La passation version Macron : la fabrique d'un monarque républicain (analystes)

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Par AFP
Publié le 14 mai 2017 - 19:46
Mis à jour le 15 mai 2017 - 11:20
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La passation de pouvoirs version Emmanuel Macron: orthodoxie traditionnelle, des accents gaulliens voire guerriers, un discours de "coach" et une re-sacralisation du "monarque républicain", aux antipodes de la "normalité" hollandaise, selon des analystes contactés dimanche par l'AFP.

- Renouveau ou tradition? -

Les deux, expliquent ces analystes. "C'est la fin de la normalité sur laquelle avait misé François Hollande. Emmanuel Macron revisite tous les marqueurs: la remontée des Champs-Élysées debout dans un véhicule militaire comme de Gaulle, les bises à la foule comme Chirac" et "une marche seul vers l'Arc de Triomphe (comme Valéry Giscard d'Estaing, NDLR) pour désigner sa détermination", estime Florian Silnicki, expert en communication politique. "Régalien toujours quand il choisit de rendre visite aux soldats blessés, des gestes essentiels qui signent une présidence dès ses premières heures."

"C'est un putsch générationnel, qui force le départ de la génération de Hollande, et pourtant il n'est pas dans la rupture, ce qui est paradoxal quand on a fait toute sa campagne sur le renouvellement", renchérit son confrère Philippe Moreau-Chevrolet. "Tout change pour que rien ne change. Le roi est mort, vive le roi."

- Style décontracté ou solennel? -

Un style grave, s'accordent à dire tous les observateurs. "Il est soucieux de verticalité, de hauteur, de gravité. Il veut entrer dans les habits du chef de l’État", souligne le politologue Olivier Ihl. "Il coche méthodiquement tout ce qui peut contribuer à lui donner une image présidentielle qu'il n'a pas encore", note M. Moreau-Chevrolet, qui remarque au passage "le manteau mitterrandien, qui alourdit un peu les épaules et donne une stature".

"Il tente aussi un savant dosage entre hauteur nécessaire et proximité, et met en scène sa capacité d'écoute et d'échange avec les Français en prenant du temps pour dire un mot à chacun", nuance M. Silnicki.

- Le chef de guerre -

La remontée des Champs-Élysées debout dans une "Command Car", sorte de jeep militaire ouverte, a frappé les esprits. "C'est une image étonnante, qu'on verrait plutôt en Amérique du Sud. Un symbole plus gaullien que socialiste, qui rappelle le défilé du 14 juillet, voire la Libération de Paris. C'est très différent de Hollande, qui était dans une voiture décapotable sous des trombes d'eau et de Chirac qui avait refusé qu'on tire les 21 coups de canons" à sa réélection, explique M. Moreau-Chevrolet.

- Des différences avec François Hollande? -

Beaucoup: "Emmanuel Macron choisit de s'enraciner dans la fonction présidentielle en citant tous ses prédécesseurs, comme une inscription dans notre histoire, un élément essentiel ayant manqué à François Hollande, qui n'avait pas loué Nicolas Sarkozy. Et les Français sont attachés à la figure présidentielle pour le consensus qu'elle incarne", commente Florian Silnicki. "Il a compris que ce qui a manqué à François Hollande, c'est le recours aux symboles, pour une mue du candidat élu en monarque républicain. Et il évite les erreurs de François Hollande et Nicolas Sarkozy qui avaient surexposé leur vie privée, ce que rejettent les Français. D'où la discrétion de Brigitte Macron au cours de cette cérémonie."

- Un discours de coach -

"Son apport au discours politique, c'est ce style de discours de thérapie collective, un vocabulaire de coach motivationnel pour dire que non, nous ne sommes pas condamnés au déclin et qu'on peut restaurer une forme d'optimisme. Et il appelle les Français à se mobiliser. On a élu un coach à l’Élysée!" lance M. Moreau-Chevrolet.

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