Guerre en Ukraine  : le nécessaire sursaut du peuple français

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Jean-Neige pour France-Soir
Publié le 03 mai 2024 - 11:55
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Ukraine
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BOBOK / AFP
Des policiers ukrainiens inspectent des voitures détruites sur le site d'une frappe, dans le village de Zolochiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024
BOBOK / AFP

 TRIBUNE

« Si les guerres peuvent démarrer avec des mensonges, la paix peut commencer avec la vérité » 

 Julian Assange 

Après des mois de blocage, le retournement de situation spectaculaire que l’on a vu aux Etats-Unis fin avril, avec le vote des 82 milliards d’aide pour toutes les guerres actuelles ou pressenties démontre que le Deep State trouve toujours de l’argent, et des Parlementaires serviles, pour financer ses objectifs. Dans la foulée, le Royaume-Uni et l’Allemagne, vassaux de l’Empire, ont annoncé de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine.  

Personne ne croit que cela renversera la situation. Mais cela fera durer un peu plus le lent supplice de l’Ukraine. Et cette obstination nous rappelle les confessions de cet employé de Blackrock, ou d’autres paroles de Jullian Assange expliquant que leur but n’était pas la victoire, mais une guerre sans fin.  

Et comme cela ne suffira pas, alors que la situation continue de se dégrader sur le front, le président Macron vient de réitérer ses menaces d’intervention directe. Ce bellicisme semble en fait découler de plans prévus depuis un certain temps déjà.  

La dernière loi de programmation militaire, votée en aout 2023, prévoit une peine de prison et 500 000€ d’amende si on refuse d’être mobilisé « en cas de menace, actuelle ou prévisible (…) de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’Etat en matière de défense. » Macron ayant signé un accord de défense avec l’Ukraine en février 2024, les outils juridiques sont prêts pour mobiliser les Français pour aller se battre en Ukraine. La possibilité du cauchemar semble donc bien réelle. L’État devenu fou s’en est donné les moyens avant même que l’on en parle. La posture guerrière de Macron n’est donc pas à prendre à la légère, comme une passade électoraliste. Et le ministre de l’Industrie, notamment, l’avait rappelé fin mars : 

Comme malheureusement, le Parlement ne nous a pas habitué ces dernières années à défendre les intérêts du peuple qu’il est censé représenter, avec des oppositions qui refusent de voter ensemble pour faire tomber le gouvernement macroniste, nous, cette partie du peuple qui ne croit plus à la propagande d’Etat, sommes livrés à nous-mêmes.  

Emmanuel Macron disait qu’il n’y avait pas encore consensus pour un déploiement officiel des troupes de l’OTAN. Il ne faut pas surtout pas qu’il y en ait.  

Parce que cela n’a aucun sens pour les pays dit « démocratiques » d’aider un pays comme l’Ukraine ; un pays dominé par des extrémistes à l’idéologie proche du nazisme, un pays où 11 partis d’opposition ont été interdits, un pays où tous les médias qui n’ont pas été fermés arbitrairement depuis 2021 sont contrôlés par l’Etat, un pays où des milliers d’opposants sont en prison au nom de la lutte contre les « collabos » quand d’autres disparaissent, un pays qui fait la guerre à une partie de sa population depuis 2014, un pays ultra-corrompu et contrôlé de facto par les intérêts américains qui se fichent complètement des Ukrainiens qui ne sont vus que comme de la chair à canon pour affaiblir le rival géostratégique russe.  

En février, un sondage indiquait que 35% des Français étaient favorables à une continuation de l’aide militaire à l’Ukraine, contre seulement 30% qui était pour des négociations. Il y avait donc au milieu un gros tiers indécis. Mais si les plans insensés de Macron sont mis à exécution, la guerre inévitable rattrapera tout le monde, y compris les insouciants.    

Selon un autre sondage publié par le Figaro, 31% des Français seraient favorables à l’envoi de troupes en Ukraine, en gros, le noyau dur macroniste, 68% y seraient opposés.  

Quand on sait que la Macronie gouverne le pays grâce à cette minorité et au fait que les oppositions trop disparates sont divisées, on ne peut être rassuré. 30% des Français qui soutiennent l’idée complètement folle d’envoyer des troupes contre une puissance nucléaire dans un pays où nos intérêts nationaux ne sont nullement menacés, c’est très inquiétant. Avec des Parlementaires majoritairement sous contrôle, le pouvoir pourrait très bien se contenter de ces 30% pour dérouler ses plans. Mais il tentera aussi d’élargir le spectre de ses soutiens.  

Nous sommes face à un rouleau compresseur, une machine de propagande énorme, qui dispose d’un réseau mis en place depuis des décennies par l’oligarchie. Cette dernière a décidé d’établir un système quasi-dictatorial pour protéger ses intérêts contre ceux des peuples.  

Au vu des événements de ces dernières années, cela fait hélas peu de doutes que cette caste, afin de tenter de renverser l’opinion de la majorité des citoyens occidentaux sur la guerre contre la Russie, soit prête à tout. Ils vont donc continuer à manipuler l’opinion en exploitant, déformant et amplifiant au maximum les moindres informations qui peuvent soutenir leur narratif de guerre, comme ils l’ont fait avec la mort de Navalny.  

Leurs objectifs de défaire la Russie étant inatteignables, il y a fort à craindre qu’ils puissent même créer des incidents de toutes pièces pour justifier d’entrer en guerre, comme les Américains l’avaient fait avec l’incident du Golfe du Tonkin pour entrer en guerre contre le Vietnam, pour ne citer qu’un exemple.  

La menace totalitaire 

Dans ce contexte, on peut craindre qu’ils redoublent d’efforts pour faire taire les médias alternatifs et les réseaux sociaux qui ne sont pas sous contrôle. La séance, fin février, à l’Assemblée Nationale où l’on a reproché à Pascal Praud de donner la parole à des intervenants « pro-russes » sur CNEWS a de quoi sérieusement inquiéter sur les restrictions potentielles de la liberté de la presse. Au Sénat, on invitait Nicolas Tenzer, rouge de rage, pour prêcher la censure et la répression de toutes les voix dissonantes sur la guerre russo-ukrainienne. Sur Telegram, la France a obtenu le 16 février le blocage de 20 canaux francophones pro-russes. Sur X, nombre de Macronistes ne comprennent pas que ceux qu’ils considèrent comme pro-russes aient encore le droit à la parole. L’ambiance rappelle les jours noirs du Maccartisme.  

Si l’on ajoute à tout cela le fameux DSA de l’UE, nous nous rapprochons chaque jour d’une société d’hyper-contrôle, un peu sous mode « 1984 », où Poutine reçoit le rôle tenu par Goldstein, le grand méchant du célèbre roman qu’il est un devoir de haïr. Dans cet univers, la guerre perpétuelle justifie la mise en place et le maintien d’une société totalitaire. Dans 1984, le pays globalisé dictatorial se nomme Océnania, un nom qui évoque curieusement l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, soit les terres autour d’un océan. 

Le jour où nous serons officiellement en guerre, si ce jour maudit arrive, ils pourront, comme en Ukraine, fermer tous les médias non-contrôlés, interdire les partis non-alignés, et emprisonner ceux qu’ils accuseront de « défendre le narratif russe ». Les temps à venir sont donc extrêmement sensibles.  

Quand la cause est juste, l’espoir est toujours permis 

Il est un même un devoir moral de le conserver. L’heure n’est pas à la résignation et au défaitisme. Il faut au contraire réagir vigoureusement contre ces tentatives de mettre à bas la liberté d’expression, et donc ce qui reste de démocratie.  

L’Ukraine, selon une part croissante d’observateurs, a déjà perdu la guerre. Même avec le récent package américain, elle n’aura jamais les moyens de reprendre la Crimée, ni le Donbass. Et ce n’est même pas moralement justifié. Et comme l’Occident refuse de négocier, Kiev risque de perdre bien plus encore.  

Au-delà, cela n’a aucun sens pour les soldats français d’aller mourir pour empêcher la Russie de reprendre Odessa, une ville qu’elle a fondée, tout ça pour défendre les intérêts de Blackrock. Piotr Tolstoï, le vice-président de la Douma, a prévenu : les Russes tueront tous les soldats français qui entreraient sur le territoire de l’Ukraine.  

La Russie a certes ses défauts, comme tous les pays. Mais elle n’est pas le Diable. Elle n’a pas commis le dixième de tous les crimes de guerre dont on a voulu nous convaincre, comme démontré dans la série d’articles sur ce sujet.  Et elle ne se laissera jamais intimider sur ce qu’elle considère comme ses terres historiques.  

Bien que son rôle dans la récente volte-face du Congrès sur l’aide militaire à l’Ukraine soit controversé, si Trump gagne l’élection présidentielle américaine, il reste un espoir que, enfin, l’État profond américain à l’origine de toutes les guerres de l’Empire soit affaibli, voire démantelé.   

D’ici là, nous devons crier haut et fort que ce gouvernement qui trahit les intérêts de la France en prétendant les défendre, tout en risquant la 3ème guerre mondiale, ne nous représente pas. On ne peut rester les bras croisés face aux plans fous et machiavéliques de nos dirigeants. Si nous voulons nous donner une chance de stopper cette machine de guerre, chacun à notre niveau, nous devons tenter de sensibiliser non seulement nos proches, mais aussi tous ceux avec lesquels nous n’avons pas échangé depuis des années. Il en va de l’avenir de nos enfants, de la France et de l’avenir de l’Europe, voire du monde. Et souvenons-nous que nos militaires sont aussi des citoyens.   

Même si on a parfois l’impression d’être impuissant et écrasé par le pouvoir si néfaste de l’oligarchie, il faut maintenir un contre-discours, comme une lumière dans les ténèbres. C’est dans les temps les plus sombres qu’on doit plus que jamais maintenir la flamme de la vérité. 

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