François Hommeril (CFE-CGC), sens de la formule et discours anti-libéral

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2019 - 11:40
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Le président de la CFE-CGC Francois Hommeril le 6 septembre 2019 à Paris
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Le président de la CFE-CGC Francois Hommeril le 6 septembre 2019 à Paris
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

François Hommeril a marqué son premier mandat à la tête de la CFE-CGC par un discours anti-libéral, à coups de phrases chocs et critiques virulentes des réformes sociales d'Emmanuel Macron, n'arrivant pas toutefois à mettre en place avec ses pairs un "syndicalisme rassemblé".

Candidat malheureux à la présidence de la centrale en 2013 au profit de Carole Couvert, ce géologue de formation originaire de Rouen, âgé de 58 ans, prend la tête du syndicat des cadres trois ans plus tard.

Dès son accession à la tête de l'organisation, en juin 2016, il prévient: "Je n'ai pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes".

Cette promesse sera tenue, au point qu'en interne certains s'amusent à rebaptiser leur syndicat "CFE-CGT".

Lorsqu'il est élu, la France traverse une de ses pires crises sociales avec la loi travail. Le syndicaliste rejoindra les détracteurs par un discours nettement moins policé que celui de l'ex-présidente Carole Couvert, déclarant par exemple que cette réforme "sent le moisi".

Un an plus tard, le président du quatrième syndicat français s'oppose de manière aussi musclée aux ordonnances réformant le Code du travail, "une énième réforme libérale".

Convié avec ses pairs à l'Elysée en automne 2018, au tout début de la crise des "gilets jaunes", pour entendre Emmanuel Macron expliquer les mesures visant à faire taire la colère, il refuse tout simplement de s'y rendre. "J'ai mieux à faire, on va encore avoir droit à un discours interminable où il va donner des leçons à tout le monde", dit-il à propos du président de la République.

Après le grand débat, début 2019, il traîne des pieds pour participer à un "sommet social" proposé par l'exécutif, toujours pour faire face à la crise des "gilets jaunes", y voyant un "grand gloubi-boulga de la société civile".

Et sur le même ton, il dénonce cette année la réforme de l'assurance chômage, notamment la dégressivité des allocations chômage pour les cadres ("on prend les cadres pour des glandeurs"), et celle, "inutile", des retraites.

Pour autant, le dirigeant préfère passer son tour quand il faut battre le pavé - à quelques exceptions près, comme pour dénoncer la réforme dans la fonction publique -, considérant que la mobilisation n'a de sens que lorsque tous les syndicats sont réunis.

- "Un monde à la dérive" -

Ses positions changent quelquefois du tout au tout. Réclamant en 2016 le retrait pur et simple de la loi travail, il "évolue" en demandant finalement son renvoi à la négociation entre les organisations syndicales et patronales. En vain. Autre revirement: il ne s'associera finalement pas aux recours internationaux déposés par FO et la CGT contre la loi travail.

C'est au début des années 1990 qu'il tombe dans le "monde fabuleux" du syndicalisme, avouant avoir une "exaltation" à représenter ses collègues dans le cadre de son activité syndicale.

Passionné de géologie dès son plus jeune âge, inspiré par ses parents qui l'enseignent à l'université à Rouen, il décroche un doctorat dans cette matière en 1989, avant d'intégrer le groupe Pechiney. Il exerce en province, d'abord au centre de recherches sur l'aluminium de Gardanne (Bouches-du-Rhône), puis sur le site de La Bathie, en Savoie.

Adhérent à la CFE-CGC dès son arrivée au sein du géant industriel, il y gravit les échelons syndicaux: délégué du site de Gardanne en 1994, délégué central en 1998, représentant au comité de groupe Pechiney en 1999, président de l'union départementale CFE-CGC en 2003...

Lors du rachat de Pechiney par le canadien Alcan en 2003, puis d'Alcan par l'américain Rio Tinto en 2007, il est chargé des négociations côté salariés.

"Le militantisme ne m'a apporté que des emmerdes", assure-t-il, mais "si c'était à refaire, je le referais" car la "société industrielle est devenue d'une cruauté et d'une injustice inégalées, la subir sans rien dire m'est insupportable et le syndicalisme m'a rendu à la condition d'acteur dans un monde à la dérive sur le plan social".

Marié à une psychiatre, ce père de cinq grands enfants est domicilié à Chambéry.

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