Attentat à Magnanville : "On ne peut pas comprendre qu'il y ait de telles failles" juge Bruno Beschizza

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 14 juin 2016 - 17:04
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Bruno Beschizza
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©Martin Bureau/AFP
Pour Bruno Beschizza, "il manque quelque chose" pour contrôler les individus connus de la justice et des services de renseignement.
©Martin Bureau/AFP
Secrétaire national à la sécurité au sein du parti Les Républicains, Bruno Beschizza s'insurge auprès de "FranceSoir" que Larossi Abballa ait pu commettre le meurtre de deux policiers malgré son passif. Il plaide donc pour des mesures qui permettraient de retenir de tels individus, critiquant " une ambigüité gouvernementale" et "un système de fous".

"Les vrais gens ne comprennent plus ", réagit pour FranceSoir Bruno Beschizza face aux révélations sur le parcours de Larossi Abballa, meurtrier d'un couple de policiers lundi 13, déjà condamné pour des faits de terrorisme et connu des services de renseignement.

Le secrétaire national à la sécurité au sein du parti Les Républicains veut aussi réagir en élu local, en maire d'Aulnay-sous-Bois et conseiller régional d'Ile-de-France: "Comment voulez-vous que l'opinion publique comprenne que des individus comme lui -condamné en 2013 pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes- soit dehors mi-2016 et puisse librement préparer cet acte. (...) On ne peut pas comprendre qu'il y ait de telles failles".

Selon lui, le gouvernement tient "un discours de vérité courageux" en affirmant que la menace est importante. En revanche il prétend en même temps "assurer la sécurité absolue. C'est là qu'il y a une ambigüité gouvernementale. On ne peut pas annoncer, à chaque fois qu'il y a un incident, une augmentation du nombre de policiers. C'est indirectement faire croire que le niveau de sécurité monterait alors qu'il faut au mieux trois ans pour que ces policiers arrivent sur le terrain".

Que faire face à cette menace? "Il manque quelque chose", répond l'élu. Une mesure pour que "au minimum, dans des cas aussi flagrants, la justice puisse les garder enfermés". "La loi autorise la rétention administrative", poursuit-il, "mais aujourd'hui la rétention de sûreté (prolongation de la peine, NDLR) pour les criminels est prévue pour les personnes qui ont subi une peine d'au moins 15 ans et ne concerne même pas le terrorisme .(...) On est dans un système de fous".

Un difficile exercice entre protection des libertés et sécurité, mais "on ne parle pas d'individus présupposés (radicalisés) mais connus des services de justice et de renseignement. On peut imaginer un système pour que ce nombre restreint d'individus ne se considère pas dans une totale liberté".

"On peut se demander s'il est normal qu'un individu qui en est à 10 ou 15 dossiers judiciaires soit dehors (...). Il n' y a plus de crédibilité de la parole publique", conclut-il.

Quant à l'impacte d'un tel crime: "C'est une étape supplémentaire dans la monstruosité. On veut taper du symbole. Un policier au service des autres -qui en paye le tribut personnel-, on va le suivre où il habite, le tuer lui et sa famille. Pour ce qu'il incarne, pas pour ce qu'il défend, (...) en détruisant un des piliers de la République".

"Le message c'est +on peut vous atteindre partout. Ceux qui vous protègent ne le sont plus chez eux, la loi ne les protège plus+. On est dans un schéma qu'on voit malheureusement sur des théâtres de guerre".

 

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