Véran : le dérapage et le camouflet

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Alain Tranchant, pour FranceSoir
Publié le 04 janvier 2022 - 15:36
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L'Avis Tranchant d'Alain
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"Mais dans quel monde allons-nous vivre ? Ça, c'est une société totalitaire, une société autoritaire !" Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 3 janvier 2022.
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CHRONIQUE — Après Lino Ventura et Françoise Fabian, qui étaient les vedettes de "La bonne année" sur France 5, il fallait être présent hier soir sur La Chaîne Parlementaire entre 22 h 45 et minuit. Là, c'est Olivier Véran qui jouait le premier rôle, avec bien moins de talent cela étant...

L'Assemblée nationale avait débuté, dans l'après-midi, la discussion du projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal. Sans avoir assisté à l'ensemble de la séance, il me semblait déjà qu'il y avait de grands absents dans le débat. Nous étions en pleine discussion franco-française, comme si cette pandémie n'était pas une pandémie mondiale, comme si cette pandémie n'était pas finie dans de nombreuses régions de la planète, comme si le Covid-19 et ses variants successifs n'avaient pas été maîtrisés par la prise en charge et le soin apporté au malade (ne serait-ce que du côté de Marseille ), comme s'il n'y avait pas d'autre solution que l'imploration du dieu "vaccin".

Il me revenait à l'esprit cette formule du grand acteur d'un grand conflit, Charles de Gaulle, disant qu'en 1940, il aurait fallu mettre une mappemonde sous les yeux du commandement français, afin que cet état-major prenne conscience que la France disposait d'un vaste empire et que, d'autre part, des forces immenses n'étaient pas encore intervenues dans cette guerre, qui était une guerre mondiale.

Comme à l'accoutumée, Jean-Luc Mélenchon avait fait étalage de ses incontestables qualités de tribun dans l'enceinte du Palais Bourbon : "Voici maintenant que les gens qui travaillent dans les bars et restaurants vont contrôler l'identité. Mais dans quel monde allons-nous vivre ? Ça, c'est une société totalitaire, une société autoritaire !"

Livré à lui-même au banc du gouvernement, et dans un hémicycle où il s'était déjà illustré par son "Sortez d'ici !" lancé à un représentant de la nation, M. Véran écoutait les interventions des députés soutenant les amendements présentés dans le but de questionner le gouvernement, et systématiquement repoussés par une majorité au garde-à-vous.

Les questions gênantes n'appelaient pas de réponse, sinon la ritournelle de l'homme qui a "le cuir tanné", quand bien même les perturbateurs osaient revenir pourtant plus que poliment à la charge. Et, tout à coup, Mme Wonner lui donne connaissance des indications très officielles de la VAERS, l'agence de sécurité du médicament américaine, sur les conséquences de la vaccination des enfants aux États-Unis, qui a entraîné 54 décès. Là, le ministre la Santé explose et, ne dissimulant pas son animosité personnelle envers cette députée, se lance dans une violente diatribe, lui indiquant — en substance — qu'heureusement elle était protégée par son statut de parlementaire, sans quoi il la poursuivrait en... diffamation. Par ailleurs, il s'est aussi permis une "boutade" à son encontre, lui faisant brillamment remarquer que "la chloroquine, ça ne se fume pas" :

Mais, revenons sur la diffamation. Terme qui m'a fait sursauter. Peut-on, en ces temps d'amateurisme politique, être ministre de la République française et ne pas savoir ce qu'est la diffamation ? Je me rassure aussitôt. Rien de plus naturel. L'homme avait déjà explosé en entendant que la "vaccination" aurait causé un mort, un seul mort en France. Comme s'il ne savait pas... À ses oreilles, il y a des mots tabous : liberté de prescription des médecins, traitement de la maladie, effets indésirables et décès liés à l'injection miraculeuse. Là, M. Véran charge, tête baissée et mine pâlotte. Et toujours dans le ton "vierge outragée"...

L'Assemblée avançait pas à pas dans la discussion des amendements. Les élus du peuple, réduits à la portion congrue dans cette drôle de "guerre" et cet état d'urgence permanent si commode pour le pouvoir, étaient visiblement heureux de pouvoir s'exprimer. De grandes voix étaient là, et s'en donnaient à cœur joie : Alexis Corbière, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Julien Aubert, par exemple.

Mais le temps passait, et pas moins de 500 amendements devaient encore être discutés avant d'en venir au vote. Covid-19 aidant, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, n'était pas au perchoir. C'est une opposante au gouvernement, Mme Genevard, qui présidait les travaux et, me semble-t-il, équitablement.

Sur le coup de minuit, arguant à fort juste titre qu'un texte aussi liberticide ne devait pas être traité en plein nuit, voire jusqu'à 9 heures du matin, plusieurs voix s'élèvent dans les rangs de l'opposition pour suggérer à la présidente de séance de réunir les présidents de groupes parlementaires.

La séance est alors suspendue quelques minutes. La présidente et les présidents de groupe se retirent pour délibérer. Très vite, la séance reprend, et Annie Genevard demande à l'Assemblée si elle entend poursuivre ses travaux toute la nuit et jusqu'au bout du bout du texte, ou bien si elle souhaite que la discussion soit reportée à une autre séance.

Bien sûr, M. Véran entend aller jusqu'au bout de la nuit et, s'il le faut, aux premières lueurs du 4 janvier. Le vote intervient à mains levées. On voit la présidente compter elle-même les votes "pour" et "contre". Et, surprise, les députés ont voté le report de la discussion. La séance est alors levée. Et le ministre, la mine déconfite, encaisse le choc.

Au fond, je pense sincèrement que les députés lui ont rendu service. Cela va lui donner le temps de réviser sa leçon, car il était en grande difficulté sur certains sujets (le silence tenant lieu de réponse), et de vérifier la signification du mot "diffamation".

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