« Liberté » : le film manifeste de Magà et Ariakina Ettori contre le passe sanitaire

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 23 septembre 2021 - 13:15
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Film Liberté
Crédits
liberte-lefilm.fr
Affiche du film
liberte-lefilm.fr

Comme son titre l’indique, le sujet du documentaire, c’est la liberté : « La liberté, c’est de pouvoir s’exprimer, la liberté, c’est de pouvoir aider ». C’est aussi la liberté de refuser un vaccin qui est toujours en phase expérimentale, sans pour autant être chassé de son travail, ou encore celle de dénoncer l’infâme passe sanitaire et la ségrégation qu’il instaure dans une société qui n’a jamais été autant divisée.

Voir ici le film complet sur YouTube

Farouche adversaire de la politique autoritaire mise en place par le gouvernement, le réalisateur Magà Ettori, accompagné par sa co-réalisatrice Ariakina, a choisi de donner la parole à plusieurs autres opposants au passe sanitaire ou à la vaccination obligatoire. Le film se présente comme un outil de contre-pensée politique et scientifique, permettant à ceux que l’on entend jamais dans les médias "mainstream" de s’exprimer.

« Liberté » commence par des entretiens avec les blouses blanches, tournés avant la date butoir du mercredi 15 septembre, celle qui exige de tous les personnels hospitaliers qu'ils soient vaccinés. Une obligation jugée incompréhensible par certains, qui ont décidé de raccrocher, s’apprêtant à tourner définitivement la page sur leur vocation.

Considérés comme des super-héros au début de la crise sanitaire, applaudis aux fenêtres tous les soirs à 20 h pendant des semaines, ils sont aujourd’hui méprisés, conspués, chassés comme des malpropres d’un système qu’ils ont porté à bout de bras.

Le film s’ouvre sur le récit douloureux du personnage principal, l’aide-soignante Sonia Hamdouchy qui nous parle du tri des patients à l’hôpital. Meurtrie, les yeux humides et brillants de larmes, celle qui n’a rien oublié de ce qu’elle a vécu, se questionne toujours sur les choix qu’on lui a imposés : donner la priorité aux sujets jeunes et bien portants sur les sujets âgés. Si les Français ont découvert le système de tri, le médecin Barbara revient sur le sujet sans cacher que ce triage est pratiqué depuis plusieurs années par manque de place et de lits hospitaliers. Chacun sait que les soignants sont habitués à côtoyer la mort. Mais ce qui est dénoncé ici, c’est la froideur, la brutalité du système, l’absence d’accompagnement des malades qui meurent seuls.

Plusieurs mois après, c’est toujours la même incompréhension, la même sidération de ces infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes, médecins qui dénoncent un système qui est passé « de la mort solidaire à la mort solitaire » pour reprendre la formule de Michel Vovelle. De l’euthanasie dissimulée avec l’autorisation du Rivotril au triage des patients, c’est toute la déontologie qui a été oubliée, en premier lieu le serment d’Hippocrate.

Privilégiant le temps long pour chacun des témoins, le réalisateur réussit à obtenir des récits précieux. Après avoir dénoncé le tri, c’est l’impréparation des pouvoirs publics et le système de santé extrêmement dégradé qui est traité. Le film dresse le tableau de l’extrême dénuement de ces soignants en première ligne, aux premières semaines de l’épidémie de coronavirus, quant à la fourniture de masques et de blouses de protection. Tous dénoncent l’horreur de cette situation de sous-équipement qui les a conduits à se soumettre à une logique d’épargne et de restrictions poussées au-delà des limites du raisonnable. Masques et blouses distribués au compte-gouttes, ils n’ont pas eu d’autres choix que d’accroître leur durée de vie et de s’astreindre au port prolongé d’équipements de protection pourtant hautement périssables puisque la protection est déclinante au bout de trois ou quatre heures. Résultats : des centaines de professionnels de santé contaminés. Des soignants qui tombent malades par manque de protection, qui contaminent les patients, les proches, meurent parfois du virus dans un système qui continue à les faire travailler alors que certains sont testés positifs.

Mais la question de la liberté ne s’arrête pas à celle des soignants. Ici, c’est la liberté de toute la société qui est questionnée à travers l’instauration du passe sanitaire et l’obligation vaccinale.

Comment peut-on accepter que des élèves soient évincés parce qu’ils ne sont pas vaccinés, se demande Gisèle Souchon, professeur de philosophie ? Dénonçant le système mis en place par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, qui prévoit dans les collèges et les lycées, l’éviction des élèves non-vaccinés dès le premier cas de covid, elle s’interroge sur la discrimination de cette mesure qui ouvre la possibilité d'une école à deux vitesses.

Intervenant en tant que biologiste molléculaire mais également à titre de citoyen lanceur d’alertes, Christian Vélot quant à lui insiste sur la liberté de douter. Le doute qui est la base de toute pensée scientifique, est d’autant plus légitime que ces vaccins n'empêchent pas les double vaccinés de tomber malades, et sont encore en phase expérimentale. Regrettant le manque de concertation entre les différents acteurs et les décisions prises en solitaire par le chef d’État, il dénonce ses prises de paroles qui "ne sont plus des discours mais des prêches".

Très critique des mesures gouvernementales, le biologiste et toxicologue Jean-Paul Bourdineaud rappelle que la charge virale des malades vaccinés est aussi importante que celle des malades non-vaccinés et que ces vaccins provoquent plus de décès et plus d’effets secondaires graves qu’aucun autre vaccin ne l’avait fait à ce jour.

Des explications qui suffisent à nous faire comprendre que le précepte “la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres“ ne répond pas à la situation sanitaire. Dans ce cas, comment ne pas considérer ce passe comme nul et non avenu ?

Mais à l’heure où les chiffres annoncés dans les médias n’ont rien à voir avec la réalité, où le débat contradictoire n’est plus accepté par des médias qui ne jouent plus leurs rôles de contrepouvoir, où de nombreuses données restent inaccessibles notamment autour des vaccins, c’est la liberté d’information et le devoir de vérité qui sont également questionnés.

Si les témoignages sont sincères, instructifs, parfois révoltants, ils peuvent également être gênants, par exemple lorsque Sonia Hamdouchy raconte pendant plusieurs minutes son histoire familiale douloureuse. Les détails trop nombreux, s’ils sont là pour éclairer la force et le courage que cette femme a eu tout au long d’une vie difficile, sortent un peu du propos. On peut regretter que le spectateur soit plongé dans une intimité familiale qui s’éloigne du sujet.

L’autre réserve se porte sur le côté très militant du documentaire. À l’heure où l’interventionnisme de l’État se fait de plus en plus présent et la censure de plus en plus forte dans les médias comme sur Internet, il est normal que les cinéastes s'engagent dans le débat pour essayer de porter une autre argumentation. Cependant, si le film peut avoir un effet déclencheur pour de nombreuses consciences, on peut regretter néanmoins que le réalisateur n’ait pas envisagé de donner la parole au camp adverse. Lorsque les médias "mainstream" ne reproduisent qu’un seul son de cloche, c’est-à-dire celui du pouvoir aujourd’hui, un des enjeux du documentaire aurait pu être de ne pas se comporter comme eux en proposant une confrontation entre les partisans du passe et ceux qui le dénoncent.

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