La CGT en congrès pour réélire Martinez et maintenir le cap "contestataire"

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Dijon (AFP)
Publié le 13 mai 2019 - 17:42
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Le 52e congrès de la CGT (Confédération générale du travail) s'est ouvert lundi à Dijon où Philippe Martinez, qui compte maintenir son cap "contestataire" malgré un bilan vivement critiqué dans la matinée par des syndicats radicaux, doit être réélu confortablement en fin de semaine.

"Nous revendiquons plus que jamais un syndicalisme de classe car oui (...) le monde est bien divisé en deux camps. Celui du capital et celui du travail", a-t-il lancé lors de son discours d'ouverture de près d'une heure quarante.

"Il n'y a aucune raison de changer de ligne. +On ne lâche rien!+ sera mon mot d'ordre à ce congrès", avait-il dit la veille, dans une interview au Parisien.

Au total 938 militants, dépêchés par leurs fédérations ou unions départementales, doivent le réélire vendredi, de même que la direction du syndicat. Lors du congrès précédent, en 2016, 95,4% avaient voté pour lui.

"Le rôle d'un syndicat est de négocier à tous les niveaux où cela est possible. Et quand la négociation bloque, il faut créer un rapport de force, dans les entreprises ou dans la rue", résume le métallo âgé de 58 ans.

Pourtant, cette méthode a globalement échoué au niveau national: sa confédération est tombée fin 2018 à la deuxième place - derrière la CFDT - et les grèves et manifestations n'ont pas conduit au retrait des réformes décriées (loi travail, ordonnances Macron, réformes de la SNCF ou de la fonction publique).

"Les +gilets jaunes+ ont obtenu plus en six mois que la CGT en 20 ans", tacle un représentant patronal, en référence aux mesures annoncées par Emmanuel Macron pour répondre à la crise, évaluées à 17 milliards d'euros par Bercy.

De son côté, Philippe Martinez a plutôt concédé un "manque de réactivité" de sa confédération, qui a échoué à "prendre les initiatives nécessaires" pour prolonger des mobilisations sous le quinquennat Macron, président "des ultra-riches".

Invitant à "donner plus de place" à la jeunesse, aux femmes, aux retraités, de même qu'aux travailleurs de plateformes numériques et auto-entrepreneurs, il a relevé que ce n'était pas "à celles et ceux qui veulent rejoindre la CGT à s'adapter à notre organisation ou à nos structures, mais bien l'inverse".

Un souhait d'ouverture qui explique la décision d'élargir, au terme de ce congrès, le bureau confédéral à 12 membres, au lieu de 10, et la commission exécutive confédérale (CEC, direction nationale) à 58 ou 60, contre 47.

- "Pas fréquentables" -

Des syndicats minoritaires de la CGT ont estimé dans la matinée que Philippe Martinez n'était pas suffisamment "contestataire".

"Martinez a fermé le congrès avant de l'ouvrir!" en souhaitant maintenir la ligne, s'est agacé Romain Altmann, de Info'Com-CGT, lors d'une conférence de presse en marge du congrès.

Lui et d'autres syndicats, une trentaine sur 30.000, se présentant comme "révolutionnaires", ont mis sur la table un document d'orientation alternatif à celui officiel, présenté au congrès, "une première historique qui permet de libérer le débat en interne", a assuré l'avocat Fiodor Rilov, coauteur du texte. Le document invite à "définir une orientation claire" et à "redonner à la grève son vrai pouvoir".

Quant au rapport d'activité, qui doit être voté mardi matin, "nulle part l'échec de la CGT n'y est abordé", a regretté Isabelle Bosseman (CGT Lille).

Une autre frange de la CGT, également minoritaire, milite pour une convergence avec les "gilets jaunes". C'est le cas des puissantes fédérations des industries chimiques, des commerces et services, ou d'unions départementales (Val-de-Marne, Val-d'Oise, Pyrénées-Orientales ou Nord). Le 27 avril, elles ont organisé une manifestation commune à Paris avec des partis politiques de gauche, des "gilets jaunes" et des associations, à laquelle le secrétaire général ne s'était pas associé.

Depuis le départ, Philippe Martinez est mal à l'aise avec ce mouvement né en novembre. "La majorité, ce sont des citoyens, des retraités mais personne ne peut contester, d'ailleurs on le voit avec les listes aux européennes, qu'il y a des +gilets jaunes+ qui ne sont pas fréquentables", a-t-il expliqué récemment auprès de l'Association des journalistes de l'information sociale.

Le test pour Philippe Martinez interviendra dès mardi, avec dans la matinée le vote du rapport d'activité des trois années écoulées, puis jusqu'à jeudi l'étude du document d'orientation.

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