Les petits souliers Repetto font toujours rêver

Auteur(s)
AS
Publié le 29 janvier 2015 - 12:17
Mis à jour le 05 février 2015 - 10:19
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Ballerines Repetto
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©Jacky Naegelen/Reuters.
Les ballerines Repetto sont disponibles en plusieurs couleurs
©Jacky Naegelen/Reuters.
Aujourd’hui mondialement connue pour ses ballerines multicolores, l’enseigne Repetto fut pendant longtemps un emblème de la danse classique. A la ville comme sur les planches, la maison fondée en 1947 par Rose Repetto a su séduire les plus grands, de Serge Gainsbourg à Karl Lagarfeld en passant par le danseur étoile Rudolf Noureev et Brigitte Bardot.

Le succès de Repetto et ses ballerines made in France ne connaît pas la crise. La marque de chaussures fait aujourd’hui figure de modèle mais aussi d’exception dans un contexte économique morose. Et ce n’est pas un hasard si le ministre du Redressement productif de l'époque, Arnaud Montebourg, s’est rendu en personne à l’inauguration des 3.000 m2 de locaux supplémentaires de l’usine de Saint-Médard d’Excideuil, en Dordogne, le 16 novembre 2012.

Le ministre a salué à plusieurs reprises le succès de l’entreprise et son choix de continuer à produire dans l’Hexagone. En effet, Repetto produit la quasi-totalité de ses chaussures en France, dans son usine de Dordogne, et ce depuis 1967. Pour la petite histoire, le ministre du Redressement productif est ressorti de l’usine, une paire de Zizi blanches sous le bras. Ces richelieux à lacets furent initialement conçues par la créatrice de la marque, Rose Repetto, pour sa belle-fille Zizi Jeanmaire.

Les débuts du succès rue de la Paix

L’histoire de Repetto commence en 1947 à Paris. Rose Repetto, poussée par son fils -qui suit des études à l’Opéra de Paris- à concevoir ses premiers modèles de chaussons de danse, devient rapidement incontournable pour les petits rats de l’Opéra. Les danseurs poussent la porte du premier atelier de la créatrice, inauguré en 1959 au 22 rue de Paix à Paris.

Quelques années avant son installation rue de la Paix, la créatrice était déjà sollicitée notamment par l’actrice Brigitte Bardot -alors à la recherche d’une chaussure confortable... et glamour! Rose Repetto conçut alors pour elle le modèle Cendrillon en 1956. Les petites ballerines rouges vernies hériteront de la chaussure de danse sa finesse et seront doublées d’une touche nouvelle de glamour et de confort. Elles "feront la paire" avec BB dans le film Et Dieu créa la femme (1956).

L’engouement pour la petite chaussure se fera très vite sentir et les Cendrillon deviendront le nouvel accessoire indispensable de ces dames. Plus récemment, c’est le mannequin Kate Moss qui a donné un nouveau coup de projecteur aux ballerines Repetto, devenues un de ses accessoires fétiches.

Et à l'occasion de la sortie du film Cendrillon le 25 mars prochain, Repetto s'est associée à Disney pour lancer une collection de couleur bleue, comme la robe de bal de la princesse.

Les chaussures Repetto sont encore aujourd’hui faites en France, à la main, selon la technique du "cousu-retourné". Cette technique, mise au point par Rose Repetto elle-même, consiste à coudre à l’envers la semelle avant de la retourner pour plus de confort et de souplesse.

Serge Gainsbourg et Mick Jagger, emblèmes des Zizi de Repetto

Si la marque sonne aujourd’hui comme un univers féminin, elle n’a pourtant pas séduit que les femmes. C’est Serge Gainsbourg qui, le premier, tombera amoureux dans les années 70 des richelieux nommées "Zizi" et deviendra ambassadeur de la marque. De nombreux clichés du chanteur laissent apercevoir ses Zizi blanches à lacets. Mick Jagger, leader des Rolling Stones adoptera lui aussi les Zizi. Les mocassins Michael, confectionnés en 2009 en hommage au décès du roi de la pop Michael Jackson, séduiront aussi bien les femmes que les hommes.

Il serait pourtant erroné de dire que la vie de l’entreprise Repetto a toujours été rose. A la fin des années 90, les ventes de l’entreprise sont en chute libre et ses modèles se sont démodés. La mort de sa fondatrice Rose Repetto en 1984 a fait perdre à la marque une partie de sa magie.

Repetto frôle la disparition en 2002

En 1999, la maison change de direction et de ligne commerciale. Le repreneur, Jean-Marc Gaucher, en succédant à Rose Repetto, se lance le défi de donner un nouveau dynamisme à la marque. Son ambition a pourtant bien failli ne jamais aboutir. Le dépôt de bilan en 2002 semble signer la fin de l’aventure. Mais le tribunal préfère la continuation de l’entreprise qui ne compte plus que 85 employés pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros.

Jean-Michel Gaucher et les clés du succès

Jean-Marc Gaucher, self-made man sorti du parcours scolaire à l’âge de 15 ans, tour à tour sportif de haut niveau -il voulait devenir champion de course à pied- puis patron Europe de la marque sportive anglaise Reebok, a mis près de dix ans à remettre Repetto sur le devant de la scène. La clé du succès pour le nouveau patron? S’allier à des grands noms de la mode et sortir tous les deux mois de nouveaux modèles.

Ces dernières années, la maison Repetto a conçu aux côtés des stylistes japonais Issey Miyake et Yohji Yamamoto deux nouveaux modèles (commercialisés en 2000) et a signé avec le célèbre couturier Karl Lagerfeld une collection de sandales noires et blanches au printemps 2009. En 2005, pas moins d’un million de ballerines sont sorties de l’usine de Dordogne. Aujourd’hui plus de 250 nuances de couleurs sont proposées et il est même possible de personnaliser sa paire.

L’entreprise a récemment eu des difficultés à trouver un personnel qualifié pour maintenir le savoir-faire historique de la marque. Jean-Marc Gaucher a alors décidé de prendre en main la formation des futurs salariés de l’entreprise avec l’aide de la région Aquitaine et de Pôle-emploi et a inauguré en janvier 2012 son école de formation à Coulaures en Dordogne. "Nous n’avons pas besoin de diplômes ou de CV, mais de gens ayant des qualités que nous vérifions avec des tests de logique et de dextérité", a précisé le patron de la marque. Près de 150 personnes ont bénéficié de cette formation de six mois sur les métiers du cuir.

Chic à la française

L’ascension de la marque est allée de pair en 2007 avec un projet associatif initié par Jean-Marc Gaucher. Il a créé, à l’occasion des 60 ans de la maison Repetto, la fondation "Danse pour la Vie". Son ambition: donner un coup de pouce à des enfants en détresse en faisant de la danse un outil d’éducation, de réinsertion et de développement personnel.

Le carnet de commandes enregistré par le siège social parisien est bien rempli. Plus de 2.500 paires sortent chaque jour de l’usine et l’objectif cette année est de dépasser les 6.000 paires. Et pourtant, ces ballerines en peau d’agneau coûtent près de 180 euros.

Les chaussures Repetto, implantées dans 177 villes de France et 44 pays dans le monde restent un emblème du "chic à la française" dont le savoir-faire fait rêver de nombreux étrangers de passage en France. Repetto aux pieds, on entendrait presque trotter derrière soi les petits rats de l’Opéra...

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