Les féministes appellent à une "convergence" des luttes pour le 8 mars

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Par Arnaud BOUVIER - Paris (AFP)
Publié le 05 mars 2020 - 14:00
Mis à jour le 06 mars 2020 - 12:58
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Des femmes en bleu de travail et fichu rouge manifestent contre la réforme des retraites, le 24 janvier 2020 place de la République, à Paris
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Des femmes en bleu de travail et fichu rouge manifestent contre la réforme des retraites, le 24 janvier 2020 place de la République, à Paris
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Contre la réforme des retraites et ses effets supposés négatifs pour les femmes, contre la répartition inéquitable du travail domestique, contre les violences sexuelles: associations et militantes appellent à une "convergence des dynamiques féministes", dimanche 8 mars à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes.

Des dizaines de milliers de manifestantes et manifestants sont attendus à Paris et dans au moins une dizaine d'autres villes en France, pour une "Marche des grandes gagnantes", nommée ainsi de manière ironique car les organisateurs ne croient pas aux promesses du gouvernement qui argue que sa réforme des retraites sera favorable aux femmes.

"Le Premier ministre a vraiment du culot de prétendre cela. C'est une instrumentalisation du combat des femmes, qui seront en réalité les grandes perdantes de ce projet", affirme Sophie Binet, chargée de l'égalité hommes/femmes à la CGT.

Dimanche, les participantes aux défilés sont invitées à se vêtir d'un bleu de travail et d'un fichu rouge, les attributs de la désormais emblématique "Rosie la riveteuse", "icône de toutes les travailleuses invisibles". Depuis plusieurs mois, les opposantes à la réforme des retraites ont pris l'habitude de se grimer de la sorte lors de chorégraphies où elles chantent "A cause de Macron, grandes perdantes nous serons..."

A 15h40 - heure théorique où les femmes cessent d'être rémunérées, compte tenu des écarts de salaires entre les sexes - les manifestantes procéderont à un "jeter de gants de ménage", manière de protester à la fois contre les inégalités en matière de salaire et de répartition du travail domestique.

Convaincus que "quand les femmes s'arrêtent, tout s'arrête", les organisateurs appellent en outre à une "grève féministe" ce 8 mars, sous le mot d'ordre "On arrête toutes". Cette grève tombe un dimanche mais "le dimanche, toutes les femmes travaillent: elles cuisinent, font le ménage, s'occupent des enfants", observe Suzy Rojtman, du Collectif national pour les droits des femmes.

- "Immense colère" face au César de Polanski -

Le défilé parisien, qui partira à 14H00 de la place d'Italie (après un pique-nique féministe), rejoindra la place de la République, via plusieurs étapes symboliques: manifestation devant un centre commercial pour dire "stop au travail le dimanche", souvent imposé aux femmes, devant un hôpital pour la "revalorisation des métiers féminisés", ou devant un hôtel Ibis pour soutenir des femmes de ménage en lutte contre la précarité et les temps partiels.

Sont également prévus un "die in" pour symboliser les victimes de féminicides, et une chorégraphie géante anti-réforme des retraites.

"On va évoquer des sujets très durs mais il y aura aussi des moments joyeux et fédérateurs, pour lutter tous ensemble contre le système patriarcal", explique Youlie Yamamoto, du groupe Action Attac! et organisatrice de l'action "A cause de Macron".

Trois mois après des manifestations ayant rassemblé 150.000 personnes partout en France à la fin du "Grenelle" contre les violences sexistes et sexuelles, les organisateurs comptent toujours mobiliser sur ce thème, pour "briser le silence et dénoncer les violences".

Depuis novembre, le mouvement de libération de la parole a gagné le monde du sport, marqué par une vague de révélations sans précédent sur des cas de violences sexuelles perpétrées notamment par des entraîneurs sur de jeunes sportifs.

Et "l'immense colère" suscitée par le récent César attribué à Roman Polanski, visé par des accusations de viol, devrait attirer encore davantage de monde dans les rues, selon les organisateurs. Sous le mot-dièse #JeSuisVictime, cette polémique a d'ailleurs entraîné depuis quelques jours une nouvelle vague de témoignages sur les réseaux sociaux, dans lesquels les femmes racontent les abus qu'elles ont subis - parfois quand elles étaient mineures.

Selon une enquête dévoilée cette semaine par le collectif #NousToutes, les deux tiers des femmes "déclarent avoir fait l'expérience, avec un ou plusieurs partenaires, d'actes sexuels non consentis".

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