À l'heure de la trêve pour contrer la Destruction en marche ?

Auteur(s)
Laurence Waki
Publié le 28 novembre 2023 - 17:44
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Rafael Barquero - Unsplash
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TRIBUNE/OPINION - En ce début novembre, j'ai cru un instant que nous avions sauté un mois et que décembre était arrivé. Partout ces décorations de Noël tellement en avance qui interrogent, brouillent nos repères déjà très confus.

À peine remis du changement d'heure, qui est devenu ce marronnier de la presse, toutes tendances confondues, à s'interroger deux fois par an sur le pourquoi de la persistance de cette mesure d'économie d'énergie qui ne sert à rien. Quand désormais tous les avis convergent, et sur l'inutilité de cette mesure, et ses effets néfastes réels sur la santé. Reste qu'il semble impossible d'en sortir. Une impossibilité incompréhensible. Ne suffit-il pas tout simplement de décider de l'arrêt de cette mesure ?

Sachant que ces changements d'horaires en vue de suivre l'ensoleillement ont été mis en place une première fois en juin 1916. Puis supprimés en 1946. Ce qui confirme que l'on peut arrêter, si besoin en était ! Qu'est-ce qui pourrait expliquer cet incroyable empêchement ? Combien d'années encore à pérenniser cette mesure prise par Valéry Giscard d'Estaing appliquée dès 1976 ? Quand pourtant le Sénat publie en 1997 un document qui aurait dû faire cesser cette mesure inadéquate. Qui rend perplexe, puisqu'un an après, en 1998, avait lieu l'harmonisation des dates de changements d'heure au sein de l'Union européenne !

Un vice se serait-il glissé dans ce processus, qui fait que plus il est décrié, plus ça continue ? Un sursaut a failli se produire en mars 2019 : des eurodéputés ont voté pour la suppression du changement d'heure saisonnier, avec mise en application en 2021. Je ne sais pourquoi, cela demandait deux années afin d'être juste arrêté, mais enfin, nous allions nous débarrasser de cette stupide mesure.

Sauf que, pour cause de Covid, cela a été ajourné ! Quel rapport entre l'arrêt du changement d'heures et un virus ? Je cherche encore la réponse. Qui fait que la fin du changement d'heure n'est plus à l'ordre du jour !

Une mesure-glue. Telle une métaphore de toutes ces mesures politiques qui plus elles sont néfastes, plus elles persistent. Ainsi, celles prises pour l'école ; ce "domaine réservé" voulu par Macron en septembre 2023. En prime, nous avons eu la nomination de Gabriel Attal en tant que ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, qui va ainsi pouvoir découvrir pour la première fois de sa vie ce qu'est l'école de la République. Quand, à peine découverte, il annonce faire sa réforme des collèges, tellement il a été alarmé des résultats d'évaluation du niveau des classes de quatrième qu'il juge "inquiétants".

Mais pourquoi ce niveau-ci ? Du CP à la cinquième, tout fonctionne et juste là, cela ne fonctionnerait plus ?! Ne va-t-on pas se retrouver avec des mesures inadaptées ? N'est-il pas évident que le dysfonctionnement démarre en amont ? Si, en quatrième, des élèves ne savent pas lire, écrire et compter correctement, ils n'ont certainement pas désappris en arrivant à ce niveau !

Novembre 2023 est aussi l'entrée en scène de Brigitte Macron pour qui le sujet des enfants à l'école prend une grande importance, notamment le port de l'uniforme à l'école. Qui a plus d'impact à déclencher des polémiques que de remettre les élèves à niveau. Toujours est-il que ce 9 novembre, avec Élisabeth Borne et Gabriel Attal, ils se sont rendus dans un collège à Paris, à l'occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école. Puis, dans l'après-midi, laissant Élisabeth Borne, c'est avec Olena Zelenska, l'épouse du président ukrainien, qu'ils se sont rendus dans une école parisienne accueillant des enfants ukrainiens. Et le 15 novembre, c'est une visite dans une école de Berne en Suisse, "elle a frappé professeurs et élèves par sa disponibilité et son intérêt pour les questions éducatives."

Mais après l'intérêt de Brigitte Macron "pour les questions éducatives", que se passe-t-il ? Qu'en est-il du programme scolaire proprement dit ? Que fait-on après ce qui s'est passé pendant le Covid, concernant les décrochages et les enfants harcelés par les mesures dites sanitaires, cet autre harcèlement mis sous le tapis (?), avec tests PCR incessants, masques et gel hydroalcoolique qui à force brûle les mains ? Qu'en est-il de cette question fondamentale laissée en suspens : à quoi sert l'école ? Qui permettrait d'ensuite répondre à cette autre question qui en découle : qu'y apprend-on ?

Qui me fait m'interroger sur le renforcement de cette "éducation sexuelle" à l'école, et plus particulièrement dans le primaire, dès cinq ans. En quoi cela consiste-t-il d'éduquer sexuellement un élève ? Est-ce que la sexualité, l'intimité donc, peut-elle être inculquée, de surcroît par un enseignant ? Quel est le but recherché ? Va-t-il de pair avec l'instruction qui devrait être dispensée à l'école ? Que comprendre de ce qu'annonce le site du ministère de l'Education nationale : "Contribuant à préparer les élèves à leur vie d'adulte, l'éducation à la sexualité se fonde sur les valeurs d’égalité, de tolérance, de respect de soi et d'autrui. Elle veille à garantir le respect des consciences, du droit à l'intimité et de la vie privée de chacun" ? Est-ce le rôle de l'école ? Ne sortons-nous pas non plus de la fonction scolaire avec notamment cette loi Evras, qui "vise à accompagner les enfants dans le développement de leur vie relationnelle, affective et sexuelle", qui serait une mission de l'enseignement obligatoire !

N'est-ce pas l'éducation civique qui elle a sa place à lécole, et se fonde sur les valeurs d’égalité, de tolérance, de respect de soi et d'autrui. Sans cette intrusion dans l'intime, dont les dérives apparaissent déjà, non au nom d'une "morale", mais sur la place de l'école dans la vie des enfants. L'école n'est pas un cabinet de psy. L'école n'est pas la vie privée. Le rapport entre l'enseignant et l'élève n'est pas d'ordre privé. N'en déplaise à Brigitte Macron ! Comment ignorer qu'avec des cours d'éducation sexuelle, cette ligne est franchie ?

Quand on apprend que l’illettrisme devient courant à l'école ! Qui fait comprendre qu'être scolarisé ne signifie pas avoir appris à lire et à écrire. Qui ferait implicitement révéler que l'école ne sert pas à apprendre à lire et à écrire. N'est-ce pas absurde ? À l'inverse, peut-on supposer que l'école fabrique désormais des illettrés ? Même des bacheliers illettrés ? Quel avenir pour ces illettrés ?

Espère-t-on ainsi que l'intelligence artificielle va compenser cet état de fait ? N'est-ce pas un boulevard qui lui est ainsi créée ? Peut-on réfléchir quand on ne sait ni lire ni écrire ? Le savoir sera-t-il réservé à une minorité ? Un pays constitué d'une population en majorité illettrée peut-il être une démocratie ?

Nous n'en serions pas là. La France n'est-elle pas encore une démocratie ? Preuve en est, les désirs de référendums de Macron. Qui seraient contrariés "faute d'un consensus politique". Car si ce repas du 17 novembre 2023 à Saint-Denis réunissant les chefs des partis autour d'Emmanuel Macron ne l'avait pas empêché, il y aurait eu probablement un référendum sur l'immigration... N'est-ce pas ce que l'on pourrait comprendre ?

En revanche, Anne Hidalgo à Paris récidive ce 15 novembre 2023. Un nouveau référendum est en cours concernant cette fois-ci la taxation du stationnement des SUV (Sport Utility Vehicles) dans la capitale. En avril 2023, seuls 7,46 % des Parisiens s'étaient déplacés sur son "référendum" sur les trottinettes, ce qui l'a quand même fait décider de leur suppression.

Nous ne sommes plus seulement à assister à une comédie de la démocratie, avec effets d'annonce, promesses non tenues, même inversion de ce qui a été promis, états d'urgence et 49.3, ainsi banalisés par Macron, mais à voir comment l'on peut se servir d'un outil démocratique, le référendum, pour imposer de force des mesures au mieux inadaptées, voire stupides.

Que de mesures inadaptées et stupides qui s'empilent ainsi ! Qui feront que l'intelligence de nouveau au pouvoir sera de savoir les retirer, plus que de mettre en place de nouvelles mesures. À savoir faire s'arrêter ce qui non seulement ne fonctionne pas, mais est néfaste pour un pays. Qu'il soit même décidé d'une trêve ! Je ne parle pas de cette trêve hivernale, celle qui a débuté ce 1er novembre et qui protège les locataires de l'expulsion quand il y eu un record d'expulsions en 2022, tellement les Français s'appauvrissent et ne peuvent plus payer leur loyer.

Ce ne sont pas les décorations de Noël qu'il s'agit d'avancer en novembre en vue d'un opportunisme commercial au résultat peu probant, mais bien la trêve des confiseurs ; cette pause politique dont l'origine remonte à décembre 1874, en vue de l'élaboration d'un article de la Constitution. Une pause se situant entre Noël et le 1er de l'An. Qu'il s'agirait d'avancer et d'étendre, quand chaque mesure actuelle prise accentue la déconstruction de la souveraineté de la France, du peuple souverain. Donc de notre indépendance économique et culturelle. Une Destruction en marche.

Ces tirs incessants de nouvelles réformes. Même quand parfois c'est la surprise de se retrouver d'accord avec Macron, quand il se met à défendre la langue française à Villers-Cotterêts — cet autre chantier de sa présidence — et même à faire interdire le point médian de l'écriture inclusive... Qui donnera sans doute l'inverse, comme pour la réforme des retraites qui ne devait pas être ? Qui met dans l'impossibilité d'être d'accord, puisque ce qui est dit un jour, le lendemain n'est plus. Qui assurément renforce ce désir de voir mon pays renouer avec une vraie gouvernance.

Je n'ai pas besoin de m'y prendre en avance dès novembre pour savoir ce que je vais mettre sur ma liste de souhaits au Père Noël. Ce même désir qui ne change pas. D'assister à la trêve politique de Macron. Une longue trêve même. Jusqu'à ce que les pendules d'un pays libre et souverain soient remises à l'heure.

Laurence Waki est écrivain et philosophe. Retrouvez ses textes sur son site Internet

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