L'Inde votera en avril et mai pour ou contre un deuxième mandat de Modi

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Par Bhuvan BAGGA - New Delhi (AFP)
Publié le 10 mars 2019 - 17:31
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(ARCHIVES) Photo du Premier ministre indien Narendra Modi prise le 18 avril 2018 devant le 10 Downing Street à Londres
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© Tolga AKMEN / AFP/Archives
(ARCHIVES) Photo du Premier ministre indien Narendra Modi prise le 18 avril 2018 devant le 10 Downing Street à Londres
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Les Indiens voteront du 11 avril au 19 mai, six semaines d'élections législatives pour doter la plus grande démocratie du monde d'un nouveau Premier ministre, fonction que brigue à nouveau Narandra Modi opposé à Rahul Gandhi, de la dynastie des Nehru-Gandhi.

Les résultats doivent être annoncés le 23 mai, a précisé dimanche la commission électorale, qui a annoncé les dates du scrutin.

"Le festival de la démocratie. Voilà les élections", a tweeté dimanche soir M. Modi. "J'espère que ce scrutin verra une participation historique".

Narendra Modi, 68 ans, du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), briguera un deuxième mandat pour conduire ce pays de 1,25 milliard d'habitants, le deuxième le plus peuplé au monde. Il fera face à Rahul Gandhi, 48 ans, fils du Premier ministre assassiné Rajiv Gandhi, du parti du Congrès (centre gauche).

De l'Himalaya aux rivages tropicaux en passant par les déserts, quelque 900 millions d'électeurs désigneront pour les cinq prochaines années les 543 sièges de la Lok Sabha, chambre basse du Parlement indien.

Le BJP et le Congrès, évincé du pouvoir en 2014 après y avoir été omniprésent comme parti emblématique de la lutte pour l'indépendance, sont les deux principales forces parmi les centaines de partis du pays.

M. Modi, dont le parti de droite avait remporté une victoire écrasante aux législatives en 2014, reste une figure populaire, au charisme certain et à la langue acérée. Le BJP, lui, demeure une machine politique bien huilée.

Le Premier ministre sortant a pu récemment redonner du lustre à son blason nationaliste à la faveur de la crise la plus grave depuis des années entre l'Inde et le Pakistan, déclenchée le 14 février par une attaque suicide qui a tué quelque 40 paramilitaires indiens au Cachemire indien.

Cette attaque, la plus meurtrière depuis le début de l'insurrection séparatiste en 1989, a été revendiquée par le groupe islamiste Jaish-e-Mohammed (JeM), basé au Pakistan. Elle a déclenché une "frappe préventive" indienne contre un camp du JeM au Pakistan puis des combats aériens - les premiers depuis des décennies - entre les deux pays. Captué par le Pakistan, le pilote d'un avion indien abattu a été libéré le 1er mars.

Durant la crise, M. Modi a adopté une rhétorique martiale, accusant l'opposition de faiblesse et affirmant que sa "nouvelle Inde" donnerait "une réponse fulgurante" au voisin musulman.

"Nous n'épargnerons quiconque veut détruire notre pays même si les chefs se trouvent de l'autre côté de la frontière", a-t-il récemment déclaré lors d'un meeting dans le Gujarat (ouest), Etat dont il est originaire. "L'opposition a un problème avec des actions aussi décisives. Mais je vais aller de l'avant et je suis résolu à déraciner le terrorisme".

Le Premier ministre se plait en outre à souligner ses origines modestes de vendeur de thé comparées à celles de M. Gandhi, à demi-Italien et issu de l'une des plus illustres familles indiennes, la dynastie des Nehru-Gandhi (qui n'a aucun lien de parenté avec le Mahatma Gandhi).

Il se heurte toutefois à un mécontentement croissant lié au chômage et aux inégalités. Les sondages montrent une érosion du soutien au BJP qui pourrait même ne pas atteindre le seuil des 272 sièges nécessaires pour former seul un gouvernement.

"Si le BJP ne parvient pas à former seul une majorité, Modi perdra le pouvoir pour toujours", juge Mohan Guruswamy, du cercle de réflexion Centre for Policy Alternatives. "Ce sera le début de la fin", explique-t-il à l'AFP.

Pour sa part, Rahul Gandhi, ancien étudiant de Harvard et de Cambridge, longtemps critiqué pour son manque de charisme, prend des allures d'adversaire sérieux. Le Congrès a gagné à la surprise générale trois Etats-clefs en décembre (Rajashtan, Madhya Pradesh et Chhattisgarh). Ils font partie de vastes régions rurales où se trouve le coeur de l'électorat de M. Modi.

Ces résultats ont été largement expliqués par l'absence d'amélioration du sort des paysans - dont des milliers se sont suicidés ces dernières années - et de création de nouveaux emplois.

"Cette élection va être le moment d'évaluation du gouvernement Modi", résume Gurpreet Mahajan, professeur de science politique à l'Université Jawaharlal Nehru de New Delhi. "Elles seront un référendum sur Modi et le fait qu'il a tenu ses promesses, ou pas", ajoute-t-il.

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