de les exempter des taxes douanières, rappelant qu'ils sont des alliés de Washington et qu'ils ne sont pas la source du problème, contrairement à la Chine.

Au milieu de ces tensions, le G20 Finances a rappelé que la solution passe par le multilatéralisme, mis à mal par l'incapacité de la communauté internationale à régler jusqu'à présent les problèmes de surcapacité d'acier ou pour empêcher les mesures unilatérales des Etats-Unis.

"L'UE ne souhaite pas l'escalade commerciale. Elle ne souhaite pas la guerre commerciale, mais elle se tient prête à réagir, même si notre option préférée reste le dialogue", a affirmé à l'AFP le commissaire Pierre Moscovici. "Nos contre-mesures sont prêtes", a-t-il prévenu.

- Tensions fiscales -

Autre sujet de tension entre les Etats-Unis et l'Europe: la taxation des géants du numérique, ou Gafa. Cet acronyme désigne les quatre mastodontes américains du secteur (Google, Amazon, Facebook, Apple), dont les pratiques d'optimisation fiscale sont régulièrement pointées du doigt.

M. Moscovici a fait un rapide aller-retour à Buenos Aires pour rassurer principalement les Etats-Unis lors d'une intervention mardi devant le G20 Finances, juste avant de prendre l'avion et de rentrer à Bruxelles pour présenter mercredi sa proposition de taxation des géants du numérique.

"Il ne s'agit en rien de mesures qui sont une riposte à une situation et il ne s'agit en rien d'une mesure anti-américaine", a-t-il affirmé, soulignant que la proposition européenne allait au-delà des Gafa et concernait l'ensemble des groupes du numérique.

Dans leur communiqué, les ministres se sont engagés à "travailler ensemble pour chercher une solution consensuelle d'ici 2020" sur la taxation des géants du numérique. "Il s'agit d'un message positif. Il n'y a pas eu de choc lors de la réunion", a expliqué à l'AFP Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE, lors de la présentation du rapport.

M. Mnuchin avait pourtant prévenu vendredi que "les Etats-Unis s'opposeraient fermement aux propositions de quelque pays que ce soit de cibler les compagnies numériques".

A Buenos Aires, les ministres se sont épargnés une nouvelle polémique sur la valeur du dollar.

M. Mnuchin avait fait chuter le billet vert en janvier au forum économique de Davos en disant sa préférence pour une devise américaine faible, au grand dam des pays qui exportent vers les Etats-Unis.

"Nous nous abstiendrons de procéder à des dévaluations compétitives et nous ne viserons pas le taux de change à des fins compétitives", ont affirmé les ministres des Finances, lançant un message d'apaisement.

Enfin, les ministres se sont aussi penchés sur le bitcoin et les autres monnaies virtuelles, à la demande de la France et des Etats-Unis. Ils ont ainsi refusé de les considérer comme des monnaies souveraines et ont appelé à éviter qu'elles ne soient utilisées pour le blanchiment ou le financement du terrorisme.

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