Chronique N°97 – "7e vague : faut-il suivre les PU-PH qui recommandent encore le vaccin, le masque et les tests ?"

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François Pesty, pour FranceSoir
Publié le 25 juillet 2022 - 11:30
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C97 Pesty Dr Gilles Pialoux
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STEPHANE DE SAKUTIN / AFP - DR
Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon, Gilles Pialoux, lors d'une séance photo le 28 octobre 2020, à Paris.
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CHRONIQUE — Gilles PIALOUX, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon, AP-HP, était le 24 juin dernier interviewé par Apolline de Malherbe sur BFM TV/RMC.

APDM : « Le covid revient. 80 000 cas de covid en 24h, de nouveaux cas, de nouveaux variants, un retour du masque. Je précise d’ailleurs que vous avez remis le masque ce matin. Gilles Pialoux, il faut donc s’inquiéter ? »

Giles Pialoux : « Donc, on est avec des variants, donc on va en parler tout à l’heure, de BA.5, etc. qui sont hautement contagieux, qui sont un peu des avions furtifs. C’est-à-dire qui passent un peu en dessous des défenses immunitaires. Ça c’est une vraie complexité de la bande d’Omicron, qui a commencé avec BA.1, BA.2, etc… Et puis, ça c’est la première chose. Deuxièmement, on est à distance, pour beaucoup de gens on est à distance de la 3ème dose. Ça c’est la deuxième raison pour laquelle ça augmente [1] ».

[1] Non, ce n’est pas exact. Les courbes de nouveaux cas quotidiens positifs au covid-19, lissées sur les 7 derniers jours, comme nous allons le voir, sont complètement déconnectées de celles de la couverture vaccinale. Explications :

En effet, ce que nous serions en droit d’attendre d’un vaccin efficace, pour le moins, c’est qu’il réduise le nombre de nouveaux cas positifs au fur et à mesure que la couverture vaccinale augmente !

Interprétation des graphiques combinés

Or, précisément, si l’on observe les nouvelles contaminations quotidiennes sur la période allant du début de la vaccination, le 27 décembre 2020, au 15 décembre 2021, alors que le taux de couverture vaccinale complète (2 doses de vaccins) quel que soit l’âge, a augmenté progressivement, passant de 0 à 76,6%, sans réussir pour autant à empêcher de fortes hausses de contamination. Le graphique ci-dessous objective 3 larges périodes de fortes hausses des contaminations malgré la montée en charge de la vaccination complète (zone en orange sur le graphique). Pour la dernière période par exemple, entre le 7 octobre et le 15 décembre 2021, le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes est passé de 4 211 à 50 903, pendant que la couverture vaccinale progressait de 73,3% à 76,6%. Il est visuellement patent sur cette période de près d’un an que l’augmentation de la couverture vaccinale complète a été majoritairement associée à des hausses de contamination et que l’association dans le temps d’une baisse des nouveaux cas pendant l’ascension du taux de couverture, est beaucoup moins fréquente. Cette observation qui, nous allons le confirmer, se répète, met en échec l’efficacité vaccinale !

Evolution cas covid

Prenons à présent la période suivante allant du 15 décembre 2021 au 2 juillet 2022. Dans le prolongement de la période précédente, nous passerons de 50 903 nouveaux cas quotidiens (moyenne sur les 7 derniers jours) à 365 758 le 24 janvier 2022 (un record non encore égalé lors de la présente ,7ème vague), alors que dans le même temps, le taux de couverture vaccinale complète tous âges confondus avait péniblement progressé de 76,6 à 78,8%... Le soufflet retombait bien vite, alors que nous allions connaître une 6ème vague (point bas à 51 877 nouveaux cas le 3 mars 2022, point haut à 140 618 nouveaux cas le 31 mars 2022, tandis que la hausse du taux de couverture qui avait déjà donné des signes d’essoufflement, s’épuisait, passant de 79,5 à seulement 79,6%. Le soufflet retombe encore, mais le 26 mai 2021, commençait notre 7ème vague. Après un point bas à 17 522 nouveaux cas lissés sur une semaine, elle allait nous emmener jusqu’à 109 413 nouveaux cas quotidiens le 2 juillet 2022 (mais, ce n’est peut-être pas encore terminé, l’avenir nous le dira…) La couverture vaccinale quasiment à l’arrêt, était passée dans le même temps de 79,7 à 79,8%. Toujours le même constat, les zones orangées (hausse des contaminations malgré une progression de la vaccination) sont prépondérantes sur les zones vertes (baisses des contaminations concomitantes au renforcement du taux de couverture vaccinale).

Evolution cas covid 2

Il est tout aussi intéressant de faire le point sur les doses de rappel. Ont-elles permis d’endiguer les flambées épidémiques ? Curieux de le savoir, je télécharge sur GEODES (ici), l’outil bases de données de Santé Publique France, les jeux de données correspondants au 1er rappel (3ème dose) et au 2ème rappel (4ème dose), tous âges confondus. Ci-après les graphiques combinés.

Le 1er rappel a été administré le 31 août 2021. La HAS s’était prononcée une semaine auparavant favorable à la vaccination des plus de 65 ans et des personnes porteuses de comorbidités à risque de formes sévères (ici). Le 6 octobre 2021, elle élargissait ses recommandations de vaccination anti-covid aux professionnels qui prennent en charge ou accompagnent des personnes vulnérables (soignants, transports sanitaires et professionnels du secteur médico-social) ainsi qu’à l'entourage des personnes immunodéprimées (ici). Le 5 août 2021, le Conseil Constitutionnel autorisait l’obligation vaccinale des soignants et de très nombreux professionnels, avec suspension du contrat de travail en cas de refus de se soumettre à cette honteuse obligation (Voir mes chroniques qui abordait ce sujet, notamment la N°71 : ici). Le graphique ci-après montre une baisse modérée des nouvelles contaminations entre le 31 août 2021 (15 512 nouveaux cas quotidiens) et le 8 octobre 2021 (4 179 nouveaux cas), pendant que le taux de couverture vaccinale complète avec un rappel, passait de 0 à 2,4%. Cependant, allait suivre une période de hausse ininterrompue des nouveaux cas positifs au covid-19 (passés donc de 4 179 à 231 835 le 5 janvier 2022), parallèle à l’essor du taux de couverture de 2,4 à 39,2%. Cette constatation, signe le fiasco vaccinal. Nous n’allions pas en rester-là.

Evolution cas covid 3

Le choix du 5 janvier est uniquement dû au fait que le tableur Excel possède une puissance de calcul limitée pour les graphiques combinés particulièrement gourmands en ressources informatiques. S’il avait été possible, j’aurais bien évidemment prolongé le graphique jusqu’à la période actuelle. Dans la lignée de ce que nous venons d’observer, voici le graphique suivant, qui poursuit la hausse des contaminations malgré l’accroissement du taux de couverture vaccinale complète avec un rappel, qui nous emmènera au record absolu de la 5ème vague culminant à 365 758 nouveaux cas en 24h constatés le 24 janvier 2021…Dans le même temps, la couverture vaccinale complète avec premier rappel passait de 39,2 à 59,9%. Ce taux de couverture qui n’a pas dépassé les 60%, n’a pas non plus permis de contrer les 6ème et désormais 7ème vagues…

Evolution cas covid 4

Il nous reste quand même à évaluer l’impact ou pas du 2ème rappel (4ème dose de vaccin, cela ressemble à de l’entêtement…), éligible depuis le 14 mars 2022 pour les personnes âgées de 80 ans et plus ainsi que pour les résidents des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des Unités de soin de longue durée (USLD). Les personnes sévèrement immunodéprimées pouvaient en bénéficier depuis le 28 janvier 2022. Les personnes âgées de 60 ans à 79 ans peuvent recevoir leur deuxième dose de rappel dès 6 mois après l’injection du premier rappel ou dès 6 mois après la dernière infection (ici). Ce dernier graphique combiné retrace la période du 6 janvier 2022 (début de l’administration de la 4ème dose, à aujourd’hui (2 juillet 2022). La hausse de 0 à 4,9% ne semble pas avoir produit le moindre effet de réduction des nouvelles contaminations. Il est vrai que les personnes éligibles à la 4ème dose ne sont certainement pas celles qui propagent le plus le virus de la covid-19 (ne l’appelons plus SARS-COV2, voir ma chronique N°95 : ici), loin s’en faut. De surcroit, avec seulement 5% de la population française tous âges confondus vaccinés avec 4 doses, un impact favorable aurait été très, très surprenant…

Evolution cas covid 5

Dans ma chronique N°95 (ici), j’avais pu montrer au nez et à la barbe du Pr Bruno Mégarbane, réanimateur, à l’hôpital Lariboisière, Paris, AP-HP, que les taux de létalité dans les 5 classes d’âges les plus élevées n’avaient pas baissé pendant la montée en charge de la vaccination, infirmant ainsi les dires des PU-PH abonnés aux plateaux TV et autres studios radiophoniques qui ont propagé l’idée que le vaccin avait permis d’éviter des décès. Par la même occasion, je montrais que l’augmentation du taux de couverture vaccinale complète ne coïncidait ni avec une réduction des pics de décès attribués au covid, ni des pics d’admissions dans les services de soins critiques. Contrairement aux boniments de ces PU-PH, visant à convaincre la population française de suivre la propagande gouvernementale, le vaccin n’a pas permis de sauver des vies, ni d’éviter des formes sévères. La confrontation ici dans cette chronique entre la courbe des nouveaux cas positifs au covid-19 et l’augmentation des taux de couverture vaccinale (vaccination complète avec 2 doses, complète avec une dose de rappel, ou deux doses de rappel) n’est associée à aucune réduction probante des nouvelles contaminations. La stratégie vaccinale est un échec cuisant, il va bien falloir le reconnaître…

Gilles Pialoux poursuivant son propos : « On est à distance aussi, avec maintenant une période très longue, très festive, fête de la musique, etc..., avec des mesures barrières qui ont été proches de zéro, il faut le dire, hein ? Moi, ça, c’est un peu symbolique le masque, c’est pas la situation. C’est, je pense qu’effectivement, il y a des gens qui vont devoir remettre le masque [2]. Parce que la contrainte ne viendra pas. On est dans une situation politique, je ne sais pas si on va en parler, où les prises de décisions vont encore plus être complexes dans le chaos qu’on nous a annoncé. Et donc les décisions qui vont aller dans le sens de la contrainte, vont être très compliquées. Il va falloir un consensus. Donc, je pense qu’il y a des, il y a une responsabilité individuelle. C’est pour ça que j’avais dit un moment, euh, ça avait, euh, j’avais reçu bien des insultes, j’avais dit on aura les vagues qu’on mérite. Mais, parce que, il y a un appel à la responsabilité individuelle sur le port du masque dans les transports en commun. C’est pas parce qu’il n’est pas obligatoire qu’il n’est pas conseillé. Franchement et surtout avec ces variants hautement contagieux ».

[2] Comment un chef de service des maladies infectieuses peut ne pas être conscient de l’inefficacité des masques contre les virus respiratoires ? Alors oui, les infectiologues sont extrêmement influencés par les firmes pharmaceutiques, et celui-ci particulièrement (voir infra). Ils ont un fort tropisme pour les médicaments. Est-ce une raison pour négliger et méconnaître les essais cliniques qui ont été réalisés pour évaluer l’efficacité du port du masque pour réduire les contaminations par les virus respiratoires ? Est-ce une raison pour gober la doxa et la propagande gouvernementale ? Est-ce une raison pour épouser religieusement la Foi dans les masques telle qu’on a pu l’observer au travers du comportement des peuples d’Asie. Cette Foi n’est pas fondée sur des preuves scientifiques robustes mais seulement des opinions. Il est vrai qu’il soit tentant et rassurant de croire en une protection infaillible lorsque l’on porte le masque… La réalité est toute autre. D’abord les masques ne sont pas conçus pour représenter une barrière efficace contre l’inhalation d’aérosol de virus respiratoires. Si l’on prend la norme AFNOR applicable au masque FFP2 (appelé « N95 » chez les anglo-saxons), une fuite de 11% au travers du matériau est tolérée pour des particules de 600 nm de diamètre (aérosol de solution de chlorure de sodium à 2%, 20 fois plus concentrée que le sérum physiologique à 0,9 g pour 1000 ml). Alors imaginez quelle peut-être la fuite avec des particules virales de 4 à 10 fois plus petites ! Le diamètre du SARS-COV-2 est de 60 à 140 nm. Donc, sur le papier, il n’est pas imaginable que le masque FFP2 puisse retenir le covid-19. Et de fait, 9 essais cliniques randomisés contrôlés de bonne qualité ont fait l’objet de la 5ème réactualisation de la revue méthodique avec méta-analyse par la collaboration Cochrane, publiée le 20 novembre 2020 (ici). Ces études ont permis d’évaluer la réduction de l’apparition de symptômes cliniques d’infections respiratoires chez 7 799 soignants (4 289 portaient un masque FFP2, 3 510 portaient un masque chirurgical), de symptômes cliniques de syndrome grippal ou de tests de laboratoires positifs à la grippe chez 8 407 soignants (4 591 portaient un masque FFP2, 3 816 un masque chirurgical). Les auteurs qui sont des experts médicaux internationaux sans conflits d’intérêts avec les industries de santé ont également comparé le port du masque chirurgical versus l’absence de port de masque chez 3 507 soignants sur la réduction de l’apparition de symptômes cliniques de syndromes grippaux et chez 3.005 soignants la confirmation par un test de laboratoire positif à la grippe. Les auteurs concluent leurs méta-analyses sur le fait que le port du masque chirurgical ne fait pas ou peu de différence avec l’absence de port de masque. Que le port du masque FFP2 ne fait pas ou peu de différence avec le port du masque chirurgical. A ma connaissance, une seule étude clinique randomisée et contrôlée a été publiée pendant la pandémie de covid-19. Cette étude danoise réalisée chez 4 862 participants dont les résultats ont été publiées en mars 2021 dans la très sérieuse revue médicale Annals of Internal Medicine, est également négative (ici). Pour plus de détails, se référer à ma chronique N°92 (ici). De deux choses l’une. Ou bien le Pr Gilles Pialoux est un ignorant sur cette question, ou bien c’est un menteur ! A noter que le Pr Gilles Pialoux a perçu en mars 2019 une hospitalité (transport, hébergement, et ou restauration) d’une valeur de 800 € de la part des laboratoires MAJORELLE qui commercialisent des masques de « protection » (certes avant la pandémie, mais il faut savoir que les médecins qui reçoivent ce type de faveur, suivent le principe de la réciprocité, et renvoie le plus souvent l’ascenseur)…

APDM : « On a les politiques qu’on mérite, on a la situation qu’on mérite, et vous la conclusion que vous en tirez, c’est à chacun de faire en sorte de se protéger, à chacun d’être responsable ».

Gilles Pialoux : « Oui, parce qu’on a une 7ème vague avec un variant ultra-transmissible, encore plus transmissible que les premiers Omicron. Donc, ça c’est la première chose. Deuxièmement, même si effectivement pour l’instant on ne voit pas d’impact important sur l’hospitalisation et sur la réanimation, et ça c’est très important. Mais, il faut attendre aussi que cette augmentation, puisque ça a triplé, vous l’aviez dit dans les sujets précédents, ça a triplé en trois semaines le nombre de cas, euh, de voir l’impact que ce triplement a sur l’hospitalisation. Mais, c’est vrai que pour l’instant Omicron n’a pas rempli les hôpitaux. Mais il faut rappeler aussi que l’on n’a jamais été à zéro. On a toujours eu des malades. Moi j’ai toujours eu des malades et je n’ai, on ne sait jamais… »

APDM : « Toujours des malades et toujours des morts. Il y a 50 morts par jour encore en France, hein, du covid ».

Gilles Pialoux : « Voilà. Alors, ça c’est pour ceux qui nous expliquent que c’est un rhume [3]. C’est pas tout à fait un rhume d’abord [4]. »

[3] Mais si, c’est un rhume.

[4] S’il dit que « ce n’est pas tout à fait » c’est qu’on n’en n’est pas loin…

Gilles Pialoux : « Il y a cet angle mort…, qui continue, ces 8 millions de personnes qui sont accessibles au deuxième rappel, vous savez, ce qu’on appelle le 2ème rappel, c’est comme cela qu’il faut le dire, parce que 5ème dose, c’est compliqué [5]. Le deuxième rappel, il y a encore 8 millions de gens à récupérer [6]. Donc, il y a encore du monde à convaincre [7]. A la fois de se protéger, de protéger ceux qui sont le plus à risque. Je pense aux immunodéprimés, aux personnes âgées, à ceux qui sont très à distance du dernier vaccin [8]. »

[5] J’ai l’impression que Gilles Pialoux ne sait même pas compter. Primo-vaccination = 2 doses. Le premier rappel = 3ème dose. Le deuxième rappel = 4ème dose. Je ne vois pas de 5ème dose !

[6-8] Quel intérêt à vacciner avec un vaccin qui ne marche pas ? Qui faudrait-il vacciner contre un rhume ? Franchement, même chez les personnes très âgées, je ne vois pas de bénéfice à le faire. Elles sont où les études qui démontrent un bénéfice à vacciner le grand âge contre le sous-variant BA.5 d’Omicron ? Le principe de précaution ne doit pas s’appliquer à la médecine sauf à systématiquement surmédicaliser, surdiagnostiquer et surtraiter…

Gilles Pialoux : « C’est BA.5 qui est effectivement actuellement majoritaire, puisque c’est à peu près 65% des nouvelles contaminations ».

APMD : « Ce BA.5, il se manifeste comment ? Quelle est sa spécificité ? D’abord, sur les symptômes. Est-ce que ça entraîne des formes graves du covid ? »

Gilles Pialoux : « Alors, il y a des formes graves de tous les covids. Il faut être clair. Quand essentiellement, vous avez à la fois, pas de vaccination, ou une vaccination incomplète. C’est un premier facteur de gravité. Le deuxième, c’est d’avoir des comorbidités. On voit beaucoup de gens, par exemple qui décompensent des insuffisances respiratoires à cause d’Omicron. Donc, c’est pas directement Omicron qui les met en réanimation, mais c’est leur état de base qui est déséquilibré par Omicron [9]. Et troisièmement… »

APMD : « Omicron, c’est l’étincelle, quoi ?... En quelque sorte ».

Gilles Pialoux : « C’est l’étincelle. Exactement. C’est ça qu’on voit le plus ».

[9] Non, l’hospitalisation en soins critiques, voire le décès, sont dus aux comorbidités. En l’occurrence, ici, à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou à l’insuffisance respiratoire aiguë, le covid peut être un facteur aggravant. Mais par définition, puisque la comorbidité préexistait à l’infection covid-19, le décès est causé par la pneumopathie ou l’une de ses complications comme la pneumonie. C’est un décès avec le covid et pas à cause du covid. Surtout, si le virus est extrêmement peu virulent, comme Omicron, responsable de simple rhume, n’en déplaise à l’infectiologue. Je rappelle que nous n’avons toujours pas accès à la file active des patients covidés qui ont été admis en soins critiques, intubés, puis mis sous ventilation mécanique. Ce type de parcours est principalement, pour ne pas dire le seul permettant de qualifier une forme sévère de la covid. Je suis persuadé que le codage pour la T2A (tarification à l’activité des séjours hospitaliers) permettrait de les identifier et que l’ATIH (agence technique d’information sur l’hospitalisation) est parfaitement capable de réaliser cette analyse ! On nous cache des choses. Une telle analyse conduirait certainement à revoir très fortement à la baisse les nombres de décès attribués au covid.

Gilles Pialoux : « Et puis le dernier élément aussi, et il faut le dire, c’est un élément positif, on a accès à un traitement qui est sous-prescrit en France, qui s’appelle le PAXLOVID®, euh, j’ai absolument aucun lien d’intérêts avec la firme [10]. Le PAXLOVID®, j’en ai pris moi-même quand j’ai eu mon, parce que j’ai des facteurs de risque cardiovasculaires. Ça diminue de 85% le passage à des formes graves et à la mortalité [11]. »

[10] Certes, il n’a pas de conflits d’intérêts avec Pfizer, mais il en a tellement avec toutes les firmes proposant des médicaments antiinfectieux (voir à la fin de la chronique les données chiffrées précises…), qu’il est sous leur influence et prêt à tout « gober » et disposer à croire tout ce qu’elles disent. Bref, il manque singulièrement d’esprit critique…

[11] Pour les 85% de diminution du risque d’hospitalisation ou de décès [12], il s’agit de la réduction du risque relatif qui est une expression trompeuse, car elle exagère considérablement la perception du bénéfice apporté par le traitement. Voilà un bel exemple. Les résultats de l’essai clinique randomisé en double aveugle (comme quoi Pfizer quand il le veut bien, est tout à fait capable de faire des essais de ce type, bien que ce n’est pas ce qu’ils aient fait pour leurs vaccins à ARN messagers), dénommé EPIC-HR, ont été publiés dans le New England Journal of Medicine le 14 avril 2022 (ici), bien après l’autorisation de mise sur le marché expéditive (accès précoce, procédure exceptionnelle !) du PAXLOVID®. Si l’on regarde le tableau A page 6, ci-dessous, nous pouvons aisément calculer les réductions de risque absolu et les nombres de patients à traiter pour éviter un événement (hospitalisation ou décès). Pour les patients traités (PAXLOVID® ou placebo) dans les 3 jours qui ont suivis le début des symptômes, la réduction du risque absolu est donné par la formule : (5/697)-(44/682) = 0,057, soit moins de 6%. Son inverse représente le nombre de patients à traiter (pour les anglophones, NNT « number needed to treat ») pour éviter une hospitalisation. Ici, 1/0,057 = 18. Cela signifie qu’il faut traiter 18 personnes avec le paxlovid pour éviter à un seul l’hospitalisation. Chez ces mêmes patients, la réduction absolue du risque de décès est en réalité de 0,013 (1,3%), et le nombre de patients à traiter avec le PAXLOVID® pour avoir un décès de moins que dans le groupe placebo, est de 77 (1/0,013). Pour les patients inclus dans l’essai dans les 5 jours qui ont suivi l’apparition des symptômes, le risque de réduction absolue des hospitalisations est en fait de 0,054 (5,4%) et celui d’éviter un décès est de 0,012 (1,2%). Formules de calcul respectivement : (8/1039)-(65/1046) et (0/1039)-(12/1046). Pour ces mêmes patients, les nombres de patients à traiter avec le PAXLOVID® pour éviter une hospitalisation ou un décès par rapport au placebo sont respectivement de 19 et de 87. Ce mode d’expression beaucoup plus fiable est moins mirobolant que les 85% de Gilles Pialoux. Dommage que les bons chiffres soient si rarement communiqués aux patients… Les firmes sponsors d’un essai clinique choisissent bien évidement de communiquer les résultats beaucoup plus flatteurs lorsqu’ils sont exprimés en réduction du risque relatif. Ce n’est plus de la science, mais du marketing pharmaceutique… Cela ne semble pas gêner les grandes revues médicales… En parcourant la publication, j’ai également eu quelques autres surprises. Chez les participants qui ont interrompu leur traitement au cours de l’étude, 2 fois plus d’événements indésirables ont été observés dans le groupe placebo que dans le groupe traité. Pendant la période de traitement, 4 fois plus d’événements sévères et 2 fois plus d’événements indésirables graves de grade 3 ou 4 ont été observés dans le groupe placebo. Troublant et inattendu…

[12] Hospitalisations ou décès, est un critère combiné. C’est évidemment plus facile de démontrer une différence significative avec ce type de critère…

APMD : « Et, il faut le prendre quand ? »

Gilles Pialoux : « Ah, il faut le prendre dans les 5 jours. Alors, c’est donc quelque chose que, qu’a été sous-communiqué [13]. Donc, on a des armes… »

[13] Les patients de l’essai clinique ont été recrutés entre le 16 juillet 2021 et le 9 décembre 2021. Ce qui implique que nous étions essentiellement confrontés au variant delta, beaucoup plus dangereux qu’Omicron. Ce serait vraiment pertinent de refaire l’étude avec Omicron, sous-variant BA.5, un virus tellement inoffensif par rapport à delta. On s’apercevrait alors que le nombre de patients à risque aujourd’hui de développer des formes sévères qu’il faudrait traiter avec le PAXLOVID® par rapport au placebo pour éviter un seul décès, pourrait être compris entre 500 et 5 000, voire même encore davantage…

Tableau résultats essai clinique randomisé EPICHR

APDM : « Ceux qui nous écoutent aujourd’hui. Ils ont des symptômes. Les symptômes, c’est les mêmes que le covid classique, c’est quoi ? »

Gilles Pialoux : « Il faut qu’ils se dépistent déjà, il faut continuer à se dépister ».

APDM : « Donc, donc. On a un symptôme. J’imagine qu’on va se dépister que quand on a un symptôme. »

Gilles Pialoux : « Bien sûr, bien sûr… Ou si vous êtes contact. »

APDM : « Donc, on a un symptôme, on a de la toux, on a de la fièvre, on a mal à la gorge. On a quoi ? C’est ça à peu près ? »

Gilles Pialoux : « Alors, les formes. Votre question c’est de savoir est-ce que BA.5 est plus grave que les autres. Pour l’instant, on n’a pas ces données-là et on n’a pas de signaux qui montreraient que ça soit plus grave. C’est très important. On l’avait montré avec delta, on l’a montré avec alpha etc…, vous savez les variants sud-africain [14] et anglais. On ne l’a pas encore montré avec Omicron que, il y avait plus de gravité ».

[14] Euh, non. Delta, c’était le variant indien ! Le premier variant sud-africain s’appelait « Beta », le second c’est Omicron… Il y a eu aussi le variant brésilien, « Gamma ». Faut suivre un peu…

APDM : « Donc, on a des symptômes... »

Gilles Pialoux : « On a des symptômes, alors les symptômes sont un peu différents. Il y a moins de signes respiratoires. Il y a moins d’atteintes respiratoires classiques. Vous savez on a commencé cette maladie en disant que c’était une maladie respiratoire. Y a moins de signes respiratoires. Il y a plus de signes à type de syndrome grippal. C’est-à-dire avec des fièvres très importantes. Moi, j’avais l’impression d’avoir la dengue, j’avais 40 (°C), des frissons etc…, donc, je suis pas le seul. Et puis, effectivement, des signes ORL, mal à la tête, très important. »

APDM : « Un mal de tête ».

Gilles Pialoux : « Mais ça peut ressembler à autre chose aussi. C’est pour ça qu’il faut dépister [15] ».

[15] Non, mais maintenant, il va falloir se faire dépister pour un rhume. Non mais, ça va pas !                                                                                                        .

APDM : « En tout cas, on a ces symptômes, on se fait tester… »

Gilles Pialoux : « On s’isole. »

APDM : « Si on est positif… »

Gilles Pialoux : « On s’isole. »

APDM : « Si on est positif, on s’isole, on continue à s’isoler comme avant… [16] »

[16] Pialoux, l’infectiologue, semble ignorer que pendant la pandémie nous n’avons jamais été capable d’identifier avec les tests plus d’une personne contagieuse sur six ! Voir les explications de l’épidémiologiste Catherine Hill dans ma chronique N°55 (ici). Croyez-vous sérieux de penser pouvoir arrêter une épidémie en isolant qu’une personne contagieuse sur six ? Alors oui, l’isolement est probablement la seule mesure efficace en infectiologie à condition d’identifier en temps utiles une forte majorité des contagieux. Je ne peux m’empêcher de me remémorer les propos de Brigitte Bourguignon, éphémère Ministre de la Santé proférés en compagnie d’Olivier Véran « Nous allons protéger les résidents d’EHPADs, mais sans les isoler ». Quelle ânerie ! A retrouver à la fin de ma chronique N°38 (ici).

Gilles Pialoux : « Mais, oui. C’est ça en fait. Je suis désolé, mais, d’avoir, d’être encore une fois l’oiseau de mauvais augure, mais, on a enlevé les obligations, et tout d’un coup, les gens ont oublié que, il y avait quand même une logique individuelle et collective, à se tester, à ce quand on se teste et qu’on sait qu’on est positif, vous le savez, la nature humaine est comme ça. On n’a pas le même comportement de prévention. On fait plus attention, on met un masque FFP2 [17], pour ne pas contaminer ses proches, surtout ceux qui sont fragiles ou pas suffisamment vaccinés. »

[17] Carton rouge Monsieur l’infectiologue. Vous pouvez tomber le masque FFP2 ! Il ne réduit pas ou peu les contaminations par virus respiratoires (quelles soient jugées sur l’apparition de symptômes et / ou sur la positivité de tests de laboratoires d’analyses médicales) par rapport eu masque chirurgical, qui lui-même ne réduit pas ou peu les contaminations par rapport à l’absence de port de masque. Source : la 5ème actualisation de la revue méthodique avec méta-analyse de la collaboration Cochrane, publiée le 20/11/2020 (ici). Pages 201 à 204…

Gilles Pialoux : « Donc, il faut se dépister. En plus, cela permet de suivre quel virus on a ».

APDM : « J’ai du mal à suivre là-dessus, Gilles Pialoux, parce qu’on avait le sentiment au contraire que plus le variant, plus le virus circulait, surtout s’il circulait à bas bruit, alors, ça créait une immunité collective qui à termes, était forcément positive pour tout le monde. Et là, vous nous dites, c’est une mauvaise nouvelle. Je ne comprends pas ! »

Gilles Pialoux : « Ah ah, oui, bah, c’est une mauvaise nouvelle, parce que, euh, c’est un peu technique, mais, si vous avez eu, ça aussi, il faut le dire aux gens, parce qu’il y a beaucoup de gens qui disent, ah oui, mais moi en 2020, j’ai eu le covid. Donc, finalement, après j’ai… »

APDM : « Donc, c’est bon, je suis tranquille. »

Gilles Pialoux : « Mais, non, on n’est pas tranquille, parce qu’on sait maintenant, que, très bien, il y a plein de papiers qui viennent de sortir, que l’immunité qui a été induite par la souche initiale, la souche de Wuhan, ne sert quasiment à rien pour Omicron [18], en gros, pour faire clair ».

[18] Et ça, tu ne peux pas le dire aussi pour le vaccin, Gilles Pialoux ? Non, mais n’importe quoi ! Quelle incohérence…

Mais, Gilles Pialoux est très influencé par les firmes pharmaceutiques, mais aussi plus généralement par les entreprises de la santé.

A la fin de ma chronique N°32 (ici) qui comportait une interview de l’infectiologue sur France Info, portant notamment sur l’intérêt du couvre-feu qu’avait instauré Jean Castex, j’avais présenté ses conflits d’intérêts sur la période allant du premier semestre 2015 au premier semestre 2020 (soient, 5 années et demie). Gilles Pialoux avait alors amassé près de 105 000 euros de montants d’avantages perçus (essentiellement des prises en charge dans des congrès médicaux internationaux, mais aussi environ 4 500 euros d’invitations au restaurant…) Dans le tableau ci-dessous, les 6 premiers laboratoires les plus généreux envers le Pr Pialoux, représentent 94% des montants et commercialisent tous des médicaments anti-infectieux.

Conflits d'intérêts Pialoux

Mais le site Transparence Santé (ici) a fait récemment peau-neuve. Il propose une nouveauté intéressante qui est de faire une « recherche rapide » permettant d’exporter les données dans un fichier Excel. L’exploitation de ce fichier m’a permis d’actualiser le calcul des conflits d’intérêts de Gilles Pialoux sur la période allant de 2012 au 1er semestre 2021 (8 années et demie). Soient 157 541 euros. Sauf, que 14 770 euros de montants d’avantages perçus, de conventions signées et de rémunérations, présents dans le résultat de la recherche effectuée en octobre 2020 sur l’ancien site Transparence santé, ont disparus. Dont, 13 830 Euros provenant des laboratoires BMS… Il se pourrait bien que le total soit en réalité supérieur à 170 000 euros. La crise covid semble avoir bien profité au Pr Gilles Pialoux…

Actualisation conflits d'intérêts Pialoux

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