Migrants : la crise humanitaire continue en Méditerranée, aggravée par "l'enfer libyen"

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Par AFP
Publié le 17 octobre 2017 - 15:59
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Sophier Beau (D) et Francis Vallat de l'ONG "SOS Mediterranée", le 17 octobre 2017 à Issy-les-Moulin
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Sophier Beau (D) et Francis Vallat de l'ONG "SOS Mediterranée", le 17 octobre 2017 à Issy-les-Moulineaux
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La crise humanitaire se poursuit en Méditerranée, où des milliers de migrants de plus en plus jeunes continuent de risquer leur vie chaque mois, notamment pour fuir la Libye devenue un "enfer" pour eux, a souligné mardi une ONG qui les secourt en mer.

Depuis février 2016 et la première mission de l'Aquarius, le bateau avec lequel l'ONG SOS Méditerranée recueille les migrants qui tentent de gagner l'Europe sur des bateaux de fortune, "rien n'a changé en Méditerranée", a expliqué Francis Vallat, président de l'ONG en France, lors d'une conférence de presse à Paris.

"Les hommes, femmes et nombreux enfants secourus en mer fuient les violences généralisées qui ne font que s'aggraver en Libye", de loin le premier point de départ des migrants qui arrivent d'Afrique en Europe, a-t-il ajouté.

Alors que le nombre de migrants venus de Libye et secourus en mer par l'ONG avait baissé depuis l'été, il est reparti à la hausse en octobre, atteignant déjà 606, contre 391 en septembre, a précisé la cofondatrice et vice-présidente de l'ONG, Sophie Beau.

Mme Beau a elle aussi souligné le rôle moteur de la situation chaotique en Libye, déchirée entre pouvoirs politiques rivaux depuis la chute de la dictature de Mouammar Kadhafi en 2011: milices et trafiquants y prospèrent et "kidnappent, violent, torturent, extorquent et font vivre l'enfer aux migrants".

"De plus en plus, les migrants que nous secourons racontent avoir pris la mer car ils n'en pouvaient plus d'être victimes de ces violences généralisées. Ils sont piégés car ils n'ont plus de papiers, et leur seul échappatoire est de prendre la mer", a-t-elle expliqué à l'AFP.

"Beaucoup nous disent qu'il n'avaient pas le projet de prendre la mer, mais qu'ils l'ont fait pour échapper à l'enfer libyen, et à cette traite humaine généralisée qui fait penser à la traite négrière", "car c'est un système tout aussi organisé".

Mme Beau a également souligné la présence croissante de mineurs parmi les migrants secourus par l'ONG (241 sur 606 en octobre). "Alors qu'ils comptaient pour 20% l'an dernier, on est à 35% cette année, dont 80% à 90% sont non accompagnés", selon elle.

"Les enfants sont pris dans le même engrenage de violences que les adultes, ce qui est choquant car ils sortent traumatisés des violences subies pendant leur parcours et sont très vulnérables aux trafics, les réseaux de prostitution notamment", selon elle.

La grande majorité des migrants tentant la traversée sont originaires d'Afrique subsaharienne, avec en tête les Nigérians fuyant notamment des régions affectées par les jihadistes de Boko Haram, selon l'ONG, qui dit toutefois avoir recueilli cette année en mer "de plus en plus de migrants venus du Bangladesh".

D'après les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), près de 145.000 migrants sont arrivés d'Afrique par la mer en Europe du sud depuis le début de l'année, dont les deux tiers en Italie, et près de 2.800 sont morts ou ont disparu pendant la traversée.

Selon SOS Méditerranée, qui fonctionne à 98% avec des dons privés et dit avoir secouru près de 24.000 migrants en mer depuis février 2016, 93% des décès de migrants pendant la traversée ont lieu entre l'Italie et la Libye.

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