Emplois fictifs au Parlement européen : Marine Le Pen nie avoir reconnu

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Par AFP
Publié le 17 février 2017 - 12:31
Mis à jour le 18 février 2017 - 15:04
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Marine Le Pen le 13 février 2017 à Nice
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© VALERY HACHE / AFP/Archives
Marine Le Pen le 13 février 2017 à Nice
© VALERY HACHE / AFP/Archives

Marine Le Pen a démenti vendredi avoir fictivement employé son garde du corps comme assistant au Parlement européen, contredisant un rapport de l'organisme antifraude de l'UE susceptible de mettre la candidate du FN en difficulté en pleine campagne présidentielle.

Cette affaire intervient alors que le candidat LR François Fillon est lui aussi confronté à une enquête -et à une tempête médiatique- à propos de présumés emplois fictifs visant sa femme et ses enfants.

C'est "un mensonge éhonté, je n'ai jamais reconnu quoi que ce soit devant des enquêteurs, d'ailleurs que je n'ai jamais vus", a affirmé à France Bleu Besançon la présidente du Front national, qui caracole en tête des sondages pour le premier tour de la présidentielle. "Tout cela s'est fait en transparence", a assuré le vice-président du FN, Florian Philippot sur RTL, dénonçant "une affaire qui ne repose strictement sur rien".

D'après le rapport de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), Marine Le Pen a admis avoir salarié fictivement son garde du corps Thierry Légier, employé comme assistant parlementaire d'octobre à décembre 2011.

Marine Le Pen a reconnu que "les bulletins de salaire établis sur la période d'octobre à décembre 2011 (...) n'ont jamais été payés" à Thierry Légier, et "qu'elle n'avait pas employé M. Légier pendant ces trois mois", selon des extraits de ce rapport, publiés jeudi par Mediapart et Marianne.

Faux, a rétorqué la présidente du FN sur France bleu, il n'y a "absolument rien de fictif", il s'agissait uniquement de "régulariser des salaires et charges (...) une régularisation comptable" qui s'est faite avec le Parlement européen, assure-t-elle.

Une version démentie par l'institution. Le Parlement "n'a fait aucun document de régularisation. Ce n'est pas l'esprit maison de faire des faux contrats", a déclaré à l'AFP une source parlementaire. Le document d'embauche de M. Légier avait "toutes les apparences d'un contrat normal. Ce n'est que grâce à l'enquête de l'Olaf que l'administration a mis en doute la réalité de cet emploi d'assistant", d'après cette source.

Interrogé par l'AFP, l'Olaf a de son côté indiqué que son enquête a bien "révélé que la députée a produit un contrat de travail purement fictif", concernant son garde du corps.

Le rapport de l'Olaf épingle un deuxième cas de salaire injustifié, celui de Catherine Griset, collaboratrice parlementaire de Marine Le Pen "accréditée" au Parlement européen de décembre 2010 à février 2016 alors qu'elle est son assistante au siège du FN à Nanterre (Hauts-de-Seine) depuis de nombreuses années.

Mme Griset n'a fourni "en réalité pas d'assistance directe dans les locaux du Parlement européen à sa députée comme requis par les règles en vigueur, mais vivait dans les environs de Paris et exerçait une activité auprès du parti", a déclaré l'Olaf à l'AFP.

- 339.946 euros -

Le gendarme antifraude de l'UE avait été saisi en mars 2015 par le président du Parlement européen, Martin Schulz. A cette époque, les soupçons portaient sur les conditions dans lesquelles étaient employés et payés 20 assistants d'élus frontistes au Parlement européen, car leurs noms apparaissaient aussi sur l'organigramme du parti en France.

Après deux ans d'investigations, l'Olaf a transmis en juillet son rapport à la justice française. Le parquet de Paris, qui enquête également depuis mars 2015 sur ce dossier, a confié mi-décembres les investigations à des juges d'instruction pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux, et travail dissimulé.

Faute de s’être acquittée avant le 31 janvier des 339.946 euros réclamés par le Parlement, correspondant aux salaires versés à M. Légier et à Mme Griset, l'assemblée européenne devait commencer mi-février à recouvrer effectivement les sommes versées en amputant de moitié l'indemnité de Marine Le Pen. "Nous avons déposé un recours devant le tribunal du Luxembourg pour demander l'annulation de ce recouvrement", a indiqué son avocat, Me Marcel Ceccaldi.

La présidente du FN a également contre-attaqué en Belgique, déposant le 24 janvier une plainte pour "faux" et "usage de faux" à l’encontre du secrétaire général du Parlement et du directeur de l’Olaf. "Cette plainte vient justement de faire l’objet d’une désignation d’un juge d’instruction belge", a indiqué Me Ceccaldi dans un communiqué. Une désignation automatique en Belgique pour ce type de plainte.

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