Musique et funérailles : la B.O. du dernier voyage

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Par Philippe GRELARD - Paris (AFP)
Publié le 31 octobre 2020 - 09:10
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Un portrait géant de Johnny Hallyday sur le façade de l'église de la Madeleine, le jour de ses funérailles, le 9 décembre 2017 à Paris
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© Eric Feferberg / AFP/Archives
Un portrait géant de Johnny Hallyday sur le façade de l'église de la Madeleine, le jour de ses funérailles, le 9 décembre 2017 à Paris
© Eric Feferberg / AFP/Archives

Du classique avec Brahms ou du rock industriel avec Rammstein: la musique aux funérailles est désormais une pratique courante, des corbillards équipés d'enceintes au cimetière jusqu'aux interprètes en live au crématorium.

Les séquences de la cérémonie pour Johnny Hallyday à l'église de la Madeleine en 2017, avec ses guitaristes autour de son cercueil, ou la chanson "One" de U2 retentissant lors de l'hommage à l'enseignant Samuel Paty à la Sorbonne sont dans tous les esprits.

"Aujourd'hui, la diffusion de musique en cérémonie est quasi systématique", déclare pour l'AFP Gautier Caton, porte-parole de la Confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie (CPFM).

"Les funérariums et crématoriums sont dotés en sonos et beaucoup d'entreprises ont équipé leurs maîtres de cérémonie de smartphones connectés aux sonos pour les cimetières; car c'est parfois difficile d'avoir un corbillard aménagé avec des enceintes près de la tombe".

Dans le cas d'une cérémonie religieuse, dans une église catholique par exemple, tout le déroulé doit être validé par l'équipe paroissiale, ce qui n'est pas le cas des cérémonies civiles - dans les funérariums ou crématoriums - où les choix sont libres.

Nombre de sites internet de devis d'obsèques proposent des playlists de chansons, où l'on retrouve des morceaux évoquant l'au-delà --tel "Le paradis blanc" de Michel Berger-- ou l'adieu, avec par exemple "Je suis venu te dire que je m'en vais" de Serge Gainsbourg. Mais, dans la réalité, on s'éloigne souvent de ces standards.

- "Allumer le feu" -

"Il y a une personnalisation, en fonction des choix de la famille ou du défunt: ça peut être du Radiohead, la 5e de Beethoven ou Rammstein", confie à l'AFP Jean-Marie Lagarde, directeur du crématorium du Père-Lachaise.

Si dans le registre classique ce responsable cite des compositeurs récurrents, "Brahms, Beethoven, Mozart, Bach, Chopin", pour les autres registres musicaux, il y a "moins de spécificité, c'est plus aléatoire".

Et ce n'est pas une légende, "Allumer le feu" de Johnny Hallyday résonne parfois lors d'une crémation. "Oui, c'est arrivé, c'est le choix du défunt", confirme Jean-Marie Lagarde.

"Les opérateurs funéraires ne s'immiscent jamais dans une cérémonie religieuse. Dans une cérémonie civile, c'est à la famille de tout organiser et on peut avoir un rôle de conseil", développe Gautier Caton, également directeur général du groupe funéraire Caton dans la région Centre. "Il faut parfois découvrir qui était la personne au-delà de la personnalité publique: quelqu'un de connu, d'établi, à l'image classique, écoutait ainsi AC/DC".

"A un moment, en Grande-Bretagne, c'est +My way+ de Sinatra qui avait la cote, chanson-bilan qui peut s'appliquer à un jeune de 19 ans mort à moto ou à un vieux +cadre-sup'+. Mais en France, ça relève surtout des goûts personnels, qui peuvent s'avérer paradoxaux pour des funérailles", renchérit pour l'AFP Bertrand Dicale, spécialiste de la chanson française.

- "Pour un flirt avec toi" -

"Tous les chanteurs ont un titre sur leur propre mort, Ferré +A mon enterrement+, Aznavour +J'abdiquerai+, Damien Saez +Chanson pour mon enterrement+, mais on peut très bien avoir +Pour un flirt avec toi+ de Michel Delpech", poursuit le chroniqueur de Radio France et signature de News Tank Culture.

"On en revient souvent à la musique écoutée par le défunt entre 15-25 ans, celle qui l'a suivie toute sa vie", complète Gautier Caton. Et "il y a de la musique enregistrée, ou du live, avec musiciens et instruments, c'est la famille qui choisit le mode de diffusion", détaille encore Jean-Marie Lagarde.

La start-up Elicci, créée en 2014, s'est spécialisée dans les prestations en direct, dans tous les styles: lyrique, rock, gospel, etc.

"Nous connaissons une croissance douce mais sûre. Au départ, on nous contactait par le biais des pompes funèbres. Maintenant il y a une grosse demande par internet, ce sont les gens qui y pensent", décrit pour l'AFP Aliette Frangi, fondatrice de cette société rayonnant autour de six grandes villes françaises.

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